Madagascar: Insécurité dans la région Menabe - Menace sérieuse contre la crédibilité du régime

Depuis quelques mois, le phénomène touche Morondava ville et les autres chefs-lieux de district.

" Stop insécurité. Stop délestage " ! Les natifs de la région Menabe haussent le ton face à la recrudescence de l'insécurité dans les districts de Morondava, Belo sur Tsiribihina, Miandrivazo, Manja et Mahabo. Cette région a toujours été classée zone rouge en matière d'insécurité mais ces derniers mois, le phénomène est devenu incontrôlable.

Les attaques à main armée, les vols de bovidés perpétrés, les attaques de taxi-brousse et même les vols d'organes sont devenus monnaie courante dans le Menabe, notamment, dans les communes de Mandabe, Beronono et Tsimazava pour le district de Mahabo et Jaodava et Lavaravy pour Morondava et Andimaky pour Belo sur Tsiribihina.

Le taux d'insécurité est particulièrement élevé au niveau de ces localités. Mais depuis quelques mois, le phénomène concerne même Morondava ville et les autres chefs-lieux de district. D'après les explications des natifs du Menabe, les dahalo attaquent par groupe de 40 à 50 et n'hésitent pas à tuer, même les femmes et les enfants.

Supériorité. Joint au téléphone, hier soir, un habitant du district de Mahabo a expliqué que les forces de l'ordre locales sont actuellement dans une situation d'impuissance totale. Non seulement les dahalo sont en supériorité numérique mais il semblerait aussi que leur supériorité est palpable au niveau des armes. À entendre notre interlocuteur, ces derniers dominent le terrain et les forces de l'ordre sont complètement débordées.

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Au début du mandat du président Andry Rajoelina, l'opération militaire organisée dans cette localité a porté ses fruits et a fortement diminué l'insécurité. Face à la situation actuelle, une opération de grande envergure, caractérisée par la mobilisation d'hélicoptères et l'envoi de troupes spécialisés venant de Tana, est de mise dans le Menabe. Il faut pallier le manque d'effectifs.

En effet, d'après les informations, la recrudescence actuelle de l'insécurité dans cette partie Sud-Ouest de Madagascar engendrerait une forte suspicion d'implication de notables et/ou de "gros bonnets". Ici, le conditionnel est de rigueur. Il serait aussi question d'une connivence de certains éléments des forces de l'ordre avec les dahalo. C'est certainement la raison pour laquelle des natifs du Menabe réclament une rotation des gendarmes et des militaires. Ceux qui y ont travaillé depuis trop longtemps devraient être remplacés.

Ultimatum. La balle est, donc désormais, dans le camp des hauts responsables des forces de l'ordre qui sont les seuls habilités à prendre une décision relative au lancement d'une opération militaire. Face à l'insécurité et au délestage, les " zanak'i Menabe " commencent à lancer une contestation contre le président Rajoelina et contre le gouvernement Ntsay.

En effet, la situation actuelle menace sérieusement la crédibilité du régime actuel et risquerait de porter atteinte aux résultats du candidat du Volomboasary lors de la présidentielle de 2023. Faut-il rappeler qu'en 2018, le Menabe a voté majoritairement pour le candidat numéro 13.

À l'issue de leur rencontre qui s'est tenue hier, les natifs du Menabe résidant à Antananarivo ont lancé un ultimatum de 72 heures à l'encontre des tenants du pouvoir et exigent des solutions rapides contre l'insécurité et le délestage. Ils dénoncent aussi le retard du développement dans cette région par rapport aux autres régions de la Grande île. Après ce délai de 72h, les " zanak'i Menabe " menacent de lancer une... " révolution ". À suivre.

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