Sénégal: [Reportage] Actions contre la cherté de la vie - Ce que les populations attendent du nouveau gouvernement

20 Septembre 2022

L'une des priorités du nouveau Gouvernement, nommé samedi, est la lutte contre la cherté de la vie. Les populations n'en attendaient pas moins. Asphyxiées par l'explosion des prix des denrées depuis bientôt un an, elles exhortent les nouveaux membres à l'action pour la stabilité des prix, mais aussi au développement de l'agriculture pour une disponibilité des produits.

Samedi dernier, dans l'après-midi, le Sénégal s'apprêtait à avoir un nouveau Gouvernement après la nomination du Premier ministre Amadou Bâ. L'attente a été encore longue. La composition de la nouvelle équipe cristallisait les attentions et occupait les débats. Devant un atelier de couture à Lansar, Elhadji Mbengue a le téléphone collé à l'oreille. L'homme de 52 ans écoute la radio.

C'est l'une de ses passions. En attendant d'avoir tous les noms des Ministres, il a son mot à dire, des besoins à exprimer. " Le Chef de l'État inscrit parmi ses priorités la lutte contre la cherté de la vie. C'est là où nous l'attendons. Il faut qu'il agisse dans ce sens, car les ménages sont fatigués. Aujourd'hui, nul ne peut assurer les trois repas quotidiens. L'huile, le riz, le sucre... tout est cher. Nous nous attendons à une équipe moins politique, qui travaillera pour l'amélioration des conditions de vie des populations ", souligne le menuisier.

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À quelques mètres, des enfants jouent en courant derrière un ballon et font du bruit. Installé en face de l'autoroute à péage, Youssoupha Fall n'y prête pas attention. Ses doigts égrènent un chapelet. Instituteur à la retraite, il s'offusque contre la hausse constante des prix des denrées. " Le Chef de l'État a listé les efforts du Gouvernement, mais ce n'est pas suffisant. La nouvelle équipe doit tout faire pour soulager les familles. Elles traversent toutes une crise. Il n'y a pas de secret pour qu'il y ait des résultats, il faut que le Gouvernement travaille dur et fasse moins de politique.

C'est ce que nous attendons de la nouvelle équipe ", indique Youssoupha. Ce n'est pas que l'attente des populations, les commerçants aussi veulent vaille que vaille constater une baisse des prix et une disponibilité des denrées. C'est le cas d'Ousseynou, retranché derrière son comptoir. " Le Président de la République a décliné les priorités du Gouvernement parmi lesquelles la lutte contre la cherté de la vie. C'est ce que nous voulons tous. Quand c'est cher, c'est parce que c'est rare. Ainsi, nous, commerçants, peinons à nous approvisionner en produits de qualité. Donc si le Gouvernement parvient à garantir la stabilité des prix, c'est une bonne nouvelle pour tout le monde ", estime le boutiquier.

Développer l'agriculture

Comme la crise est mondiale, l'une des solutions à la cherté de la vie, selon YoussouphaFall, est le développement de l'agriculture. Ainsi, souligne-t-il, on ne va plus dépendre de l'étranger et des fluctuations internationales. " Nous importons presque tout. Donc, on ne peut pas ne pas subir les conséquences de la crise internationale ", considère-t-il. Il préconise un retour à la terre avec d'importants moyens matériels à la disposition des acteurs.

" Il faut que notre système agricole soit renforcé. L'État doit en faire une priorité et mettre les moyens. Seule la souveraineté alimentaire peut nous sauver ", assure Youssoupha. À Poste Thiaroye, l'ambiance monte d'un cran. Des pèlerins revenus de Touba se ruent vers les transports en commun. Pendant ce temps, un petit groupe de personnes âgées discutent sous une tente. Facile d'orienter le débat quand il s'agit d'un sujet qui intéresse tout le monde. Du coup, Assane Gaye liste ses attentes. " Nous voulons un groupe qui travaille et que ses efforts soient ressentis par les populations. Nous ne pouvons plus supporter la montée des prix, car nos moyens sont limités. Tout ce que nous voulons, c'est constater une baisse des prix qui sera à la hauteur du pouvoir d'achat des familles ", exprime-t-il. La seule et unique voie, à ses yeux, est le développement de l'agriculture.

" Retournons à la terre qui faisait vivre nos ancêtres. Ils étaient autonomes et étaient en bonne santé. Nous importons tout. Et ce n'est pas normal. Si nous développons l'agriculture, nous serons à l'aise et le pays va émerger ", crie Assane, sûr de lui. Son camarade est du même avis. " Il parait que certains pays vont arrêter d'exporter du riz parce qu'ils en ont besoin. Donc, il est temps de miser sur sa propre stratégie agricole pour ne pas vivre une catastrophe ", considère Mamadou Mbaye.

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