Madagascar: Recettes publiques - MPME, secteur informel, des niches fiscales à exploiter

DES chiffres éloquents. Qui attestent d'une réalité souterraine difficile à occulter. " Selon l'Organisation internationale du travail, OIT, neuf emplois sur dix à Madagascar sont dans le secteur informel. Qui touche le monde rural à qui vit grâce l'agriculteur et l'élevage mais monte aussi en puissance dans les grandes agglomérations. Dans les secteurs du commerce, tourisme, transports et artisanat. C'est aussi un refuge pour les jeunes en quête d'emplois. Sur les 500 000 qui débarquent chaque année sur le marché du travail, 83% basculent dans l'informel. Dont les activités des 3 millions d'unités de production informelle, UPI, génèrent 26 à 29% du Produit intérieur brut, PIB. Avec un potentiel fiscal de 147,9 milliards d'ariary, soit 36 millions de dollars, sous l'hypothèse que, même ceux qui ne veulent pas payer d'impôt, s'acquittent de la moyenne de 49 527 ariary par an ".

Ce sont des révélations précises rendues publiques hier à la Salle Filao de l'hôtel Ibis d'Ankorondrano, lors de la dissémination de l'étude sur l'environnement des affaires des micros, petites et moyennes entreprises, MPME, et le secteur informel. Une analyse pointue et détaillée, réalisée par le cabinet FTHM Consulting, présentée par Hugo Ramiandrisoa. Avec l'appui financier de la Banque africaine de développement, BAD, représentée au cours de l'Atelier par Dicko Hamaciré, économiste-pays, et devant Florence Andrianaivohery, directrice de cabinet au ministère de l'Économie et des finances, MEF.

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Deux facettes

Le diagnostic a aussi insisté sur le fait que " 96% des entreprises légales sont des MPME, très présentes dans les petits-commerces, la restauration et gargote en tous genres, multimédias et informatiques, et l'artisanat. Les MPME peuvent générer des produits fiscaux de 542 milliards d'ariary par an, soit 136 millions de dollars. Ce qui est assez pour financer la mise en œuvre de la stratégie s'étalant sur plusieurs axes de réflexion et de multiples recommandations. Pour une durée de cinq ans, le budget y afférent est estimé à 13 millions de dollars " soutient Hugo Ramiandrisoa dans sa longue intervention.

L'objectif à atteindre est à deux facettes. Améliorer les performances des MPME et ramener les activités économiques et financières du secteur informel vers le circuit légal. Pour augmenter la contribution du taux de pression fiscale sur le PIB. À peine 12% dans les meilleurs des cas, loin du seuil des 20% au moins, des Objectifs du développement durable, ODD, des Nations unies. Une faiblesse des ressources financières internes qui conduit l'État aux portes des bailleurs de fonds pour les prêts à taux concessionnels, à rembourser sur le long terme. Assortis des conditionnalités usuelles. La direction générale des impôts, DGI, passe aux réformes par la simplification des formalités fiscales, la digitalisation de ses services, et la sensibilisation au civisme fiscal des citoyens.

Tout en félicitant les travaux effectués, Thierry Rajaona, président du Groupement des entreprises de Madagascar, a émis, en aparté avec des journalistes, deux réserves. " D'abord, les taux d'intérêt des établissements de micro finance, entre 30 et 40%, deviennent des boulets pour l'exploitation des unités de production industrielle qui ne réalisent qu'une marge de 10 à 12%. Seuls les commerces peuvent réaliser des bénéfices à 100% mais l'économie ne peut s'épanouir avec cette propension au mercantilisme.

Seules les transformations des matières premières en produits finis peuvent apporter de la valeur ajoutée à l'économie " a-t-il déploré. Avant de soulever " l'existence de l'informel dans le formel. Des entreprises échappent au fisc. Les recettes fiscales augmentent en valeur absolue mais n'apportent que 2% de plus au PIB ". Il entend rencontrer des hauts responsables pour le projet de loi de finances initiale 2023. Ce, après la consultation continue avec la Direction générale des douanes et des impôts. Dans le cadre du dialogue public-privé, DPP.

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