L'organe liquide constitué de globules rouges, de cellules immunitaires et de plaquettes sanguines baignés dans le plasma sanguin et servant à l'oxygénation du corps animal ou humain, telle est la définition du sang. Dans la culture malgache, ce liquide a une importance capitale, le fihavanana. Selon les sources orales, des clans et des ethnies se tranchent avec un roseau dans leurs mains, ensuite, se serrent les poignées en espérant introduire le plasma sanguin de chacun dans le corps. Après cet acte, les deux individus deviennent des frères. " le fati-dra est sacré, une fois qu'on le pratique, on ne peut plus faire du mal à celui à qui on a donné son sang ", explique la sociologue Reny Heritiana.
Alliance interethnique et amitié, incitent les malgaches à faire ce rituel. Le fati-dra renforce les liens, c'est un engagement. Actuellement, il ne se pratique presque plus surtout dans les zones urbaines, étant donné la propagation des syndromes humains caractéristiques de plusieurs maladies relevant d'un déficit immunitaire de l'organisme. Cependant, transfuser le sang n'est pas dans la culture. Beaucoup de citoyens considèrent le fati-dra comme une légende urbaine. Alors, rares sont ceux qui se rendent à l'hôpital pour laisser quelques centilitres dans une poche. Néanmoins, la philosophie du fati-dra semble ancrée dans la pensée des Malgaches à travers les dons de sang dans les hôpitaux. Car, celui qui donne son sang, donne la vie. Certes, les donneurs sont minoritaires, mais ces courageux ont su garder l'importance du fati-dra, à leur manière. Un rituel modernisé !
Le sang... ça se vend. Pour inciter les personnes à donner leur sang, des hôpitaux des grandes villes de la Grande-ile ont trouvé une solution, l'achat. Dans ce cas, ce ne sont plus des donneurs, mais des vendeurs en micro détail. La "transaction" s'effectue chaque mercredi dans certaines cliniques. Ironie, des hommes efflanqués grossissent les rangs. L'acheteur donne de l'argent aux livreurs. Vendre du sang, c'est rester en vie dans un monde martelé par la crise.