Ethiopie: Addis-Abeba et les rebelles tigréens parviendront-ils à mener des négociations de paix ?

Dans la perspective des pourparlers de paix destinés à mettre fin à près de deux ans de conflit armé dans le nord du pays, les autorités rebelles du Tigré se sont déclarées prêtes à participer à des discussions dirigées par l'Union africaine (UA). Cependant, le gouvernement éthiopien qui n'a pas répondu publiquement à cette ouverture s'est contenté de dire qu'il restait " engagé " dans ce processus. Reste à savoir si les belligérants dans la crise éthiopienne vont parvenir à s'asseoir sur la même table pour régler le différend qui les oppose.

La décision des rebelles tigréens de dialoguer avec le pouvoir est intervenue au moment où les efforts diplomatiques se multiplient pour trouver une solution pacifique au conflit, soit après que la reprise des combats le mois dernier a brisé une trêve établie en mars dernier. Le gouvernement éthiopien insistait depuis longtemps sur le fait que tout processus de paix devait être négocié sous l'égide de l'UA, dont le siège est à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne.

Réagissant à l'annonce faite par les rebelles de participer à des négociations, sous les auspices de l'organisation panafricaine, une option qu'ils avaient jusqu'alors rejetée, le gouvernement fédéral, par la voix du vice-Premier ministre éthiopien et ministre des Affaires étrangères, Demeke Mekonnen, s'en est félicité tout en espérant que " l'Union européenne soutiendra les efforts visant à mettre pacifiquement un terme au conflit ".

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L'engagement pris par les deux parties a été salué par l'organisation panafricaine comme une " opportunité unique ". Hors d'Afrique, la communauté internationale a, dans la foulée, exhorté les belligérants à saisir cette " opportunité " de paix. Fort malheureusement, l'inquiétude des observateurs est " grandissante au sujet des combats " qui persistent dans le nord de l'Ethiopie. " Nous sommes de plus en plus préoccupés par l'activité militaire croissante dans le nord de l'Ethiopie. Nous condamnons fermement la reprise des hostilités ", a déclaré, par exemple, le porte-parole du département d'Etat américain, Ned Price. " Ces actions ne sont pas alignées avec la volonté affichée du gouvernement éthiopien et des autorités régionales tigréennes " rebelles de mener des pourparlers de paix, a-t-il fait remarquer.

Les mouvements de troupes érythréennes enflamment la situation

Les combats se poursuivent, alors que l'émissaire américain dans la Corne de l'Afrique, Mike Hammer, qui s'est rendu dans la région pendant deux semaines et s'est entretenu avec le gouvernement éthiopien, les rebelles tigréens ainsi qu'avec les diplomates des Nations unies et de l'UA, a appelé à " une cessation immédiate des offensives militaires et à la poursuite des négociations " de paix engagées à travers l'UA. Mike Hammer pense que la " présence de troupes érythréennes " au Tigré " enflamme une situation déjà tragique " dans cette région du nord de l'Éthiopie en guerre depuis près de deux ans. " Nous avons suivi des mouvements de troupes érythréennes de l'autre côté de la frontière (au Tigré, ndlr) " et " nous les condamnons ", a-t-il déclaré.

Les derniers pilonnages se sont soldés par la mort de plusieurs personnes dans des frappes aériennes sur la capitale de la région dissidente du Tigré, selon des médecins. Une information qui a été donnée après que les autorités rebelles ont ouvert la porte à des négociations de paix avec le gouvernement éthiopien. Quant au nombre réel de morts de cette guerre qui ravage le nord de l'Éthiopie depuis près de deux ans, il est toujours inconnu. Les rebelles tigréens du Front de libération du peuple du Tigré accusent " les forces éthiopiennes et leurs alliés érythréens " d'avoir mené ces bombardements, estimant que " le régime d'Abiy Ahmed continue de s'opposer à toute solution pacifique à travers des démonstrations de force et des raids aériens " meurtriers.

La crise actuelle risque de prendre de l'ampleur puisque les autorités érythréennes ont décrété une mobilisation de leurs forces armées en réponse à la reprise des combats dans le nord de l'Éthiopie, selon les services diplomatiques britanniques et canadiens. Les gouvernements canadien et britannique ont, en effet, dans des conseils aux voyageurs rendus publics la semaine dernière, averti leurs ressortissants en Érythrée de limiter leurs déplacements suite à l'appel à la mobilisation. " Les autorités locales ont lancé un appel général à la mobilisation des forces armées en réponse au conflit dans le nord de l'Éthiopie ", a déclaré le gouvernement canadien, précisant que des " mesures de sécurité supplémentaires pourraient être imposées à court terme dans tout le pays ". Quant à l'avis britannique, il révèle que l'annonce érythréenne appelle le peuple à " faire preuve d'une vigilance accrue à l'heure actuelle ".

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