Madagascar: Tandroy - La voix se transmet par voie génétique

Le Sud ce n'est pas uniquement le kere ! La région est le fief d'un patrimoine immatériel inébranlable. Le Sud c'est la danse, la musique, les paroles engagées. Une région riche en culture... . Chaque génération, à Madagascar, a été bercée par une voix venant de la formation d'Androy. Vaovy, Vilon'Androy, Tearano, Tinondia, tous ont réalisé de belles prestations lors des concerts. Ces vocales résonnent jusqu'à l'extérieur. Bon nombre de personnes se posent la question, le climat favorise t-il cette puissance vocale ? Est-ce le régime alimentaire ? Des questions assaillent les malgaches. Et chacun a sa version. Certains disent que les raketa, les plantes dites xérophytes qui stockent dans leurs tissus des réserves de suc pour faire face aux longues périodes de sécheresse, sont la formule efficace. Mais, le chanteur Tsimihole n'est pas de cet avis. " Non, ce n'est pas le raketa qui contribue à la puissance vocale, en fait c'est génétique.

Lorsque j'étais à l'Université, on m'a dit que les originaires du Sud ont les plus belles voix à Madagascar. J'ai pas fait attention à ce qu'il me disait... Je passais mes vacances dans le Sud. J'ai visité la campagne. Je regardais les personnes autour de moi, leur mode de vie. La plupart du temps, ils chantent durant 30 minutes sans détonner leur voix.

C'est là que j'ai pensé à ce que disait le monsieur quand j'étais à Ankatso." Effectivement, la vie quotidienne de la région a un rapport avec le domaine artistique. Le rituel, la coutume ont toujours un rapport avec l'art. La danse, le chant sont étroitement liés avec les mœurs.

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Rituel. Dès qu'un enfant naît, chez les Tandroy, son talent sera détecté. Selon l'historienne spécialiste en danse tandroy, Michèle Ange Ralaiheilinarivony " quand l'enfant bouge beaucoup, c'est qu'il sera un danseur. Mais s´il pleure, il sera un bon chanteur ". Dès lors, un rituel est pratiqué pour que la progéniture suive la voie indiquée par les aïeux. " En effet, il y a des entretiens à faire. C'est pour le vocal. Pour les musiciens, on sacrifie un zébu, et le sang est versé sur le Marovany ", a encore expliqué le chanteur Tsimihole. La zone rurale a cette tradition, mais qu'en est-il des artistes de la musique urbaine?

La musique urbaine, le rite de passage, est à l'église. Les artistes urbains ont également leur passage obligé, le FLM, l'Église luthérienne de Madagascar. Presque toutes les stars de la partie australe de la Grande Ile notamment, Vaovy, Tsimihole, Tinondia ont été membres de la chorale de cet établissement. Selon les sources, ce sont les américains qui ont édifié cette église vers la fin des années 1950. À part prêcher les bonnes paroles, ces américains étaient également des dénicheurs de talent. Alors, ils ont formé des jeunes tandroy.

" Ces américains sont convaincus que les jeunes de cette région ont des voix exceptionnelles. En plus, ils ont inculqué l'esprit gospel ". Formés par le FLM, ils deviennent incontournables sur la scène musicale malgache. En somme, manger du raketa pour avoir une voix mélodieuse, c'est faux. Ce n'est qu'une légende urbaine racontée par des chœurs des rues de la capitale, des personnes qui n'ont jamais mis leurs pieds dans la région. Pour les Tandroy, la voix se transmet par voie génétique.

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