Madagascar: Préparatifs des élections - L'UE plaide en faveur du suivi des financements de campagnes

Le dossier relatif aux recommandations émises par la mission de suivi des observations électorales de l'Union européenne ne sera pas une affaire classée. Isabelle Delattre va plaider en sa faveur. Le ton est donné. Au cours de sa première rencontre avec la presse, Isabelle Delattre, dotée d'une maîtrise des dossiers et non pas du genre à arrondir les angles, a choisi d'être tranchante sur les différentes lignes défendues par l'Union européenne concernant les sujets qui font jaser dans le pays en matière de relation bilatérale et de coopération. Concernant les élections, la nouvelle ambassadrice a affirmé que " les recommandations émises par la mission d'observation électorale de l'Union européenne, que les autorités ont déjà entériné, doivent être suivies des faits ".

Elle l'a martelé, hier à Ankorondrano, devant la presse. " Nous allons travailler dans ce sens ", poursuit-elle. Elle a évoqué le rapport de suivi qui a été récemment publié par cette mission de suivi des observations électorales dépêchée par Bruxelles, laquelle est pourtant " indépendante " d'un point de vue hiérarchique avec la commission européenne souligne toujours Isabelle Delattre, pour mettre l'accent sur les priorités que son équipe va défendre en matière de préparatifs des élections futures, notamment, entre autres, sur " l'autonomie financière de la commission électorale, le suivi effectif des financements des campagnes électorales et le respect de la liberté d'expression et de la liberté de la presse ".

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Financements de campagne. Sur ces points qui ont été largement soulevés par le document de suivi, l'ambassadrice se veut être intraitable même si elle reconnaît, toutefois, que " c'est impossible de mettre en œuvre toutes les recommandations en un an "." Il faut être réaliste ", dit-elle. Mais pas pour autant camper dans l'immobilisme, car Isabelle Delattre connaît bien son sujet en ayant piloté depuis Bruxelles, pendant quatre ans, les dossiers de coopération de l'Union européenne pour l'Afrique australe et l'océan Indien.

" Il faut identifier ce qui peut être réalisé avant la tenue des élections comme, par exemple, le mécanisme de suivi des financements des campagnes ", exhorte-t-elle. L'Union européenne veut, en effet, que les recommandations réitérées dans le rapport de suivi des observateurs européens pour améliorer la crédibilité du processus électoral soient mises en œuvre. Et, à en croire les propos de la nouvelle ambassadrice, la représentation de Bruxelles va maintenir sa vigilance sur les moindres écarts par rapport à ces " principes ". Et " si nous avons des signes de violation des principes fondamentaux au cours du processus ", selon Isabelle Delattre, la nouvelle cheffe de l'équipe locale de l'Union européenne qui ne compte pas rester les bras croisés.

Danger. Isabelle Delattre a aussi entamé sa rencontre, hier avec la presse, sur le sujet brûlant de la crise russo-ukrainienne et aborde la position de " neutralité " prise par Madagascar. Dans cette guerre, " il ne s'agit pas de choisir un camp, mais il s'agit de choisir la paix ", soutient la nouvelle ambassadrice qui voit dans la " neutralité " un " danger pour la paix mondiale ". C'est pour cette raison que la diplomate va " insister pour la défense des valeurs universelles et mobiliser pour mettre un coup d'arrêt à cette agression russe en Ukraine ".

Et elle a affirmé, hier, qu'elle avait " fait passer le message aux interlocuteurs malgaches ", après les différentes rencontres qu'elle avait eues depuis ces trois semaines depuis son arrivée au pays. Et même si la partie malgache refuse de s'aligner à la position de l'Union européenne sur cette guerre en Ukraine,cette dernière compte " garder ouvert les canaux de communication sur ce sujet ", persiste Isabelle Delattre.

325 millions d'euros. La nouvelle ambassadrice de l'Union européenne a passé en revue les sujets qui ont animé la coopération de Bruxelles avec Madagascar, notamment sur les domaines de l'aide au développement à laquelle une enveloppe de 325 millions d'euros est donnée par l'Union européenne pour 2021-2024, dont 150 millions est déjà adoptée pour cette année. Les priorités, selon toujours Isabelle Delattre, sont portées sur la promotion de la redevabilité des actions publiques avec 41 millions d'euros alloués, la santé 32,5 millions euros, l'environnement et l'agriculture 50 millions d'euros et l'énergie avec 22 millions dédiés. Pour 2023, l'ambassadrice a affirmé que l'éducation et la biodiversité seront les axes prioritaires des aides apportées par Bruxelles.

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