Algérie: La bataille d'El Djorf - Un moment phare dans l'histoire de la guerre de libération

Tebessa — Surnommée par les historiens et les moudjahidine "mère des batailles", la bataille d'El Djorf (22-29 septembre 1955) est l'une des plus grandes et plus importantes batailles signées par de grands dirigeants de l'Armée de libération nationale (ALN).

Cette épopée qui commémore cette année son 67e anniversaire, constitue un moment phare de la Guerre de libération à laquelle avaient pris part d'éminents dirigeants révolutionnaires dans la première Région militaire, engagés sur la voie du recouvrement de la souveraineté nationale, comme Bachir Chihani, Abbas Laghrour, Adjel Adjoul, Cheriet Lazhar, El Ouardi Guetal, Ferhi Saï, Mohamed Benadjroud, Ammar Brik, Omar Boukassi, Laid Saï et Zine Abbad.

"La mère des batailles" a réussi à remettre en cause l'idée de "la France coloniale imbattable", mais également à internationaliser la cause algérienne à travers son inscription, en 1955, à l'ordre du jour de la Conférence de Bandung en Indonésie.

Gravée à jamais dans l'histoire, la bataille d'El Djorf est considérée, par les historiens, comme étant l'une des plus intenses batailles ayant marqué la Guerre de libération nationale, durant laquelle les révolutionnaires ont infligé au colonisateur français de grosses pertes matérielles et des préjudices moraux indélébiles.

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En dépit du relief ardu de Djebel El Djorf, une montagne rocheuse dans une zone vulnérable aux raids aériens, les moudjahidine de l'ALN ont réussi, sous la direction des héros de la révolution, à réaliser un acquis important à la faveur d'une stratégie bien ficelée, un plan bien établi et une coordination totale entre les parties prenantes, a affirmé le professeur en Histoire à l'université Larbi Tebessi, Farid Nasrallah.

De par sa localisation géographique, la wilaya frontalière de Tébessa a été le théâtre de plusieurs évènements, dont les batailles d'El Djorf, d'Oum Kmakem et de Djebel Labyadh, a-t-il rappelé, ajoutant que la grande bataille d'El Djorf demeure la principale compte tenu des résultats obtenus.

Enseignant spécialisé dans l'histoire contemporaine de l'Algérie dans la même université, Ahmed Chenti a indiqué que la grande bataille d'El Djorf avait brouillé les cartes du colonialisme français qui a subi une cuisante défaite, et a contribué à l'internationalisation de la cause algérienne aux Nations-Unies et dans les fora internationaux.

Cette halte historique dont la stratégie est toujours enseignée dans les grandes écoles militaires de par le monde et en dépit de la grande disparité entre les deux côtés algérien et français en termes de matériels et d'effectif, a permis de renforcer la position algérienne dans son droit à l'autodétermination et au recouvrement de sa souveraineté.

Tactique habile et victoire remportée

Selon le récit de l'un des héros de cette bataille, le défunt moudjahid El Ouardi Guetal (1925-2018), rapporté dans ses mémoires écrites par l'écrivain Tayeb Abadlia, la grande épopée d'El Djorf "a reflété la coordination étroite et la cohésion entre les révolutionnaires et les chefs dont les ordres ont été suivis à la lettre sous la conduite du chahid Chihani Bachir".

"Cette bataille était un tournant important dans l'histoire de la révolution algérienne. Elle a marqué les efforts consentis par le commandant le chahid Chihani Bachir dans l'organisation de l'action révolutionnaire dans la Zone militaire I, Aurès Nemamcha", a-t-il indiqué.

Après une semaine de longs combats, la bataille a fait entre 600 et 700 morts parmi les soldats de l'armée française qui a subi des lourds dégâts en armes et matériels de guerre contre 170 martyrs parmi les rangs de l'Armée de libération nationale (ALN), a-t-il ajouté.

Evoquant le parcours du défunt moudjahid, Mohamed Hassane dit "Hama", l'un des artisans de cette épopée, l'écrivain M. Tariq Aziz Ferhani a souligné qu'elle était le fruit d'efforts collectifs consentis par plusieurs chefs et moudjahid volontaires depuis les premiers mois du déclenchement de la glorieuse guerre de libération nationale en quête de liberté et indépendance.

"La victoire réalisée à l'époque a permis aux moudjahidine de définir les points faibles de l'ennemi et ses méthodes de combat contre les moudjahidine. Ils ont causé des dégâts et des pertes importants", a-t-il dit.

Dans le même sillage, le secrétaire de wilaya de l'Organisation nationale des moudjahidine, Mohamed Chérif Douafiya a estimé que la bataille d'El-Djorf "était l'une des plus fortes batailles des braves moudjahidine contre le colonisateur". "Il s'agit d'une étape historique des plus importantes au regard de sa bonne préparation à partir de la réunion de "Ras Tarfa". Elle a duré 8 jours et réalisé des résultats au niveau national et international.

Des moudjahidine et des historiens à Tébessa réitèrent leur revendication de donner davantage d'importance à l'histoire révolutionnaire de cette wilaya qui a donné des milliers de ses meilleurs enfants pour recouvrer la souveraineté nationale".

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