Madagascar: BIANCO - Recrudescence des détournements de deniers publics

Le sentiment de devoir accompli est palpable au niveau du Bureau national anti-corruption, et plus que le regret, malgré les contraintes qui ont pu persister durant ses activités de l'année dernière si l'on en croit le rapport qu'ils ont présenté hier.

Autosatisfaction. Malgré les efforts qu'il faut encore fournir en matière de lutte contre la corruption, le Directeur général du Bureau Indépendant Anti-Corruption (Bianco), Laza Eric Donat Andrianiriana, a dressé un tableau plutôt positif pour l'année écoulée. En énumérant les principales réalisations de son organe, le numéro 1 du Bianco n'a pas manqué les mots pour vanter les exploits qu'ils ont fournis durant l'année 2021. Néanmoins, il a tenu à souligner que dans certains départements, la recrudescence de détournement de deniers publics s'avère encore remarquable. Durant le rapport d'activité du Bianco présenté hier à Ambohibao, il a été ainsi souligné que des cas de détournement de deniers publics ont mis des départements au premier rang, dans la liste des ceux qui sont les plus corrompus.

Comme à l'accoutumé, ces dernières années, ce sont les mêmes départements qui se trouvent en haut de tableau dans le classement de cas de corruption présenté par le Bureau indépendant anti-corruption. En l'occurrence, les Collectivités Territoriales Décentralisée (CTD) sont en tête de liste avec 659 doléances, suivies de près par le ministère de la Justice qui enregistre un chiffre de 408 doléances et après par la Gendarmerie nationale avec 255 doléances. Le premier rang occupé par les collectivités territoriales décentralisées s'explique par la multiplication des cas de détournement de fonds publics durant l'année 2021 si on s'en tient aux explications de Laza Andrianirina. Pour rappel, la Cour des comptes a déploré des cas de suspicion de détournement durant la gestion de financement de lutte contre la Covid-19.

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Doléances. Des améliorations dans la qualité des doléances ont, également, été soulignées malgré une petite baisse dans le nombre par rapport à l'année 2020. Il a été ainsi indiqué que, durant l'année 2021, le Bianco a reçu 3 504 doléances contre 3 772 en 2020, soit une baisse de 7%. Il est à signaler que 196 doléances ont été reçues via la plateforme de dénonciation en ligne " i-toroka ", correspondant à un taux de 5,5% du total des doléances reçues au titre de l'année 2021. Et pour la qualité, une nette amélioration a été indiquée, " une amélioration de la qualité des doléances reçues a été observée eu égard au nombre de doléances délibérées " investigables " en 2021 qui est au nombre de 1 188, soit un taux d'investigabilité de 34% par rapport au nombre de doléances reçues, contre 23%, soit 881 en 2020. Cette hausse de 11% de taux d'investigabilité est principalement due à une meilleure compréhension des infractions de corruption et assimilées par le public suite aux différentes activités d'éducation et de communication menées directement par les éducateurs et préventeurs du BIANCO, ou tenues par ses partenaires et organes relais dans le cadre de la mise en œuvre du MOFF ", souligne le rapport publié par le Bianco.

Résultats. Les responsables du Bianco et l'assistant durant l'événement d'hier sont divisés sur l'inexistence ou l'existence des résultats concrets enregistrés durant cette année écoulée. Toutefois, il a été indiqué dans le rapport que les enquêtes menées ont abouti à la transmission de 420 dossiers aux juridictions compétentes au cours de l'année 2021, soit 35% des cas investigables contre 20% correspondant aux 184 procès-verbaux (PV) transmis en 2020. Cette augmentation de 15% des PV transmis par rapport aux cas investigables pourrait s'expliquer par le renforcement des missions d'encadrement managérial effectuées par la Direction générale au profit des 06 Directions Territoriales. Au cours de cette même année, 1 463 personnes soupçonnées ont fait l'objet d'enquête contre 624 en 2020.

En réaction aux questions posées durant cette présentation d'hier, le Directeur général du Bianco a voulu rester prudent. Il a ainsi souligné que l'essor de la lutte contre la corruption dépend de l'engagement collectif sans oublier les petits gestes quotidiens qui restent très importants. Et sur le sort des élections à venir, Laza Andrianirina remet le bon déroulement du processus sur la collaboration entre le public et le privé dans le cadre du Système de Management Anti-Corruption ou SMAC.

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