Ethiopie: Prise en compte de l'agroécologie à la COP27 - " L'appel d'Addis Abeba " de la société civile africaine

24 Septembre 2022

Les organisations de la société civile africaine, réunies sous le leadership de l'Alliance pour la souveraineté alimentaire en Afrique (AFSA en anglais), du 19 au 21 septembre 2022 à Addis-Abeba en Éthiopie, pour discuter de la " Feuille de route de l'Afrique " en matière d'adaptation, de résilience et d'atténuation des effets du changement climatique ont clos leurs travaux par un " appel à la COP27 de placer l'agroécologie au centre de l'adaptation de l'Afrique au climat ".

" Nous demandons à la COP27 de placer l'agroécologie au centre de l'adaptation de l'Afrique au climat, en créant une résilience pour les petits agriculteurs, les pêcheurs, les éleveurs et les communautés autochtones d'Afrique et leurs systèmes alimentaires ". Cette déclaration résume la position de la société civile africaine, à l'issue de la conférence continentale sur le thème : " Feuille de route de l'Afrique pour l'adaptation et l'atténuation à travers l'agroécologie : clarifier la position de l'Afrique pour la COP27 ", du 19 au 21 septembre 2022, à Addis-Abeba, en Éthiopie.

Le coordonnateur général de AFSA, Dr Million Belay : " Le bilan de cette conférence est positif, car c'est la première fois que les acteurs africains se réunissent pour parler agroécologie et décider d'une seule voix pour aller à la COP27 ". © : Mahamadi Sebogo pour Sidwaya.info

Organisée sous l'égide de Alliance for food sovereignty in Africa (AFSA) ou l'Alliance pour la souveraineté alimentaire en Afrique, en collaboration avec le Consortium pour le changement climatique en Ethiopie (CCC-E), la rencontre a réuni plus de 170 personnes issues d'organisations représentatives de jeunes, femmes, universitaires, environnementalistes et des scientifiques venues de plus de 30 pays africains.

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Dans une déclaration finale en six points, la société civile africaine a appelé la COP27 à donner la priorité à l'agroécologie comme moyen de transformer le système agroalimentaire, d'absorber le carbone, de refroidir l'Afrique, de renforcer la résilience et de permettre aux petits agriculteurs, aux éleveurs et aux pêcheurs de s'adapter au changement climatique ; et à l'inclure dans les contributions déterminées au niveau national (CDN) et les plans d'adaptation nationaux.

L'appel des conférenciers a également porté sur l'impérieuse nécessité d'augmenter de manière appropriée et délibérée le financement des petits agriculteurs, des pêcheurs, des éleveurs et des communautés autochtones afin de mettre en place des systèmes alimentaires durables.

Le directeur général de l'Autorité Ethiopienne pour la protection de l'environnement : " La déclaration à laquelle vous êtes parvenus n'est pas seulement valable pour aujourd'hui mais surtout pour l'avenir ". Crédit photo : Mahamadi Sebogo pour Sidwaya.info

L'implication des communautés autochtones de manière significative dans les négociations de la COP27 et au-delà a constitué le troisième message fort de la conférence.

La société civile du continent africain a ensuite appelé à " rejeter les fausses solutions qui menacent notre accès à la terre et les semences des agriculteurs, qui augmentent la vulnérabilité et qui reposent sur les multinationales de l'agro-technologie ou sur les intrants synthétiques et la monoculture ", et à " mettre en œuvre le plan d'action de la CCNUCC (ndlr : Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques) en faveur de l'égalité entre les hommes et les femmes, y compris la planification, le suivi et la budgétisation, afin de permettre aux femmes et aux filles de prendre les meilleures décisions économiques pour gérer durablement leurs terres, produire et commercialiser des aliments diversifiés, et soutenir et nourrir leurs familles ".

Le dernier point clé de la déclaration d'Addis Abeba est relatif à l'attention urgente à accorder au rôle des enfants et des jeunes dans l'action climatique, l'adaptation au climat et la transformation des systèmes alimentaires.

A l'issue de ce rendez-vous continental, le coordonnateur général de AFSA, Dr Million Belay a indiqué que la rencontre a été un grand succès.

" Le bilan de cette conférence est positif, car c'est la première fois que les acteurs africains se réunissent pour parler agroécologie et décider d'une seule voix pour aller à la COP 27. Le deuxième motif de satisfaction est que tout le monde repart édifié sur les raisons pour lesquelles l'agroécologie doit faire partie des options stratégiques pour l'avenir de l'Afrique ", a-t-il souligné.

Pour lui, la satisfaction est totale car les objectifs initiaux en matière de dialogue social entre acteurs africains, d'adoption d'une déclaration et de messages forts pour la COP27 ont été atteints.

A l'issue des trois jours de travaux la société civile africaine a adopté la déclaration d'Addis-Abeba qui appelle la COP27 à placer l'agroécologie au centre de l'adaptation du continent au climat. © : Mahamadi Sebogo pour Sidwaya.info

Dr Belay a particulièrement salué la convivialité avec laquelle la société civile africaine a mené les discussions, sans accros, ni clivages durant ces trois jours.

Pour lui, AFSA n'est pas une organisation mais plutôt une plateforme panafricaine pour discuter et tracer la voix du continent vers la transition écologique.

Le directeur général de l'Autorité pour la protection de l'environnement d'Éthiopie, Dr Getahur Gareden Wodaje, a indiqué que cette conférence consacrée vient à point nommé. Car l'agroécologie est un élément clé pour l'atténuation et l'adaptation de l'Afrique aux effets du changement climatique, ainsi que pour combattre les fausses solutions.

Elle constitue un moyen efficace qui place les petits producteurs, les jeunes et les femmes au centre de l'action climat.

" La déclaration à laquelle vous êtes parvenus n'est pas seulement valable pour aujourd'hui, mais surtout pour l'avenir. L'Éthiopie est fière du travail abattu au cours de la conférence et de ses fructueuses conclusions ", s'est-il réjoui.

Il s'est engagé a porté la voix de l'agroécologie partout où il est de besoin.

Mahamadi SEBOGO

Windmad76@gmail.com

Depuis Addis-Abeba, Éthiopie

Réactions de quelques participants

Colette Lolonyo, formatrice et animatrice de groupements de femmes et coopératives agricoles, Togo

" Nous avons insisté sur la nécessité d'intégrer la notion de protection de l'environnement, d'agroécologie dans nos systèmes éducatifs de base " © : Mahamadi Sebogo pour Sidwaya.info

" Nous avons participé à l'élaboration de la feuille de route devant nous conduire à la COP27. Il me semble que des décisions sont prises au niveau des hautes instances qui gèrent le monde mais ne sont pas appliquées. Au cours des trois jours de travaux, nous avons fait de suggestions que l'AFSA et les populations africaines pourront soumettre à la COP27 pour changer la donne au niveau du continent. Nous avons mis en exergue l'importance de l'agroécologie qui aujourd'hui constitue l'espoir en matière de lutte contre les effets du changement climatique. Car l'agriculture permet de restaurer les terres si on l'applique de la meilleure des manières, selon notre culture, nos pratiques ancestrales. Si nous nous retournons à notre identité sur le plan agricole, nous pourrons régénérer nos terres à travers cette agriculture intelligente. Nous avons insisté par exemple sur la nécessité d'intégrer la notion de protection de l'environnement, d'agroécologie dans nos systèmes éducatifs de base. Il est temps que nous encourageons la consommation locale comme le fait si bien l'Ethiopie. Si tous les peuples africains vont dans ce sens, nous pouvons faire face au changement climatique sans avoir besoin des appuis financiers extérieurs. Surtout que ces partenaires financiers ont avec eux ceux qui nous polluent ! Aujourd'hui, il est temps que nous prenions en compte l'agroécologie dans tous nos processus. De mon point de vue, la femme constitue un maillon essentiel dans la lutte contre les effets climatiques. Autant elle participe à la déforestation, elle doit également prendre part à la reforestation. C'est pourquoi, elle doit être au centre de la prise de décision sur l'action climat. "

Elizabeth Gulugulu Machache, écologiste et consultante en changement climatique, Zimbabwe

" L'agroécologie a les solutions pour protéger notre biodiversité, améliorer la qualité de nos sols ", © : Mahamadi Sebogo pour Sidwaya.info

" Je travaille avec une organisation appelée African Youth Initiative on Climate Change Zimbabwe. L'événement sur l'agroécologie a montré comment nous sommes capables de nourrir la région sans trop contribuer aux émissions de gaz à effet de serre. Dans toute la discussion, vous avez pu voir un certain nombre d'opportunités pour les jeunes, que ce soit par la recherche sur les semences, les innovations pour réduire les pertes pré et post-récolte et la diffusion de l'information afin que les gens soient conscients. En tant que jeune africain, je pense que l'agroécologie a les solutions pour protéger notre biodiversité, améliorer la qualité de nos sols, réduire les émissions et améliorer la qualité et la quantité des aliments. "

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