Centrafrique: Heurts autour du projet de révision constitutionnelle - La RCA danse sur un volcan

25 Septembre 2022
analyse

La Cour constitutionnelle centrafricaine a invalidé le décret présidentiel visant à réformer la Constitution en vue de permettre au président Faustin-Archange-Touadéra de briguer un troisième mandat. Mais en dépit de cette victoire, l'opposition reste vent debout contre les velléités du pouvoir de prolonger le bail du locataire du palais présidentiel de Bangui.

En effet, le Bloc républicain pour la défense de la Constitution a sonné la mobilisation, le 24 septembre dernier, qui a réuni des milliers de citoyens, à cet effet. Et l'on ne saurait lui donner tort. Car, malgré la décision de la Cour constitutionnelle, les partisans du président Touadéra ne démordent pas. Pire, ils s'en sont pris aux manifestants et en ont blessés certains.

C'est dire si la République centrafricaine (RCA) danse sur un volcan. Et au lieu de faire valoir la force de l'argument, le pouvoir n'a trouvé mieux à faire que de privilégier l'argument de la force. Attention au réveil des vieux démons ! Car, ces tensions autour d'une réforme constitutionnelle qui est loin de faire l'unanimité de ses compatriotes, n'augurent rien de bon pour la Centrafrique qui revient de loin. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le président centrafricain file du mauvais coton.

Touadera doit se le tenir pour dit, que ça n'arrive pas qu'aux autres

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En effet, non seulement le pays traîne encore de nombreuses rancœurs politiques qui peinent encore à se cicatriser, mais tout porte aussi à croire que bien des Centrafricains sont encore loin d'avoir définitivement tourné la page de la réélection contestée de l'actuel locataire du palais présidentiel.

C'est dire si le président Touadera joue avec le feu. Or, il devrait savoir tirer leçon de l'Histoire qui ne manque pourtant pas d'enseignements à cet effet. En attestent les exemples, parmi les plus récents, de l'ex-président burkinabè, Blaise Compaoré, et de l'ex-chef de l'Etat guinéen, Alpha Condé, dont les ambitions monarchistes dans leurs pays respectifs, ont été brutalement interrompues par le cours de l'histoire.

Et ce, dans l'humiliation la plus totale : celle d'un exil forcé pour le premier, et celle d'un coup d'Etat qui a déposé le second sans que personne ne lève le petit doigt pour le défendre. Et pourtant, ce ne sont pas les soutiens et autres zélateurs opportunistes ou convaincus, qui manquaient à ces hommes forts.

C'est pourquoi le président Touadera doit se le tenir pour dit, que ça n'arrive pas qu'aux autres. Car, en s'engageant sur le même chemin tortueux du tripatouillage constitutionnel qui se dessine à l'horizon pour se maintenir au pouvoir, il est non seulement en train d'entraîner son pays sur la pente raide, mais il pourrait aussi en payer le prix fort.

La Centrafrique n'a pas besoin de ça. Car, le pays revient de trop loin, notamment avec la sanglante et douloureuse parenthèse de la guerre fratricide entre Selekas et anti-balakas, pour se permettre de réveiller les démons de la division par ce qui ressemble à une danse du scalp sur un volcan.

En tout état de cause, l'histoire a suffisamment montré qu'un dictateur, aussi puissant soit-il, n'est jamais venu à bout d'un peuple déterminé. Et rien ne dit que le président Touadera fera l'exception.

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