Cote d'Ivoire: Diane Solo (Chanteuse, auteur-compositeur) - "Je reviens à la musique avec encore plus d'amour à partager"

23 Septembre 2022
interview

En 1982, un album : N'Zikétio. Le monde artistique ivoirien découvre Godo Marceline sous le pseudonyme d'artiste Diane Solo. La chanson "Nayoutou", pleine d'amour, séduit les mélomanes.

Aujourd'hui encore (40 ans plus tard), cette chanson est considérée comme la carte d'identité musicale de la native de Lakota. Résidant en France et quelque peu retirée de la scène, avec à son actif 7 albums, la très sensuelle Diane Solo est de retour, avec davantage d'amour à partager.

Après "Best of Memories" en 2016, vous disparaissez des radars alors que les mélomanes s'attendaient à un nouvel album. Qu'est-ce qui explique ce long silence ?

Mon rôle d'épouse et de maman m'a quelque peu contraint de prendre du recul avec la musique pour me consacrer à ma famille. Ensuite, la vie n'a pas été tendre avec moi. J'ai été victime d'un Avc qui a failli me faire perdre la vie. C'est 20 heures après le début de la crise qu'on m'a pris en charge mais j'ai réussi à m'en sortir sans grand dommage.

Généralement, quand on est dans ce temps, on ne se relève plus mais moi, Dieu m'a fait la grâce de me relever. Au début, je ne marchais pas, je ne parlais pas. Ma rééducation s'est très bien passée. C'est vrai que je ne suis pas à 100% de ma mobilité mais aujourd'hui, je me déplace sans grand problème et les choses avancent en s'améliorant. La preuve, je suis devant vous, tout se passe bien et je reviens très bientôt sur la scène musicale.

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Vous avez décidé de retourner à votre premier amour. Les contraintes familiales dont vous parliez tantôt n'existent-elles plus ?

Je dirais qu'elles ne sont plus trop pesantes, donc je signe mon retour. Je prends bientôt ma retraite professionnelle en France, les enfants ont grandi. J'estime que c'est le bon moment pour moi de revenir à ma première passion, la musique. Aussi, ce retour s'inscrit dans un projet social avec le lancement de ma fondation "Brin d'Amour". La musique me permettra de lever des fonds pour aider mon prochain. Je voudrais donc offrir aux personnes en difficultés ma musique, mes chansons, ma voix et beaucoup d'amour.

Quelle est la couleur musicale de ce bijou sonore que vous vous apprêtez à nous offrir ?

Je reviens avec un album de 7 titres intitulé "Merci Seigneur" pour témoigner ma reconnaissance au Seigneur qui m'a arraché à la mort et qui a toujours été à mes côtés. Je suis une miraculée et je vaudrais crier haut et fort cette reconnaissance à Dieu. Mais avant, je propose un titre extrait de cet album pour annoncer sa sortie prochaine dans quelques mois. Et le titre sous forme de single s'intitule "Papa Soulard". Le texte est un conseil à nos amis adeptes de l'alcool. Je dis en substance que quand on boit, il faut savoir s'arrêter pour ne pas être désagréable envers la famille et les proches.

Dans l'ensemble de l'album, la couleur musicale reste la variété. J'ai toujours été une chanteuse à voix avec mon style soft, slow, zouk, rumba. Je chante comme d'habitude en Godié, ma langue maternelle, et en français. Le thème principale est l'amour, toujours l'amour. J'ai toujours partagé l'amour dans mes chansons, autour de moi, à travers ma musique et ma voix. Ce que j'ai de plus merveilleux, c'est l'amour et c'est ce que je veux donner aux mélomanes.

Longtemps absente de la scène musicale, n'avez-vous pas d'appréhension par rapport à ce retour avec un style qui ne fait plus vraiment école en Côte d'Ivoire ?

Je suis bien informée de l'actualité, car je suis ce que fait la nouvelle génération. J'apporte donc à ma musique cette fraicheur nouvelle. C'est sûr, vous n'écouterez pas du coupé-décalé comme on en fait actuellement mais vous écouterez la musique, la vraie. Un bon mélange de nouvelles sonorités qui gardent la substance première de mon style : la voix et l'émotion.

A propos justement de la nouvelle génération de chanteurs et chanteuses, il y a de vrais talents. Moi particulièrement, j'aimerais bien travailler avec Bebi Philip ; c'est tout dire. Il y a donc un bon potentiel, mais ne nous oubliez pas, nous aussi, nous avons toujours de la valeur et du talent à revendre. Il y a encore des mélomanes de notre génération, celle d'après et leurs enfants qui ont été bercés par notre musique. C'est un public qui a aussi besoin de se réconcilier avec la belle musique.

Pour cette nouvelle génération qui ne vous connaît pas, pouvez-vous expliquer comment vous avez forgé votre carrière ?

Dans les années 80, un jour, une tante de Fulgence Kassy qui était amie à mon père m'a entendu chanter. Ravie, elle m'a rédigé un courrier à remettre à son neveu afin que celui-ci m'encadre. Fulgence Kassy m'a dit : "si c'est Tata Lisette qui t'a envoyée, je vais voir ce que tu as dans le ventre". C'est comme ça qu'il m'a introduit à la télévision pour rejoindre l'Orchestre de la radiodiffusion télévision ivoirienne (Orti). Une vrai école de musique avec de grands maestros et de grandes chanteuses de qualité. Ensuite, c'était l'émission "Première Chance" animée par Roger Fulgence Kassy. Un tremplin qui m'a permis de rencontrer Houon Pierre qui a guidé mes premiers pas dans l'univers musical.

Résultats des cours, je sors en 1982 mon premier album N'Zikétio avec le titre "Nayoutou" qui est aujourd'hui encore ma carte d'identité musicale. En 1984, résidant à Paris, je suis rappelée au pays pour chanter en langue maternelle (Godié) l'hymne de la Coupe d'Afrique des Nations "Côte d'Ivoire 84". Ce fut un grand tournant de ma carrière qui, depuis, a été lancée avec à la clé aujourd'hui 7 albums, à savoir Nayoutou (1982), Wa Wa You le (1984), Un Style (1986), Black Congress (1988), Superman (1999), Coup de Cœur (2006) et Best Of Memories (2016).

Votre génération est de plus en plus absente de la scène musicale. N'avez-vous pas un réel problème d'adaptation ?

Autant nous avons besoin de nous adapter, autant vous aussi, mélomanes et acteurs de l'industrie musicale, vous devez vous adaptez à nous. Si vous ne jouez pas notre musique, si vous ne nous invitez pas pour des scènes, nous ne pouvons pas exister. Il appartient donc à tous de nous donner envie de revenir sur scène.

Êtes-vous d'avis que le fait de vous être installée en France, d'être devenue mère de famille au détriment de la musique, vous a éloignée de votre public et a joué négativement sur votre carrière ?

On peut le concevoir ainsi, mais il faut dire que ce sont les circonstances de la vie qui définissent notre orientation. Quand je suis partie en France, j'ai fait une formation pour apprendre à garder et contrôler le souffle afin de bonifier ma façon de chanter. Ensuite, j'ai cherché à entrer dans une Major de production car je voulais sortir du train-train quotidien et autres propositions indécentes... (Rire) des producteurs mécènes. Les choses ne se sont pas passées comme je l'espérais.

Mais en attendant, j'avais des prestations en France et en Italie et j'ai fait aussi beaucoup de chœurs pour plusieurs artistes et des albums. Mais cela ne répondait pas vraiment à mes ambitions d'intégrer une grosse maison de disque pour asseoir une vraie carrière internationale. Et donc, c'est dans cette quête de professionnalisme que j'ai rencontré l'amour (Rire). Je me suis engagée pour le mariage qui a aussi ces exigences et ses contraintes. Du coup, je me suis dit, la musique, ça peut attendre car, à tout moment, je pouvais y revenir.

En clair donc, c'est l'amour qui vous a fait quitter la scène et abandonner votre public ?

(Rire) Je le reconnais, j'ai trompé la musique qui était mon premier amour pour me marier à un homme merveilleux à qui j'ai consacré tout mon amour. Comme je le disais tantôt, aujourd'hui, j'ai une famille stable. Il est donc temps de m'occuper de mon premier amour qui a été longtemps délaissé et renouer aussi avec mon public que j'ai abandonné. J'espère qu'il me pardonnera cette longue absence. Aujourd'hui, je suis définitivement de retour avec la musique et j'ai beaucoup d'amour à partager avec mon public à travers de belles chansons et mélodies. J'aime le public ivoirien et je ne le décevrai plus (Rire).

Aujourd'hui, 40 ans après, quel bilan pouvez-vous faire de votre carrière ?

Déjà, il faut dire que mon bilan est dans l'amour que j'ai apporté aux mélomanes. Chaque fois que "Nayoutou" passe, des gens se souviennent de ce que cette chanson vieille de 40 ans leur a apporté. J'ai des témoignages très émouvants de personnes qui m'ont confié que cette chanson a ramené leur amour qui partait. Ensuite, il y aussi beaucoup de Diane Solo qui sont nées après ce premier titre.

Sur le plan discographique, j'ai à mon actif 7 albums ; le 8e, "Merci Seigneur" arrive bientôt. Je n'ai certes pas sorti beaucoup d'albums, mais le tout combiné fait beaucoup de chansons dont plusieurs restent encore à découvrir. Dans l'ensemble, je peux donc dire que le bilan est tout de même positif. Aujourd'hui, je suis de retour avec une nouvelle vision et une nouvelle orientation de ma carrière. De belles surprises arrivent avec comme point de lancement, la célébration, en 2023, de mes 40 ans de carrière.

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