Madagascar: Santé des jeunes - Des collégiennes tombent enceintes

Feno quitte définitivement l'école, tombant enceinte. Elle a vu son ventre s'arrondir, pendant les grandes vacances, au passage en classe de 4ème. Elle était élève d'un collège d'enseignement général (CEG) d' Antananarivo. " Je n'ai pas eu mes règles depuis le mois de juin. Nous sommes allés voir le médecin, qui a confirmé que je suis enceinte, au deuxième mois de ma grossesse. ", raconte-t-elle. C'était un choc pour elle et ses parents. Car tomber enceinte n'était pas vraiment dans son programme. Elle envisageait de devenir médecin.

" J'étais heureuse et triste à la fois lorsque j'ai appris la nouvelle. Triste car j'étais consciente que je ne pourrai plus continuer mes études pour atteindre mon rêve ", regrette la jeune fille. La grossesse est un motif assez courant de l'abandon scolaire, dans les collèges et les lycées. La cousine de Feno a quitté l'école, en classe de 6ème. Elle est maintenant mère d'un petit garçon de dix-huit mois. Tsiky, une ancienne élève d'un CEG de la capitale, a arrêté ses études en classe de 5ème, et s'est mariée, suite à sa grossesse.

Ces adolescentes auraient pu éviter ces grossesses, si elles avaient utilisé la méthode contraceptive. " Je suis sexuellement active depuis mes 16 ans. Mais je n'ai jamais eu recours aux méthodes contraceptives. Je n'avais pas ça en tête. ", avoue Feno.

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Planning familial

À Madagascar, 18,6% des jeunes de 15 à 19 ans utilisent une méthode contraceptive moderne, alors que 31% ont déjà commencé leur vie féconde, dont 27% ont une naissance vivante, et 5% sont enceintes d'un premier enfant, selon l'Enquête démographique et de santé à Madagascar (EDSMD-V), en 2021.

Accoucher avant l'âge de 20 ans présente pourtant des risques d'éclampsie, d'endométrite puerpérale et d'infections systémiques. Selon toujours les statistiques, trois femmes sur dix qui accouchent ont moins de 19 ans. Et sur dix femmes qui meurent, trois sont des adolescentes. " Mon corps n'était pas encore prêt à avoir un enfant. Et ma santé était encore fragile. Ce qui fait que j'ai fait une fausse couche. ", témoigne Valérie Francia, une jeune fille de 18 ans, habitant le village de Lavanono à Androy, tombée enceinte à l'âge de 15 ans.

Marie Stopes Madagascar envisage des actions de sensibilisation sur le planning familial auprès des jeunes, pendant dix jours, au Nord et au Sud de Madagascar, dans le cadre de la célébration de la Journée mondiale de la contraception.

" L'utilisation du PF est encore faible dans ces régions. Alors que de nombreux jeunes y sont déjà sexuellement actifs. ", indique Lalaina Razafinirinasoa, directeur pays de Marie Stopes Madagascar, pour expliquer les choix des cibles. " J'ai été témoin de vies et d'espoirs de jeunes filles, brisés, parce qu'elles ne connaissaient pas la contraception ou ne savaient pas où s'en procurer. Pourtant, c'est l'un des moyens les plus simples et les plus abordables, de transformer des vies, en permettant aux filles de terminer leurs études, de se concentrer sur leurs objectifs et leurs aspirations, et d'améliorer les opportunités pour les générations futures. ", conclut Lalaina Razafinirinasoa.

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