Madagascar: Projet de loi de finances - Un budget aux enjeux multiples

Le Conseil du gouvernement a donné son feu vert pour la préparation et l'élaboration de la loi de finances de l'année 2023. Un texte crucial étant donné les différents défis et échéances qui s'annoncent. Une année décisive. Sur le plan politique, l'année 2023 sera déterminante. Une année électorale qui se con-jugue avec de multiples défis socio-économiques. Des challenges et des enjeux auxquels la loi de finances devra répondre. La Constitution dispose que la deuxième session du Parlement démarre le deuxième mardi d'octobre. Le coup d'envoi de cette session qui, en principe, devra être essentiellement consacré aux débats et au vote du projet de loi de finances sera donc dans un mois. Le Conseil du gouvernement de la semaine dernière a donné son feu vert pour "la préparation et l'élaboration de la loi de finances initiale 2023". Un timing serré de prime abord, étant donné l'importance du texte.

En marge d'une céré-monie à Antaninarenina, hier, Rindra Hasimbelo Rabarinirinarison, ministre de l'Économie et des finances, a indiqué que la con-fection du projet de texte budgétaire pour l'année 2023, ne devrait pas être difficile. Le grand argentier de l'Etat explique que le Plan émergence de Madagascar (PEM), sera décliné en projet de loi de finances. Le PEM sera présenté officiellement le 28, 29 et 30 octobre, soit juste après le début de la deuxième session ordinaire du Parlement. Les projets et priorités de chaque département ministériel devraient déjà y être inscrits et budgétisés.

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Quelques questions s'imposent, toutefois, sur la façon dont le PEM sera traduit en texte budgétaire. La première porte sur le financement. Le PEM est le document qui servira de feuille de route à la vision présidentielle pour le développement de la Grande île. Il est prévu s'étaler durant le quinquennat de 2019 à 2023. Seulement, la crise sanitaire a bouleversé les plans étatiques et retardé le coup d'envoi ou la concrétisation de plusieurs projets majeurs. L'année 2023 sera donc la dernière ligne droite pour l'administration Rajoelina, dans la mise en œuvre des projets majeurs du PEM.

Une candidature de Andry Rajoelina, président de la République, pour un second mandat est fort probable. En vue de l'échéance qu'est l'élection présidentielle, il est certain qu'il voudra mettre les bouchées doubles sur des projets majeurs afin de densifier les arguments pour convaincre à nouveau les électeurs. Le 15 septembre, au palais d'Etat d'Iavoloha, l'Exécutif a donné un aperçu du PEM aux Partenaires techniques et financiers (PTF).

Deux rendez-vous importants

À entendre Isabelle Delattre Burger, ambassadrice de l'Union européenne (UE), lors d'une conférence de presse, jeudi, la mise en œuvre du PEM nécessite un financement qui se chiffre "en milliards d'euros". S'agissant de l'UE, la diplomate concède que, pour l'heure, l'Europe s'en tient à l'enveloppe de 325 millions d'euros, dans le cadre du Programme indicatif pluri-annuel ou PIM. Le contexte mondial post-crise sanitaire, alourdi par les conséquences de la guerre en Ukraine fait que les partenaires traditionnels de Madagascar rencontrent, eux aussi, des difficultés économiques.

Les fonds destinés aux aides et aux investissements extérieurs des PTF pourraient en pâtir de la conjoncture économique mondiale. Il est probable que les PTF choisissent comme approche le ciblage de projet, pour soutenir le PEM. Outre les enjeux politiques, le PEM traduit en loi de finances devra aussi porter le redressement socio-économique post-crise sanitaire et répondre aux conséquences de la guerre en Ukraine.

Outre la politique étatique, le texte budgétaire de 2023 devra également prévoir le budget pour deux rendez-vous importants. Madagascar accueillera les Jeux des îles de l'océan Indien l'année prochaine. Jusqu'ici, l'organisation générale est dans le flou. En matière d'infrastructure, il est prévu qu'une partie des sites sera accueillie dans la nouvelle ville Tanamasoandro. Seulement, le chantier est encore balbutiant. Des infrastructures déjà existantes nécessitent d'importantes rénovations et mises aux normes.

L'autre rendez-vous important de l'année 2023 est l'élection présidentielle. Au même titre que les candidats et leur parti politique, l'Etat doit aussi se préparer financièrement. Il y a le budget de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), à renforcer considérablement. Les appuis logistiques à la CENI à prévoir.

Le financement de la sécurisation du processus électoral. Tous ces paramètres nécessitent un fonds conséquent, surtout que, jusqu'ici, les discours des partenaires internationaux sont laconiques au sujet d'un appui financier à l'organisation des élections.

Ces deux dernières années, par ailleurs, les re-vendications sociales ont été tonitruantes. Il y a les salariés de l'administration publique qui réclament des hausses ou alignement d'indemnité, d'autres qui dénoncent le retard ou le non-paiement de salaire. Les étudiants qui manifestent violemment à cause de retards de paiement de bourses d'étude. Le contexte électoral étant, il est probable que ces revendications sociales montent en crescendo dans l'idée que l'Etat pourrait être enclin à céder pour ne pas perdre des électeurs éventuels. D'autres pourraient espérer une nouvelle hausse des salaires et une baisse de l'inflation. Tous ces paramètres ont un coût. Une équation à multiples inconnus que devra résoudre le projet de loi de finances 2023.

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