Madagascar: Deniers publics - Près de 52 milliards d'ariary détournés en huit mois

Des sommes exorbitantes. Le tableau est de plus en plus sombre concernant le cas de détournement de deniers publics. En l ́espace de huit mois, c'est-à-dire du début du mois de janvier 2022 jusqu'à la fin du mois d'août, 51 225 212 736 d'ariary ont ainsi été détournés à Madagascar selon le rapport de l'IGE ou Inspection Générale de l'Etat effectué hier. " Ces détournements se sont surtout produits au niveau des Communes, des établissements publics et des ministères où les inspections ont été effectuées ", a expliqué son Directeur général, Daniel Randrianarivony.

" Malgré un effectif très réduit, nous avons pu enregistrer des résultats ", a continué Daniel Randrianarivony tout en soulignant que " sous les ordres du président de la République, on peut effectuer des inspections et des vérifications au niveau des communes, des ministères et dans toutes les institutions ".

Le nombre d'inspecteurs d'Etat à travers l'Île est de 63 alors qu'ils devraient être 180. Néanmoins, 40 inspecteurs seront recrutés pour le compte de cette année. Ce qui sous-entend que si l'IGE dispose d'un important moyen humain, ces chiffres dépasseraient largement la somme donnée par son directeur hier. Le DG a même noté que depuis environ 40 ans il n'y avait pas d'inspection dans les différentes ambassades de Madagascar éparpillés dans différents pays. Ces chiffres sont ainsi loin de refléter les réalités sur ce sujet.

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Rappelons que le Bureau indépendant anti-corruption (BIANCO) a également déploré la recrudescence des détournements durant l'année 2021, pendant le rapport d'activité organisé à Ambohibao ce vendredi. Si les Communautés Territoriales Décentralisées (CTD) sont les plus touchées par la corruption à travers les détournements qui les gangrènent durant l'année 2021 selon encore le Bianco, l'IGE indique que durant ces huit mois écoulés, les communes, les établissements publics ou encore les ministères font parler d'eux sur le même sujet. Des responsables se livrent, ainsi impunément, aux détournements pendant que le pays se trouve dans la difficulté et ces détournements ternissent l'image du régime.

Sanctions. " La responsabilité de l'IGE s'arrête au niveau des rapports. Après, ce sont les autres responsables concernés qui s'occupent de l'affaire ", a poursuivi le patron de l'IGE. Concernant les sanctions, sur le plan financier, selon les lois en vigueur, " les personnes concernées doivent restituer l'argent qui a été détourné. L'héritier en est responsable en cas de décès de la personne concernée, qu'il le sache ou non ". Sur le plan pénal, " il est envoyé au procureur et ensuite il peut être porté à la PAC, la juridiction compétente se chargera d'y donner suite.

Qui peut se terminer par l'emprisonnement ". Et enfin, sur le plan administratif, " normalement quand on fait du détournement, des gens comme ça doivent être licenciés, mais il n'est pas possible de licencier un fonctionnaire à moins qu'il n'ait passé le conseil de discipline de leur corps. Les trois fonctionnent indépendamment ", a expliqué Daniel Randrianarivony. Il reste à savoir si les personnes concernées par le détournement de ces 51 225 212 736 d'ariary seront poursuivies ou non.

Notons qu'entre 2020 et 2021, la Brigade d'Investigations Financières et de l'Audit au niveau du Trésor Public a décelé un détournement de deniers publics portant une valeur de près de 4,6 milliards Ar. Parmi lesquels, 3,8 milliards Ar ont été découverts en 2020 et 800 millions Ar en 2021.

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