Afrique: Septième conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial - Un succès en demi-teinte

analyse

La septième conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial qui s'est tenue le 21 septembre 2022 à New-York a permis de ressembler 14,25 milliards de dollars de promesses de dons pour le prochain cycle de financement triennal. Ce montant record est cependant loin des 18 milliards de dollars - minimum- réclamé par le Fonds en amont de cette conférence. Malgré l'arrivée de nouveaux donateurs et l'augmentation de certaines, le Fonds mondial n'a pas réussi à lever le montant minimal de financement qu'il espérait pour les trois prochaines années (2024-2026).

Succès ou échec? Verre à moitié plein ou verre à moitié vide?

Dans un contexte mondial fortement marqué par un choc économique, une crise énergétique et une tendance inflationniste nées de l'effet cumulé de la pandémie de Covid-19 et de la guerre en Ukraine, le niveau de donation est exceptionnel. Il est d'autant plus exceptionnel qu'il s'agit du montant le plus important jamais collecté par le Fonds mondial. Cela témoigne si besoin est encore de la reconnaissance par les donateurs l'importance capitale du Fonds mondial dans la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme. Rappelons à cet égard que depuis sa création en 2002, Le Fonds mondial a permis d'inverser significative la courbe mortifère des trois maladies et partant, de sauver 50 millions de vies.

Toutefois, aussi impressionnant que ce soit le montant collecté, celui-ci demeure insuffisant pour prendre en charge les besoins réels non financés et enrayer les énormes perturbations voire les nets reculs engendrés par la COVID-19 dans la mise en œuvre des programmes clés du Fonds mondial. Le dossier d'investissement du Fonds mondial indiquait clairement qu'atteindre 18 milliards de dollars constituait le seuil minimum - pas plus -, de ressources nécessaires pour essayer de remettre le monde dans la bonne voie, à savoir mettre fin au VIH/SIDA, à la tuberculose et au paludisme en tant qu'épidémies d'ici 2030. Voici ci-dessus, un énoncé des ambitions affichées par le Fonds mondial pour les trois prochaines années.

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En réalité, le total des ressources nécessaires pour lutter contre les trois maladies avant la septième conférence s'élevait à 130,2 milliards de dollars dans les pays où le Fonds mondial investit.

Concernant plus spécifiquement le Fonds mondial, The Global Fund Advocates Network estimait en prélude à la septième conférence que les besoins réels de cette organisation avoisinaient en réalité 28 milliards de dollars, soit 10 milliards de plus que le montant minimum demandé lors de la septième reconstitution des ressources. Cela se reflétait dans le déficit global non financé de 28,5 milliards, soit 22% du total des besoins non couverts.

En tenant compte de ce qui précède, force est alors de conclure que l'écart non financé des besoins spécifiques du Fonds mondial se chiffre désormais à 32,2 milliards de dollars, soit un total des besoins en ressources de l'ordre de 133,6 milliards pour la période 2024-2026. Sur le terrain, cela signifiera moins de ressources pour les diagnostics, les traitements ou la prévention axée entre autres sur le renforcement des systèmes de santé intégrés, l'engagement et le leadership des communautés et l'équité en matière de santé, égalité des genres et droits humains. Cela signifie également moins d'argent à consacrer à la préparation et à la riposte aux pandémies telles qu'envisagées au titre du Cadre stratégique du Fonds mondial (2023-2028).

Un financement supplémentaire est nécessaire pour combler les besoins réels du Fonds mondial pour la période 2024-2026.

À l'heure actuelle, il impossible de savoir si cet écart sera comblé en 2024-2026. Même si le Royaume-Uni et l'Italie annoncent des contributions dans les semaines à venir, il est peu probable que le décompte dépasse le montant minimum sollicité. Il n'existe aucun signal ou indicateur fiable et suffisamment fort qui autorise à se montrer optimiste. En réalité, la septième reconstitution est à mi-chemin. Les portes de la conférence se sont refermées sans épuiser la question du financement, laissant place au triomphe modeste voire inquiet. Pour regagner le terrain perdu en raison du COVID-19 et rétablir la trajectoire vers l'atteinte de la cible de l'ODD 3 consistant à mettre fin aux trois épidémies d'ici 2030, il faudra probablement faire plus avec moins de ressources. L'échec n'est pas une option. De nombreuses vies en dépendent.

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