Cote d'Ivoire: Marie Josée Ta Lou (ATHLETE) - "Je tiens à dire toute ma gratitude au président de la République... "

interview

En vacances à Abidjan après une saison plus que satisfaisante, nous avons rencontré Marie Josée Ta Lou. La sprinteuse ivoirienne, détentrice du nouveau record d'Afrique (10"72) réalisé à la Diamond League de Monaco, le mercredi 10 août, a échangé avec nous sur sa décision de s'exiler aux Etats-Unis, le changement d'entraîneur et ses projections. Elle est tout de même reconnaissante au chef de l'Etat qui lui a accordé une bourse pluriannuelle (sur plusieurs années) pour lui permettre d'atteindre ses objectifs. "Je veux décrocher la médaille d'or aux Championnats du monde et aux Jeux Olympiques", a-t-elle confié. Mais en attendant, elle profite de sa famille et de ses amis, tout en prenant soin de régler certaines affaires.

LP : Quel bilan faites-vous de votre saison ?

MJTL : Un bilan positif. C'est l'une des meilleures saisons de toute ma carrière. J'ai battu le record d'Afrique cette année. J'ai couru plus de neuf à dix fois sous les 11 secondes. C'est une belle progression pour moi. On ne va dire que c'est la saison que j'espérais parce que je n'ai pas eu de médaille aux Championnats du monde. Ce qui a été douloureux pour moi. Ce n'était pas mon objectif. Mais comme on le dit, l'Homme propose et Dieu dispose. J'ai changé de coach cette année. Je suis aux États Unis maintenant. La saison s'annonçait sous de bons auspices jusqu'à ce que survienne ce bobo à l'épaule qui m'a empêché d'être à 100% de ma forme. J'ai couru à 50% et ce qui ne m'a pas permis de faire un podium aux Mondiaux. En même temps, réaliser une telle performance comme le récit d'Afrique, me donne pleinement raison d'avoir opté pour les Etats-Unis. L'avenir s'annonce meilleur. Avec le coach, on voulait privilégier les compétitions les plus importantes et ne pas arriver fatiguée aux Championnats du monde. Malheureusement, il y a eu cette blessure à l'épaule qui a tout remis en cause.

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LP: Quelle est votre course la plus aboutie cette saison ?

MJTL: C'est le jour où je bats mon record et je fais le record d'Afrique. C'était à Monaco. J'étais à 50% de la forme et je ne savais pas à quoi m'attendre. J'étais sûre d'une chose. C'est que j'avais les capacités. Je réalisais de bons temps à l'entraînement mais il fallait répéter ça en compétition. La douleur est capricieuse et pouvait survenir à tout moment. Ce jour, j'étais très relaxe et j'ai tout laissé à Dieu comme je le fais habituellement. C'était la meilleure course. Et il faut dire aussi que j'applique les consignes et recommandations du coach.

LP: Cette année particulièrement, on peut dire que les blessures vous ont beaucoup gênées.

MJTL: Pas cette année seulement. Les années passées, j'ai toujours eu des soucis physiques mais cette saison, c'était vraiment osé. C'était une année difficile au niveau physique.

LP: Comment vous arrivez à surmonter cette situation ?

MJTL: J'ai un bon entourage et des personnes qui me soutiennent à 100%. Je veux parler de ma famille, mes amis, mon manager et aussi des Ivoiriens. Il faut reconnaître que les Ivoiriens sont formidables. Je reçois constamment des messages positifs et j'étais agréablement surprise. Puisque pour moi, je me disais que les Ivoiriens attendent toujours un résultat de moi. Mais je suis surprise de lire des messages positifs de leur part malgré mon état et les résultats qui n'étaient pas ceux espérés.

Ce n'était pas évident pour une personne de mon âge d'être parmi les trois premières à ce niveau. Donc les messages étaient encourageants pour moi et me donnaient la force d'aller toujours de l'avant.

LP : Il y a le soutien es Ivoiriens mais de façon spécifique, avez-vous reçu le soutien des autorités ?

MJTL : Toutes les autorités me suivent à chaque compétition. Je suis très honorée et à la fois fière de voir tous ces messages de nos autorités sur twitter, Instagram, sur l'ensemble des réseaux sociaux. En tête de ces soutiens, je cite le président de la République dont les messages sont pour moi un stimulant, une motivation supplémentaire. Il ne manque pas l'occasion de suivre mes courses et j'en suis vraiment honorée. Il y aussi le Premier ministre et beaucoup d'autres personnes auxquelles je en m'attends pas. Et quand je reçois des messages venant de ces toutes ces personnalités, je suis très émue et fière d'appartenir à ce si beau pays, la Côte d'Ivoire. Ça me donne la force et le courage d'hisser encore plus haut le drapeau ivoirien.

Chaque fois que je cours, je suis sur la piste, je pense à comment rendre heureux le peuple de Côte d'Ivoire, et tout ce public qui vibre avec moi. A travers mes courses, je veux rendre fier mon pays et donner de la joie à ce peuple qui ne cesse de me soutenir.

LP : 10 secondes 72 est une satisfaction personnelle et même au-delà parce que vous réalisez le nouveau record d'Afrique sur 10 mètres. Techniquement comment ça s'explique ? On vous a vu crier de joie comme si vous veniez de remporter cette course.

MJTL : A chaque course on veut être devant. Mais pour ceux qui connaissent l'athlétisme, ils diront que les 10"72 sont un excellent résultat. Parce que je rentre dans le top 8 de tous les temps et pas de chaque année. Quand on regarde toutes les filles qui ont couru en dessous de 11 secondes, je suis la 8e. C'est un gros résultat et ça se joue à rien entre la 2e et moi. En moins de 10 mois avec mon nouveau coach, je peux vous dire que ça été une grosse marge de progression.

LP : Quelles sont les perspectives ?

MJTL : Je travaille toujours pour aller de l'avant et mettre la différence. Et je suis sur le bon chemin parce qu'il y a un excellent travail qui est fait aujourd'hui. Quand on est une compétiteuse, on vise les sommets. Alors pourquoi pas un record du monde ? Qui dit un record du monde dit un nouveau record d'Afrique et aussi avoir cette médaille d'or aux Championnats du monde l'année prochaine à Budapest en Hongrie et aux Jeux Olympiques en 2024 à Paris en France. Je me bats pour parvenir et je fais des sacrifices pour offrir ce bonheur au peuple ivoirien. Et mon départ aux Etats-Unis s'inscrit dans cette ligne.

Je veux atteindre ces objectifs et je tiens vraiment à dire toute ma gratitude et ma reconnaissance au président de la République, le président Alassane Ouattara. Le chef de l'Etat a entendu mes pleurs et a accepté de soutenir sa fille en m'octroyant, cette année, une bourse pluriannuelle qui va me permettre de me donner tous les moyens nécessaires pour y arriver. J'ai obtenu cette bourse en juillet, et derrière les résultats sont déjà perceptibles. J'aurais peut-être eu la médaille d'or aujourd'hui si j'avais bénéficié de cette assistance depuis longtemps. Mais tout se fait dans le temps de Dieu et je suis reconnaissante pour ça.

Je ne remercierai jamais assez le chef de l'Etat pour ce gros geste. Et je m'engage à donner le meilleur de moi-même et que lui et le pays soient fiers et heureux de l'investissement.

LP : Est-ce à dire que Ta Lou va vaincre l'addiction jamaïcaine ?

MJTL : le soutien du président est surtout le bienvenu. Toutes les Jamaïcaines que vous voyez ont de gros sponsors avec eux que nous n'avons pas. Si ce soutien est là, on peut bien rivaliser avec elles. Et je pense que la bourse que vient de m'octroyer le président de la République, c'est le chemin vers les sommets qu'il a tracé.

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