Madagascar: Théâtre - " Karma sa tody ", intraveineuse sociale d'une vaillante génération mi-crétine

Dans la pièce " Karma sa tody " de la compagnie Hay Sorakanto, les dérives de la jeunesse malgache ont trouvé échos au Cemdlac Analakely, samedi. Une œuvre sensible, contemporaine et réussie.

Sur scène, quatre traînes-misères, trois gars et une fille. Les " joints " tournent. La joyeuse troupe est une bande de petites frappes à la solde d'un universitaire qui peine à continuer ses études faute de moyens financiers.

Soudain, les " puants ", jargon des rues pour désigner les forces de l'ordre, débarquent. Arrestations, fuites et chacun pour soi. Finalement, deux s'en sortent et partent se cacher chez le patron. Ce dernier panique, au cas où la police aurait pisté les fuyards.

Lui, un grand dealer de marijuana, qui pour gâter son grand amour et poursuivre ses rêves d'étudiants doit se positionner du côté obscur. Il est le boss d'une horde de bandits, drogués, buveurs et un peu débiles.

Pour corser le tout, et c'est là que tout bascule, le patron décide d'arrêter son trafic. Les compagnons de la galère se sentent délaissés. Tandis que la " flicaille " continue de chasser un à un les membres du gang. Mauvais jour pour choisir de se " caser ".

Les premières scènes de " Karma sa tody ", pièce théâtrale de Fenohery Tafitaniaina Rasoloniarivo jouée samedi dans l'après-midi au Cemdlac Analakely, semblaient laisser présager une cascade de clichés et de redondances morales.

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L'auteur et la mise en scène ont pourtant réussi à apporter une légèreté jouissive, parfois mal maîtrisée faisant penser à du théâtre système D. Et une histoire poignante tout le long de la pièce. Avec cette jeunesse de Hay Sorakanto, le théâtre malgache peut envisager du bon et du meilleur.

Au-delà du drame et des personnages, les propos de cette mini œuvre transposent une grande partie de la jeunesse d'aujourd'hui. Vie de tous les possibles, dans le tourbillon de la précarité. S'accrochant alors, trop tôt et trop jeune, à des idéaux faciles, sombres et mercantiles pour s'en sortir.

La société n'a d'autre choix que de les chasser, sorte de fuite en avant, faute de pouvoir leur offrir un avenir. Et ce travail sur la jeunesse, ses aspirations, ses modèles et ses dérives générationnelles, c'est ce qui manque dans le théâtre malgache.

Il suffisait de scruter la salle du Cemdlac, remplie comme il faut, par un public d'une moyenne d'âge de 20 ans. Pour dire aussi que le théâtre a de beaux restes. Et avec cette troupe, le sixième art national sort décrispé du carcan historique des anciennes années.

Le laisser-aller au niveau du décor par manque d'engagement, une mise en scène qui a tendance à saccader, des entractes de chants à dégager, quelques éparpillements dans l'approche générale... certaines choses méritent réflexion certes.

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