Mozambique: L'accord antiterroriste Maputo-Dodoma se révèle bénéfique sur plusieurs plans

Les affrontements entre djihadistes et forces de sécurité mozambicaines ont rendu Cabo Delgado instable

Au moment où les attaques djihadistes sporadiques se poursuivent dans le nord du pays malgré une relative accalmie enregistrée ces derniers mois, les dirigeants mozambicains et tanzaniens vont dorénavant conjuguer leurs efforts pour combattre les violences le long de la frontière commune de leurs Etats. Les deux parties entendent y parvenir grâce à la signature, le mois dernier, d'un accord de défense et de sécurité visant à lutter contre le terrorisme et la criminalité dans leurs territoires respectifs : un texte qui augure un impact remarquable sur le plan socio-économique, selon des analystes, dans les capitales mozambicaine et tanzanienne.

Même si jusqu'à ce jour aucun détail n'a été divulgué sur la teneur des accords signés à Maputo par la présidente tanzanienne, Samia Suluhu Hassan, et son homologue mozambicain, Filipe Nyusi, des observateurs s'accordent à dire que ce socle va permettre de contenir les violences décriées dans la zone touchée. Ce qui s'avérera nécessaire quand on sait qu'une insurrection meurtrière a éclaté dans le nord du Mozambique, près de la frontière tanzanienne, il y a cinq ans, causant des milliers de morts, entraînant le déplacement de centaines de milliers de personnes et arrêtant des projets d'exploitation de gaz naturel dont celui de la société TotalEnergies.

Plus d'un an après le déploiement de milliers de soldats de plusieurs pays africains pour pacifier la région, la vie revient, certes, " progressivement à la normale ", mais les autorités n'entendent pas pour l'instant baisser la garde. Elles espèrent, en outre, une reprise de l'activité sur les futurs sites de production de gaz naturel dans le nord-est du pays. Il s'agit notamment des sites abritant le projet de TotalEnergies et ceux du bassin de Rovuma, où un projet à l'arrêt est dirigé par l'Américain ExxonMobil; et un autre conduit par l'Italien Eni qui a maintenu son objectif de production à partir de ce semestre.

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Une attaque d'ampleur en 2021, dans la ville côtière de Palma, avait contraint le géant français TotalEnergies à suspendre son projet d'un montant de 16,5 milliards d'euros. Malgré cela, le président mozambicain assure que tout sera fait pour que ce projet et d'autres suscités deviennent opérationnels dans les meilleurs délais. " Nous aurons des réunions plus spécifiques avec les opérateurs, pour discuter des autres mesures de soutien nécessaires au maintien de la sécurité ", a-t-il déclaré.

La solution à la crise énergétique mondiale passe par l'exploitation du gaz mozambicain

" Nous considérons pertinent d'envisager la possibilité de reprendre le développement des travaux de construction ", a ajouté Filipe Nyusi qui réitérait les propos tenus le mois dernier à Maputo, lors d'un sommet sur le gaz et l'énergie. Le chef de l'Etat a assuré que la situation sécuritaire est désormais " plus stable " dans son pays.

Malgré le souhait des autorités mozambicaines sur la reprise des activités de TotalEnergies, la société affirme que sa position sur son projet gazier reste inchangée à ce stade. " Le chantier reprendra une fois les conditions de sécurité et de sûreté rétablies durablement dans la région ", avance-t-on. Ce qui n'empêche pas les dirigeants mozambicains d'être optimistes grâce au soutien multiforme des partenaires du pays dont l'Union européenne (UE) et le Portugal. Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, et le Premier ministre portugais, Antonio Costa, ont séjourné récemment au Mozambique pour redire leur appui à Maputo.

S'agissant de l'UE, son chef de la diplomatie a réaffirmé le soutien de l'organisation au Mozambique en annonçant une nouvelle aide militaire pour aider le pays face au " terrorisme ". Il a indiqué que Bruxelles a déjà approuvé une aide militaire supplémentaire de 15 millions d'euros pour soutenir le pays dans l'instable province du Cabo Delgado, régulièrement ensanglantée par des attaques attribuées aux djihadistes ainsi que des régions voisines. " Ces fonds permettront de fournir à Maputo des équipements et des véhicules notamment, et s'ajoutent aux 89 millions d'euros déjà prévus pour soutenir les forces armées mozambicaines ", a-t-il précisé dans un communiqué.

Quant au Portugal qui estime que la relation avec son ancienne colonie " est stratégique et prioritaire " pour Lisbone, ses autorités présagent que le Mozambique, qui pourrait commencer à exporter du gaz naturel, contribuerait inévitablement à " la solution de la crise énergétique mondiale ". Maputo devrait utiliser le Port de Sines, situé sur la côte sud-ouest du Portugal, " comme porte d'entrée en Europe ".

Notons aussi que la Banque mondiale a accordé 300 millions de dollars au Mozambique. Ces fonds sous la forme d'un don seront affectés à des projets d'infrastructures destinés à soutenir l'économie et améliorer les conditions de vie de la population. Tout cela ne peut se réaliser que si la paix est raffermie à travers le pays grâce, entre autres, à l'accord antiterroriste conclu avec la Tanzanie.

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