Du 29 septembre au 1er octobre, une grande cérémonie s'est tenue dans la Ville du pain de sucre. Antsiranana a accueilli les autorités traditionnelles des quatre coins de la Grande-Ile. Carnaval, conférence-débat au menu. Des universitaires, artistes adeptes de la musique traditionnelle sont venus honorer ce grand évènement.
Cependant, la population de Diego-Suarez n'était pas au courant. En effet, l'information a été tardivement diffusée. Mercredi, lors de l'installation des planches au Ritz, les rumeurs circulaient, " paraît-il, le président de la République va enfin venir inaugurer l'hôtel de finance, et d'autres infrastructures ", certifie un chauffeur de tuk-tuk. Une réaction normale pour une ville où les habitants n'ont jamais accueilli un tel événement.
À part l'accueil d'un surintendant de l'Etat, Antsiranana n'installe l'estrade que durant la fête nationale du 26 juin. Une routine bien ancrée dans l'esprit des citoyens diegolais. Cette fois-ci, les installations ont été consacrées aux roitelets, les ampanjaka ainsi que les tangalamena. Il semble que la ville hôte n'était pas prête à héberger ces gardiens des traditions.
À part l'ouverture, qui a vu la présence des intendants de la ville, les activités se sont déroulées au Grand Séminaire Paul VI Scama, une banlieue assez élognée de la ville. La grande Maison de la Communication et de la Culture n'a pas ouvert ses portes. " Je trouve cela un peu étrange. Un événement si important, une fête nationale, Banja (la Maison de la Communication et de la Culture) doit au moins abriter la conférence ", affirme un cinéaste et photographe connu de la région.
Antsiranana n'a peut-être pas saisi l'honneur que les organisateurs lui ont attribué. Ou bien, les habitants n'ont pas été préalablement informés. Néanmoins, durant ces trois jours, la manifestation culturelle s'est déroulée dans une ambiance d'unité nationale. " C'est un grand pas pour la réconciliation nationale ", s'exprime un jeune universitaire.
Nouvel an malgache, toujours pas de décret. D'ailleurs, Madagascar est toujours en construction, la Nation ne se baptise pas à des éditions de lohataona, elle nécessite un travail de longue haleine et une réelle volonté politique. Jusqu'ici aucune décision n'a été prise de la part de l'autorité compétente à propos de la fête du Nouvel an malgache.
Alors, il est difficile d'inculquer le lohataogno malagasy. Ce n'est pas étonnant si les Malgaches ne se réfèrent qu'au calendrier grégorien. L'acculturation s'est enracinée, implantée profondément dans la tête et dans le cœur.