Madagascar: Ils ont fait le buzz... - Le patrimoine d'Anatirova, un futur cyborg

Au train où vont les choses, l'Anatirova, qui abrite le Palais de la reine, va devenir un " cyborg " historique. Les images d'une " reconstruction/restitution architecturale " de deux anciens palais, " Manampisoa " et " Tranovola " ont circulé sur le web la semaine passée.

Comme il fallait s'y attendre, l'indignation des spécialistes du patrimoine a marqué l'ensemble des réactions des utilisateurs des réseaux sociaux. D'abord, le sentiment d'être devant le fait accompli, ensuite, cette " bétonnerie " servant de nouveaux murs pour ces deux architectures.

À cela s'ajoute le colisée, inauguré en grandes pompes, sans portée culturelle et inutile actuellement. Pour les puristes, enflammés sur Facebook, l'hybridation de l'Anatirova s'apparente à une sorte de malhonnêteté intellectuelle.

Bon gré mal gré, les travaux semblent se poursuivre. Le ministère de la Culture a déjà expliqué les tenants et aboutissants sans vraiment convaincre. Sans doute, parce que l'opinion a été mise devant le fait accompli. Puisque Anatirova est ancrée dans l'imaginaire collectif.

Le débat de la reconstruction/restitution à l'identique, avec des matériaux et techniques originels, de la reconstruction " en matériaux ordinaires ", est toujours ouvert jusqu'à aujourd'hui. Les Français ont été les plus en faveur de la reconstruction " hybride ".

%

Depuis des millénaires, les rois, les empereurs, plus tard les gouvernements, les grands architectes ont reconstruit des patrimoines. La restitution, telle qu'elle est acceptée en ce moment, est arrivée avec l'époque moderne, mettant en avant le concept identitaire.

Le choix entre les deux approches dépend alors des dirigeants. Les deux approches définissent la place et la valeur attribuées à un patrimoine dans la politique culturelle d'un pays. Voire, de la politique générale.

Le débat part du fait qu'un patrimoine détruit ne retrouvera jamais son état originel, malgré une restitution à l'exact. Donc, toutes idées sont permises. À se demander s'il est possible de reconstruire les toitures de Notre-Dame de Paris avec du plastique.

Ou refaire le nez du Sphinx en Egypte avec du " feta ". Ou un jour, reconstruire une partie de la muraille de Chine avec de la ferraille. Ce qui se passe actuellement dans l'enceinte du palais de la Reine ressemble plutôt à cela.

Ces pays cités mettent un accent particulier à leurs patrimoines, puisqu'ils servent de repères pour l'international et pour les générations futures de l'existence d'une civilisation dynamique et contemporaine.

Donc, propriétaire de leur histoire et de leurs terres quitte à laisser ces vestiges tels qu'ils sont en cas de destruction ou de détérioration irréversible. À l'heure où les étrangers, sans aucune considération pour les Malgaches, s'approprient à tout va des terrains à travers Madagascar.

Défigurer un patrimoine, cela peut être lu comme un message politique. Défigurer un patrimoine, c'est le rabaisser dans la mémoire collective. Ôter toute portée identitaire à un site comme l'Anatirova rappelle les méfaits coloniaux de Gallieni, raciste et pendant français d'Hitler.

La colonisation a tout fait pour annihiler l'" âme " malgache. En diabolisant sa culture dans une perspective capitaliste. La continuité semble maintenue.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.