Cote d'Ivoire: Diabaté Mamadou Bachir (Président ES Bingerville) - "Je ne signerai aucune pétition contre Idriss Diallo"

interview

Président de l'Entente sportive de Bingerville (ESB), Diabaté Mamadou Bachir, nous parle des projets de son club. Il revient sur la normalisation qu'il qualifie d'épisode sombre de l'histoire du football ivoirien.

Comment se porte Entente sportive de Bingerville ?

L'Entente sportive de Bingerville se porte très bien. Nous avons un nouveau groupe. La mayonnaise est en train de prendre peu à peu. Je pense qu'on aura une meilleure équipe par rapport à celle de l'année dernière.

La saison dernière a été particulièrement difficile pour vous ?

Comme beaucoup de clubs, on a espéré que les élections se tiendraient, en décembre, comme prévu. Et que la nouvelle équipe organise la nouvelle saison parce qu'il y a des engagements qui avaient été pris. S'ils ne sont pas honorés, l'équipe entrante ne pouvait pas s'engager même si l'administration est une continuité. Donc beaucoup de clubs avaient plaidé pour qu'on attende les élections pour commencer la nouvelle saison.

On a donc commencé notre préparation en retard, on n'a même pas fait trois matchs amicaux. On a été obligé, pour la première fois à Bingerville, d'utiliser trois entraineurs en une saison. Ce n'était pas de leur faute parce que le recrutement a été tardif, l'équipe ne s'est pas bien préparée, physiquement et tactiquement. Il n'y avait pas d'homogénéité.

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Vous avez donc anticipé cette saison ?

Cette année, on a décidé de mettre les choses à niveau, prendre le temps de nous préparer suffisamment et attendre de voir ce que ça va donner. Sur les 33 joueurs que nous avions, il y a que cinq qui sont restés. Beaucoup sont partis pour insuffisance de résultats, certains aussi étaient en fin de contrat et voulaient aller voir ailleurs. On a remodelé l'équipe avec un nouvel encadrement technique dirigé par Diaby Almamy.

Il est secondé par Bakary Koné et Tohoua Lopez, et Assé Assou comme entraineur des gardiens. On a fait comprendre à tout le monde que l'Entente sportive de Bingerville a ses spécificités. Il faut qu'on fasse corps ensemble pour atteindre nos objectifs. Nous avons longuement échangé et je pense que les joueurs ont compris notre message. Ils sont prêts à se mettre dans la danse.

LP : Vous aviez annoncé, lors d'assemblée générale ordinaire en septembre, un vaste chantier dont la création d'un centre de formation.

Le projet est bien lancé. On a déjà recruté un entraineur Gnaly Guy qui a fait ses classes avec Jean-Marc Guillou à l'Académie. Il est en train de monter une équipe. Je pense que les discussions que j'ai eu avec lui, d'ici à la fin du mois, on va sortir un noyau. On avait un groupe, mais j'avoue que je n'étais pas satisfait du travail qui était abattu, à tel point que j'ai demandé qu'on suspende tout.

C'était devenu budgétivore et à chaque saison, il fallait aller chercher les joueurs ailleurs puisqu'aucun de ces jeunes n'arrivait à jouer en équipe A. On a donc demandé à Gnaly, qui est un homme bien expérimenté en termes de formation, de redynamiser l'équipe. Il a commencé ses recrutements. Je pense qu'incessamment les choses vont aller dans le bon sens.

Vous envisagez également la construction d'un stade.

Tout à fait. Le maire de la commune de Bingerville a mis à notre disposition le site de l'ex-centre d'entrainement de Cyrille Domoraud qui se trouve au sein du jardin botanique. Je lui ai adressé un courrier de remerciement pour dire que nous allons utiliser cet espace comme notre club house. Nous sommes dans l'attente des deux hectares promis par la municipalité.

Nous avons des partenaires prêts à nous accompagner pour bâtir des terrains et un centre d'accueil pour les mises au vert avec des bureaux. Je profite pour dire un grand merci au député-maire de Bingerville. On a déjà un centre d'entrainement qui nous reçoit depuis quelques temps. On a donc deux terrains d'entrainement. Un pour les seniors et l'autre pour les équipes de jeunes.

L'objectif prioritaire, la montée en Ligue 1, est-il tenable ?

L'année dernière, on a élaboré un budget de 80 millions de francs CFA que nous avons exécuté 70-80%. Cette année, avec les ambitions, on a un budget de 120 millions de francs CFA. On a déjà touché qui de droit, des amis, des particuliers et des partenaires qui veulent bien nous accompagner. On espère mobiliser ces ressources pour donner bon visage à l'équipe de Bingerville.

Cette année va être bien meilleure. On a demandé aux joueurs de nous accompagner à travers de bons résultats. Et on fera en sorte qu'ils soient dans de très bonnes conditions. Il faut avoir les joueurs dans de bonnes conditions qui se déplacent dans bonnes conditions et s'entrainent dans de bonnes conditions. On a déjà réglé le problème de site d'entrainement, celui du déplacement est en train d'être résolu. Ca va être difficile parce que toutes les équipes ambitionnent monter en Ligue 1. Mais nous sommes dans la course.

Et ce courrier du directeur exécutif de la FIF qui mentionne que le nom de votre équipe ne correspondait pas à celui dans les fichiers de la FIF. De quoi s'agit-il ?

J'ai été surpris, parce que je pense que ce sont des choses qui ne devraient même pas arriver. C'est un problème administratif qui incombe à la Fédération. Je ne suis pas le seul club. Beaucoup de clubs étaient dans le même cas. Avec l'arrivée du président Sidy Diallo à la fédération en 2011, on a demandé à tous les clubs de se mettre à jour juridiquement. Parce que lors d'une assemblée générale, on avait constaté que seuls trois clubs avaient tous les documents administratifs et juridiques à jour.

Tous les autres ont été sommés de se mettre à jour avant le début de la saison. On a nous avait même confiés au préfet hors grade Sery Gaspard, alors vice-président de la Ligue Professionnelle de sorte qu'il puisse aider tous les clubs à avoir leurs documents. Il a mobilisé ses équipes et nous a confiés à des responsables au ministère de l'Intérieur. Après nous avons eu notre récépissé de déclaration et la parution dans le journal officiel. Dans le même journal officiel se trouvent l'ASC Ouragahio, Danané, l'EFYM, le Séwé sport de San Pedro et l'Entente sportive de Bingerville.

Nous avons déposé tous ces documents à la Fédération. Ce qui nous a permis de competir et la fédération nous a donné un numéro d'affiliation. Pour Bingerville, c'est le numéro 275. Quand la normalisation était là en juin 2021, on a reçu un courrier pour qu'on mette à jour tous nos dossiers. J'ai envoyé les dossiers et on n'a jamais reçu un courrier pour nous dire que notre dossier était incomplet.

Et cette année, on décèle des anomalies dans les documents de l'ES Bingerville.

Cette année, on a envoyé les documents pour les engagements. Moi-même, en tant président, j'ai rempli le fiches d'engagement. Dans les documents à remplir, on ne nous a pas demandé de joindre ni le récépissé de déclaration encore moins le journal officiel. Il n'y avait pas de pièces à fournir. C'est un imprimé que nous devons remplir et signer simplement. A notre grand étonnement, notre document a été rejeté. Et le DEX nous a adressé un courrier pour dire que notre document est irrégulier. Selon lui, dans leur registre à la fédération, le nom de notre club c'est ES Bingerville donc lui il ne reconnait pas l'Entente sportive de Bingerville.

Mais on lui a adressé un courrier à travers le secrétaire général du club qui est resté sans suite à une semaine du début des compétitions. J'ai donc pris soin d'adresser un courrier au président de la Fédération pour lui faire part de notre étonnement et de remettre le récépissé et le journal officiel dans lequel nous sommes parus. Le jeudi dernier (l'entretien a été réalisé le mercredi 21 septembre, Ndlr), le secrétaire général l'a appelé pour payer les engagements et on nous a remis le chèque pour la nouvelle saison.

Tout est bien qui finit bien, peut-on dire ?

Oui, mais pour nous, cet incident ne devrait pas arriver. Il peut avoir un mauvais classement, mais j'aurais voulu que le DEX m'appelle pour me dire ce qui manque à notre dossier. Cela nous aurait évité ces tensions inutiles. Le nouveau président prône le rassemblement. Quand on veut aller au rassemblement, on ne divise pas. On entend beaucoup de choses. Que des consignes sont données pour que Bingerville soit reléguée en division régionale avant les prochaines élections. Vrai ou faux, je n'en sais rien.

Seulement, je souhaite que cela soit de simples rumeurs. On a trop de problèmes de personnes. C'est ce qui a conduit à l'avènement du comité de normalisation. Le président Sory Diabaté n'a jamais été reçu par les responsables du comité de normalisation. La dame a reçu tous les autres candidats de façon officielle et officieuse, sauf le candidat Sory Diabaté. La mise en place de la normalisation, c'était contre Sory Diabaté. Les gens sont entrés partout pour lui coller une faute, malheureusement pour eux, ils n'ont rien trouvé. Ils sont même allés fouiller dans les banques où il a servi.

On vous sent remonter contre la normalisation.

Je n'ai pas soutenu Idriss Diallo, mais je ne souhaite pas, quel que soit le problème qu'il pourrait avoir, voir une normalisation dans mon pays. La normalisation, c'est la catastrophe, c'est un épisode qu'il ne faut plus souhaiter avoir dans notre football. Cette situation a mis le football en retard. On a entendu des propos ahurissants venant des gens qui sont sensés gérer le football. Comment peut-on penser que des footballeurs peuvent boire 50 litres d'eau par jour. En dehors d'Abé Simon, aucun d'eux ne sait que le football se joue à 11. Comment peut-on confier la gestion de notre football à des gens comme ça.

A vous entendre, vous avez tourné la page des élections pour accompagner l'équipe dirigeante actuelle ?

Je suis pour le bien du football ivoirien. Je ne vais jamais signer une pétition contre le président Idriss Diallo quelle que soit la faute qu'il va commettre. Je ne vais jamais mener d'action pour entraver son travail. Si je le fais, c'est contre le football ivoirien. Je ne vais jamais souhaiter non plus la mise en place d'un comité de normalisation. La normalisation est un épisode sombre de notre football. Plus jamais ça ! Il a gagné les élections, quoi qu'on dise, c'est lui le président de la Fédération. Nous serons à toutes les réunions et à toutes les AG de la FIF.

Nous n'allons rien boycotter. Venir mettre le football ivoirien à terre comme on l'a fait avec la normalisation, nous disons "non". Vous avez une fois vu un championnat de D3 en six matches ? Alors qu'en 2020, on fait 16 journées. Il restait 6 journées et on a relégué Issia Wazy, l'AS Tanda parce que tout simplement ils sont de la Team Sory Diabaté. Ils ont dit qu'on ne peut faire un championnat sans relégation. Mais l'année dernière, il n'y a pas eu de relégation mais on a augmenté le nombre de clubs à 16.

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