Afrique: L'Ukraine en quête d'alliés en Afrique?

Le ministre des Affaires étrangères ukrainien, Dmytro Kouleba, en visite officielle au Sénégal

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères a entamé une tournée africaine. Première halte, le Sénégal.

En raison de la guerre entre l'Ukraine et la Russie, cette visite de Dmytro Kouleba le ministre ukrainien des Affaires étrangères se présente comme une réponse à l'influence russe grandissante sur le continent. C'est ce qu'explique à la DW Bley Hyacinthe, politologue à l'université Félix Houphouët-Boigny à Abidjan.

DW : Comment analysez-vous cette première tournée du ministre ukrainien des Affaires étrangères sur le continent africain ?

Dr Bley Hyacinthe: D'abord, il faut qualifier cette tournée d'historique parce que c'est la première. On peut parler d'une recherche de sympathie, une recherche d'alliés pour expliquer la réaction de l' Ukraine contre la Russie. Pourquoi le Sénégal? Parce qu'aujourd'hui, le Sénégal occupe la présidence de l' Union africaine, c'est la porte d'entrée de l'Afrique. Il faut donc expliquer les circonstances de l'entrée en guerre de l'Ukraine contre la Russie et essayer d'expliquer tout ce qui entoure cette réaction. Il vient parce qu'aujourd'hui, l'Afrique est une priorité, mais il ne vient pas contre qui que ce soit. En réalité, c'est une offensive qu'il essaie de mener.

DW : Selon vous, on peut donc clairement parler d'une offensive par rapport à l'influence que la Russie commence à avoir aujourd'hui sur le continent ?

Dr Bley Hyacinthe : en diplomatie, il y a des termes qui sont quand même voilés. Il ne peut pas dire "je suis venu vous dire qu'il ne faut pas soutenir la Russie. Il faut soutenir l'Ukraine." Il dira simplement que l'Afrique est un continent de priorités, ce sont des termes diplomatiques. Parce que, rappelons-le, à la tribune de l'ONU, quand on devait prendre la résolution, l'Afrique s'était abstenue de contribuer à l'offensive ukrainienne ou bien a condamné la Russie contre l'Ukraine. Après cet épisode, il vient vers l'Afrique. Donc, je pense que c'est une offensive diplomatique, même s'il ne l'a pas dit ouvertement. Mais déjà en disant que l'Afrique est une priorité alors que son pays est en guerre, je pense que c'est un soutien qu'il recherche.

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DW : Comment est ce que vous expliquez qu'aujourd'hui le continent africain se fasse "draguer " de part et d'autre? Comment expliquer que ce continent soit au centre des tactiques de séduction des puissances occidentales?

Dr Bley Hyacinthe : Ce n'est pas nouveau ! Pendant la guerre froide, l'Afrique a joué la carte de la neutralité. C'est ce qui se passe encore aujourd'hui. Donc il faut aller vers l'Afrique. Il faut expliquer que la Russie est en train d'abuser de ses prérogatives pour pouvoir annexer l'Ukraine. Donc eux, ils ne font que se défendre. Voilà la raison pour laquelle il vient. C'est une opération de séduction, qui à mon sens ne dit pas son nom.

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