Afrique de l'Ouest: MPSR II - Onction de la CEDEAO pour le capitaine Traoré

Initialement annoncée lundi dernier, c'est finalement hier mardi 4 octobre 2022 qu'une délégation de la CEDEAO a débarqué à Ouagadougou.

Elle était composée de : Suzi Carla Barbosa, ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères de la Guinée-Bissau, Mahamadou Issoufou, médiateur de l'organisation communautaire pour le Burkina Faso et Dr Omar Alieu Touray, président de la Commission de la CEDEAO.

Le moins que l'on puisse dire est que les envoyés spéciaux de l'organisation sont arrivés dans la capitale dans un climat plutôt hostile. Ils ont en effet été accueillis comme des chiens dans un jeu de quille par des manifestants qui se sont agrégés au bord de l'aéroport et vers Ouaga 2000. Situation qui a contraint les émissaires à tenir la rencontre avec le capitaine Ibrahim Traoré dans les locaux de l'aéroport.

Pour d'aucuns, l'organisation sous-régionale serait venue imposer son diktat au jeune capitaine qui vient de renverser le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba. En effet, Umaro Sissoco Embalo, le président en exercice de la CEDEAO n'avait-il pas dans une déclaration condamné dans le principe cette révolution de palais venue mettre un coup d'arrêt à une transition officiellement fixée à 24 mois depuis le 1er juillet 2022 ?

Il n'y avait pourtant aucune raison pour les manifestants de Ouaga de monter sur leurs grands chevaux pour deux raisons principales :

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Primo, contrairement aux relations tendues, voire conflictuelles qu'elle entretient avec les transitions malienne et guinéenne, la CEDEAO a toujours eu avec le Burkina Faso des rapports cordiaux et c'est sans tiraillements que le délai de la Transition a été arrêté d'accord-parties.

Deuxio, dès sa prise du pouvoir, l'officier subalterne de 34 ans a affirmé sans ambages que le Burkina Faso resterait dans les clous fixés par la CEDEAO. Ce point étant d'ailleurs l'une des sept conditions posées par Sandaogo avant de rendre le tablier.

De ce point de vue, on peut légitimement se dire qu'il s'agissait pour le médiateur Mahamadou Issoufou et sa délégation de venir entendre les bonnes dispositions d'esprit des nouvelles autorités burkinabè. Il n'y avait donc pas de quoi exciter un croquant même si l'image de l'organisation est écornée aux yeux des populations qui voient en elle un simple syndicat de chefs d'Etat au lieu d'être cette CEDEAO des peuples. Les plus méchants vont jusqu'à dire qu'elle reflète l'image d'un médecin après la mort qui voit toujours se nouer les tragédies sans réagir pour ensuite s'agiter quand le pire advient.

Qu'à cela ne tienne, on ne voit donc pas comment avec la nouvelle donne burkinabè Umaro Sissoco Embalo, ADO (Alassane Dramane Ouattara) et leurs homologues pourraient ne pas accompagner la saison 2 de la Transition burkinabè dont le tournage devrait reprendre très tôt avec un président civil ou militaire choisi par les forces vives de la Nation. Qui plus est, le capitaine Traoré a d'ores et déjà promis de retourner dans sa caserne dès que le nouvel exécutif sera mis en place. Passez donc mesdames et messieurs de la CEDEAO, il n'y a rien à voir.

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