Madagascar: Culture d'exportation - Le black eyes veut consolider ses acquis

Face à la concurrence et aux exigences des pays acheteurs, notamment l'Union européenne, la filière black eyes de Madagascar doit rester compétitive. Le black eyes est une des variétés de haricot sec (lojy) cultivées à Madagascar. Connu aussi sous le nom de niébé, c'est une légumineuse herbacée tropicale appartenant à l'espèce appelée igna unguiculata. Le black eyes est une culture à vocation exportatrice et son prix ne cesse d'augmenter. En 2011, le kilo pour la première qualité tournait autour de 1800 ariary. Aujourd'hui, ce prix frôle les 3000 ariary. Pour la seconde qualité, son prix est passé de 1400 à plus de 2000 ariary. A titre de rappel, en juillet dernier, lors d'une réunion à la Chambre de Commerce et d'Industrie de Mahajanga qui a vu la participation des acteurs directs de la filière, il a été décidé que le prix plancher du kilogramme de ce produit sera fixé à 2900 ariary pour la campagne d'exportation 2022. On retrouve essentiellement le black eyes dans le nord-ouest de Madagascar.

Les zones de production se trouvent notamment entre les régions de Sofia (districts de Boriziny et Mampikony), de Boeny (district d'Ambato-Boeny) et de Betsiboka dans les baiboho, caractéristiques des grandes plaines alluviales de cette partie de l'île. Le produit est caractérisé par des pieds érigés d'environ un mètre et deux floraisons donnant des grains de grosse taille. Selon les historiens agricoles, les agriculteurs de la filière faisaient pousser auparavant du coton, du tabac ou encore du maïs. Aujourd'hui, ils opèrent dans deux catégories.

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Les premiers pratiquent la culture mécanisée du black eyes. Ces derniers possèdent des tracteurs et des outillages agricoles modernes. Mais la grande majorité pratique une agriculture manuelle, réalisant quelques étapes de la culture à l'aide de la traction animale.

Se renforcer à l'international

Parmi les agriculteurs non mécanisés, on retrouve ceux qui ont un matelas financier assez conséquent et qui cultivent sur de larges superficies. Quant aux petits producteurs manuels dotés de peu de moyens (plus de 80% du total), ils ne travaillent pas plus de 3 ha, tandis que les gros producteurs peuvent atteindre jusqu'à 50 ha. Les petits producteurs ont tendance à développer des activités économiques complémentaires (pêche, artisanat, vente, etc.) pour survivre.

Le black eyes fait partie aujourd'hui des produits phares de Madagascar en matière d'exportation de denrées agricoles. Le pays en produit près de 45 000 tonnes par an. Selon les données du ministère en charge du Commerce, 27 000 tonnes de black eyes de Madagascar ont été écoulées à l'étranger en 2021. Les principaux clients de ce produit sont l'Union européenne, l'Inde et le Pakistan. Et les acteurs de la filière cherchent actuellement à percer le marché chinois. Mais les produits expédiés sur le marché de l'UE sont confrontés à des problèmes à cause de la présence de résidus de produits phytosanitaires non homologués et de substances actives non autorisés.

Les spécialistes évoquent un " dépassement de limite maximale en résidus de pesticide ". Aussi, pour consolider les acquis et renforcer la position de la Grande île sur le marché international, il est indispensable d'améliorer la qualité des produits. Il s'agit de " préserver la santé des consommateurs et favoriser l'accès au marché international notamment celui de l'Europe ", a indiqué le ministère en charge de l'Agriculture qui a ajouté qu'une analyse du système SPS (mesures sanitaires et phytosanitaires) nationale était devenue cruciale.

Ainsi, en partant des recommandations émises par l'UE, les responsables publics ont sollicité le Comité de Liaison Europe - Afrique - Caraïbes - Pacifique (COLEACP) pour effectuer une évaluation rapide du système SPS de Madagascar. Cette évaluation a permis d'identifier les besoins d'amélioration du système et d'élaborer un plan d'action prioritaire pour la chaine de valeur black eyes.

Ledit plan d'action a été présenté aux représentants des différents acteurs de la filière le 30 septembre dernier. Il repose sur quatre objectifs stratégiques que sont l'amélioration de la gouvernance du système national, le renforcement des processus opérationnels du système nationale, le renforcement des aptitudes et compétences des différentes parties prenantes et l'amélioration des dynamiques de communications et de relations entre les parties prenantes du système SPS. A savoir, enfin, que le principal concurrent du black eyes de Madagascar et celui du Pérou, considéré comme l'une des meilleures qualités à l'échelle mondiale.

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