Burkina Faso: Quelle feuille de route pour la transition?

Déclaration du 30 septembre du MPSR

De l'organisation des élections à la réinstauration de la sécurité, les nouvelles autorités au pouvoir au Burkina auront fort à faire

"Confiante" : c'est avec ce sentiment que la mission de la Cédéao, venue évaluer la situation au Burkina Faso après le deuxième coup d'Etat en huit mois, est repartie mardi (04.10.2022) de Ouagadougou. Le capitaine Traoré, le nouveau chef de la junte, a pour sa part assuré que Ouagadougou continuerait à respecter ses engagements, notamment ceux pris par le lieutenant-colonel Damiba, désormais en exil au Togo.

La sécurité, une priorité

Lutter contre le terrorisme et restaurer l'intégrité du territoire, répondre à la crise humanitaire que connait le Burkina, refonder l'Etat et améliorer la gouvernance et enfin, œuvrer à la réconciliation nationale et la cohésion sociale... Toutes ces tâches étaient inscrites sur la feuille de route des autorités de transition qui viennent d'être renversées.

Alors que l'on attend d'en savoir plus sur les priorités de la nouvelle junte au pouvoir, une chose est certaine : le capitaine Traoré, qui gère désormais la transition, a en partie justifié son coup d'Etat en reprochant à son prédécesseur "la dégradation de la situation sécuritaire" avec une multiplication des attaques contre les civils et les militaires.

Nul doute donc que la restauration de la sécurité sera l'une de ses priorités. Selon Abdoul Karim Saidou, maître de conférence en sciences politique à l'Université Thomas Sankara de Ouagadougou, la transition devra se concentrer sur l'essentiel si elle veut réussir.

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"La question est de savoir si les autorités vont se focaliser vraiment sur la sécurité. Parce que ce qu'on a reproché également au président Damiba, c'était le lien qu'il a voulu établir entre la réconciliation nationale et l'insécurité. Et donc si les autorités ne se concentrent pas sur la question sécuritaire, cela pourra compliquer la situation. Il y a également beaucoup de demandes au niveau des jeunes, les questions d'emplois, les questions sociales, l'assainissement, le logement... Le gouvernement de transition devra, s'il veut réussir, se focaliser sur l'essentiel et laisser les nouvelles autorités qui seront élues à l'issue de la transition gérer par exemple les questions économiques, les questions sociales " explique le politologue.

Au sujet justement des nouvelles autorités qui seront élues, le retour des civils au pouvoir est un point important pour la Cédéao.

Les précédentes autorités s'étaient engagées sur l'organisation d'élections au plus tard en juillet 2024. Un calendrier qui risque d'être difficilement tenable au vu des conditions à remplir avant les élections, selon Abdoul Karim Saidou.

Le besoin de coopération

Alors que les chantiers sont multiples, Sani Adib, analyste spécialiste des questions de politique étrangère et de sécurité basé à Accra, au Ghana, rappelle que les attentes après les coups d'Etat sont souvent exagérées.

"Les citoyens de la Cédéao pensent que les coups d'Etat fournissent une baguette magique qui changera les choses du jour au lendemain. Les choses ne se passent pas de cette façon. Je ne pense pas que le capitaine Traoré puisse changer quoi que ce soit du jour au lendemain. Il faut plutôt adopter une approche internationale plus concertée et coordonnée" précise-t-il.

Comme plusieurs autres observateurs, Sani Adib estime que le Burkina Faso ne pourra pas mener seul par exemple la lutte contre le terrorisme. Les autres pays doivent apporter leur soutien.

La coopération militaire, notamment avec d'autres Etats, la diversification des partenariats était déjà à l'agenda de l'ancienne transition militaire. Une option qui semble aussi figurer en bonne place dans la stratégie de la nouvelle junte au pouvoir.

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