Madagascar: Affaires Politiques - Le FFKM veut ratisser large

Les chefs des églises et le bureau central du FFKM se sont réunis, mardi, au sujet de "la reconstruction nationale". Une initiative dans laquelle le Conseil oecuménique compte impliquer toutes ses ouailles, à commencer par ses démembrements régionaux. Reconstruc-tion nationale. Le terme a été acté durant une réunion entre les membres du bureau central et les quatre chefs des églises au sein du Conseil oecuménique des églises chrétiennes de Madagascar (FFKM), mardi, en milieu d'après-midi. Ce terme de "reconstruction nationale", selon les explications, est à la fois l'intitulé, mais est également l'objectif de la démarche engagée par le FFKM. Une initiative lancée officiellement lors d'un culte à la paroisse catholique Saint Michel, à Ampa-hibe, le 17 septembre.

"Le but est de parvenir à la construction d'une vraie nation malgache, qui oeuvrera de concert pour le bien-être commun et celui de chaque habitant, ainsi que le développement national", explique le pasteur Hery Rabarimanana, membre du bureau central du FFKM.

Dans cette optique, le Conseil oecuménique compte ratisser large, confirme le pasteur Rabarimanana. Le FFKM passera concrètement à l'action lors de la réunion annuelle de son Comité central qui se tiendra à Amba-tondrazaka, du 22 au 25 novembre. "Ce sont les représentants des trente-cinq régions du FFKM qui vont déterminer, lors de cette réunion, la voie à suivre", ajoute le membre du bureau central du Conseil oecuménique. "En somme, ce que nous allons faire, c'est que l'Église va réunir ses enfants", indique le pasteur Rabarimanana.

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Comment et quand le Conseil oecuménique compte-t-il réunir ses ouailles et quelles seront les questions auxquelles les participants au rendez-vous d'Ambatondra-zaka devront répondre. Ils auront, également, à répondre à la question, comment parvenir à la reconstruction nationale. Un point sur lequel le Conseil oecuménique compte s'appliquer à hermétiser son initiative contre les visées politiques. Le pasteur Rabari-manana a mis les choses au clair d'entrée lors du culte du 17 septembre.

Nouvelle tentative

"Si vous attendez autre chose, si vous êtes ici pour d'autres raisons, vous faites fausse route", a-t-il lancé dans son homélie. Des mots prononcés face à un parterre de politiciens, essentiellement d'opposition, venus en nombre à Ampahibe. Une ligne qu'il a réaffirmée durant un entretien par téléphone, hier.

"Il n'y aura pas de partage de gâteau. Le FFKM n'a pas de siège à distribuer (... )", souligne-t-il, en ajoutant, "cela ne signifie pas que nous allons écarter les politiciens du processus. C'est juste qu'ils n'auront pas l'apanage des débats". Le pasteur Rabarimanana note qu'outre les politiciens, le FFKM "a des fils et des filles qui ont des compétences dans différents domaines et qui occupent de hautes responsabilités dans différents secteurs".

Le membre du bureau central du Conseil oecuménique concède que les calculs politiques ont tué dans l'œuf un précédent appel à ses ouailles lancé par le FFKM, pour sortir le pays du bourbier. C'était en 2016. Les politiciens s'étaient bousculés aux portillons de l'initiative engagée par le FFKM. Au final, l'issue a été des recommandations résolument politiques. Les recommandations se sont ainsi heurtées au véto des tenants du pouvoir de l'époque. Le FFKM ne veut pas que sa nouvelle tentative pour "la reconstruction nationale", soit un nouveau coup d'épée dans l'eau.

"Malheureusement, pour les politiciens, le principal objectif reste toujours l'appropriation du pouvoir", regrette le pasteur Rabarimanana. Aussi, sur la forme, le terme "concertation nationale", que s'est appropriée l'opposition est proscrite. Une démarche dont le principal objectif est de réformer les lois et les institutions électorales. La présence massive des membres de l'opposition à Ampahibe, le 17 septembre, était justement dans l'espoir d'un soutien affirmé du conseil oecuménique à la "concertation nationale". Le pasteur Hery Rabarimanana a opposé la mise au point dans son homélie.

Durant l'échange téléphonique d'hier, le membre du bureau central du FFKM explique que "l'appel aux filles et aux fils de l'Église débouchera sur des recommandations pour la reconstruction nationale à remettre aux tenants du pouvoir, qui sont habilités à en donner force exécutoire". Par la voix de Lalatiana Rakoton-drazafy Andriatongarivo, ministre de la Communi-cation et de la culture, mais aussi porte-parole du gouvernement, l'Exécutif refuse toute démarche ayant des visées politiques.

L'État rembarre toute idée de redistribution des cartes du pouvoir, ou intention de remettre en cause le planning électoral, notamment, l'élection présidentielle. Le FFKM se veut rassurant sur ce point et compte s'appliquer à éviter tout amalgame avec ses intentions et les débats politiques.

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