Centrafrique: Qui est Kossimatchi, ce proche du président Touadéra ?

Portrait d'un tribun centrafricain qui ne mâche pas ces mots, que ce soit à l'égard de l'opposition ou des pays occidentaux.

Il symbolise la face visible du discours haineux et de la violence politique en Centrafrique. Blaise Didacien Kossimatchi, membre du bureau politique du MCU, le parti du président Faustin-Archange Touadera. Ses diatribes et menaces de mort contre les opposants politiques et contre tous ceux qui ont un avis contraire aux tenants du pouvoir étaient restés impunis mais le vent pourrait tourner puisque son mouvement, la Galaxie nationale, vient d'être suspendu.

Plusieurs casquettes

Enseignant chercheur à l'Université de Bangui, Blaise Didacien Kossimatchi est à lui seul un acteur politique et de la société civile. Ses paroles et ses actes traduisent de façon assumée ce que le pouvoir de Bangui pense tout bas.

Didacien Kossimatchi se comporte parfois comme un supplétif de la justice pour accuser les opposants au président Touadera de crimes dont lui seul dispose des éléments de preuve. Avec une capacité de mobilisation, il a plusieurs fois organisé des rassemblements contre la Minusca, menacé à visage découvert la France et les Français.

"Nous, en tant plate-forme de la Galaxie nationale, en tant que plateforme de la société civile, même si on nous qualifie aujourd'hui de pro-gouvernemental, on est d'accord. Notre rôle c'est de dénoncer tambour battant tout ce qui ne marche pas dans le pays. Tout ce qui est coup d'Etat ou rébellion. Nous avons ce courage de dénoncer. Pourquoi ?... Nous avons pour référence biblique le Livre des proverbes" c'est ainsi que Blaise Didacien Kossimatchi présente son crédo.

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Sa politique est donc sans égard envers ses adversaires et notamment les pays occidentaux. Sa proximité avec le président Faustin-Archange Touadéra explique son sentiment d'impunité et la manière qu'il a de vilipender qui il veut. Il s'en prend ainsi violemment à tous les opposants, à commencer par leur chef de file, Anicet Georges Dologuélé.

"On a cité certains leaders politiques qui sont complices de coup d'Etat avec la Coalition des patriotes pour le changement. Je parle de Dologuélé qui a donné au mois de décembre 2020 une somme faramineuse à François Bozizé pour renverser le président Touadera" des accusations qui sont portées par Didacien Kossimatchi sans présenter aucune preuve.

"Tous menacés"

En attendant, les victimes de Blaise Didacien Kossimatchi se sentent impuissantes face aux attaques de ce dernier. L'opposant Crépin Mboli-Goumba déplore la violence de mots employés et fait un parallèle avec le génocide au Rwanda.

"Cette incitation à l'assassinat politique c'est l'échec de notre société. Nous avons failli à l'éducation de nos enfants, on a perdu le sens de la mesure et finalement la rue va au centre de la décision sans vraiment avoir été préparé tant sur le plan de l'éducation que sur le plan intellectuel.

La violence se nourrit de l'absence d'argument. Le promoteur de la violence est celui qui est incapable de dérouler une justification cohérente par rapport à son action politique. Nous sommes tous menacés et même la communauté internationale représentée dans notre pays. Parfois ça frise le délirium tremens, il y a des gens qui ont besoin d'être suivis psychologiquement.

Mais nous en tant que démocrates nous avons des moyens légaux, je puis vous garantir que pour enraciner davantage de démocratie dans notre pays, il faut que les gens payent pour les actes posés. En réalité, lorsqu'on parle de l'impunité dans notre pays, les gens voient les crimes de sang. Mais je pense que l'incitation à la haine c'est ça qui a donné lieu au génocide tutsi au Rwanda", précise Crépin Mboli-Goumba.

Par ailleurs, Blaise Didacien Kossimatchi revendique le titre d'ambassadeur de Talitha Koum, une organisation pro-russe qui a organisé des dizaines de rassemblement contre la France, la Minusca et en faveur de la présence des mercenaires russes de Wagner en Centrafrique.

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