Congo-Kinshasa: De retour des vacances parlementaires à Dungu dans le Haut-Uéléb - Xavier Bonane Ya Nganzi alerte sur le risque de la balkanisation à partir de Haut-Uélé

Bonane Ya Nganzi, élu du territoire de Dungu, dans la province du Haut-Uélé, revient à Kinshasa après trois mois des vacances parlementaire. Cette obligation constitutionnelle est également prévue dans le règlement intérieur de l'Assemblée nationale. C'est l'occasion pour chaque élu de se mettre à la disposition de ses électeurs pour leurs doléances en vue de les présenter aux plénières.

De retour de son fief électoral, ce haut cadre du PPRD de Joseph Kabila tire la sonnette d'alarme sur le risque de balkanisation du pays à partir du Haut-Uélé. Et de souligner : "Contrairement à ce qu'on croit que ce sera toujours le Nord-Kivu. Et vous avez ici les Mbororo qui occupent déjà une bonne partie du Haut-Uélé. Vous avez les Seleka, avec Ali Darassa, qui circulent maintenant. Qui viennent partout à Niangara ou à Dungu, etc. Nous avons une frontière poreuse. Les forces qui viennent du Sud-Soudan, et qui débordent au Congo, trouvent dans notre frontière un seul militaire congolais qu'ils molestent avant de poursuivre leur "promenade de santé" en RDC, comme dans un territoire conquis" avant de se révolter en ces termes : "Mais ça c'est extrêmement grave pour notre souveraineté". Il a alerté que les choses horribles risquent de se passer dans le Haut-Uélé si nous ne faisons pas attention et si nous ne nous mettons pas au travail, tout de suite.

En tant que haut cadre du parti de Joseph Kabila, il a profité de ses vacances parlementaires à Dungu pour réarmer son PPRD. " Je dois vous dire que, jusqu'à aujourd'hui, le parti-phare du territoire de Dungu, c'est le PPRD. Qu'on le veuille ou pas, nous sommes, plus que jamais, déterminés à reconquérir le pouvoir que nous avons perdu par notre propre faute. Ainsi, j'ai réarmé tous les camarades militantes et militants du PPRD ", a-t-il fait savoir.

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Réputé pour sa discrétion et sa grandeur, Xavier Bonané ne s'est empêché d'avouer qu'il a eu à entreprendre des initiatives à caractère social du genre l'obtention de licences pour les équipes de football de Dungu afin qu'elles soient en règle pour participer au championnat local. Et de lâcher : " Chez, nous, les Azande, nous disons toujours que : " Quand tu donnes de la main droite, il ne faut pas que ta main gauche le sache ". Ne compter donc pas sur moi pour dire que " Voilà j'ai payé le minerval pour telle personne, je fais ceci " a-t-il insisté.

" Néanmoins, a-t-il enchainé, nous avons peur que ce qui se passe en Ituri (avec le CODECO) ou au Nord-Kivu (avec les ADF) ne soit exporté chez nous ici. Et que si jamais ces assaillants faisaient la jonction avec ceux qui sont ici (les Mbororo, les Seleka), nous craignons beaucoup que le problème de sécurité s'aggrave dans notre province de Haut-Uélé et se détériore dans les territoires de Dungu et de Watsa ".

Le contact avec ses électeurs s'est focalisé notamment sur le processus électoral qui se trouve à l'étape de la consolidation de la cartographie électorale. Il a commencé par stigmatiser une certaine volonté de minorer les centres d'inscription dans le territoire de Dungu. Et d'ajouter : " Nous avons fait le tour de la situation au sujet des démarches que nous avons menées ici à Kinshasa pour que nous rentrions dans nos droits. D'autant plus que, aujourd'hui, la population de Dungu est estimée à plus ou moins 500.000 habitants, répartie plus ou moins équitablement sur ses trois collectivités, à savoir : Wando, Malingindo et Ndologa " avant de renchérir que le but visé est de mobiliser la population afin d'atteindre au moins 350.000 électeurs enrôlés pour le territoire de Dungu.

Cela permettra d'améliorer la représentativité du territoire de Dungu. " Au lieu que je sois le seul député national de Dungu, on va avoir deux ou trois députés nationaux et trois, quatre ou cinq députés provinciaux ", a-t-il expliqué.

Cet ancien Secrétaire Général du Gouvernement est également revenu sur le programme de développement local des 145 territoires en soulignant qu'il s'agit d'un projet du Gouvernement central qui ne figure pas dans le budget de l'État exercice 2022. Et d'indiquer malgré tout que c'est une bonne idée qui souffre, néanmoins d'un déficit de management de la part du gouvernement central. Il a précisé à cet effet : " ... selon nos informations, pour exécuter ce programme, on a divisé le territoire national en parties (zones). Et le gouvernement, n'ayant pas les moyens de financer lui-même son propre projet, il recourt maintenant aux partenaires internationaux, à savoir : le programme des Nations unies pour le Développement (PNUD), ainsi que la Coopération française. Ces deux partenaires vont se déployer sur 17 provinces sur les 26 que compte la RDC. Et le Haut-Uélé se trouve parmi les 9 provinces non sélectionnées par ces deux partenaires et c'est l'État congolais qui doit financer la mise en œuvre du PDL dans lesdites provinces, sous le management du BCCO, qui a déjà désigné, par appel d'offre, le chef d'agence dans chacune de ces 9 provinces ".

Cependant, ce haut cadre du PPRD déplore que sur les 70 de sociétés attributaires recrutées par le BCCO pour l'exécution sur terrain de ce projet, seulement six (6) entreprises sont de la province de Haut-Uélé. Toutes les 64 autres viennent des autres coins de la République. Et que les 6 territoires du Haut-Uélé sont essentiellement attribués aux structures religieuses.

A titre d'exemple, pour le territoire de Dungu, c'est la Congrégation " Les Religieux de Saint-Vincent de Paul (RSV) ", pour le territoire de Faradje, ce sont les religieuses de sœurs de Sainte Famille de Bordeaux (basées à Kikwit, province de Kwilu). Donc, elles vont venir de Kikwit pour exécuter des travaux à Faradje. Et de souligner qu'il y a des territoires comme Wamba ou Niangara qui sont en cours de recrutement des entreprises qui vont faire le travail. Pour Dungu, a-t-il fait savoir, les travaux qu'ils ont retenu, c'est la construction ou la réhabilitation de 10 écoles et de 5 centres de santé avant d'évoquer les routes qui restent fondamentales pour ce territoire du Haut-Uele plus tôt que autre chose.

En outre, il y a aussi le dossier sécuritaire. Sur ce, cet élu de Dungu rappelle que depuis 2008, son fief fait face à la guerre, avec la LRA, puis le Seleka et maintenant l'invasion des Mbororo, etc... Mais depuis un certain temps, il y avait comme une espèce d'accalmie et que les populations qui avaient migrés, du Nord vers le Sud, à cause des atrocités, sont maintenant rentrés dans leurs villages respectifs. " Mais actuellement, affirme-t-il, nous subissons les effets dévastateurs de la crise sécuritaire qui sévit dans les provinces de l'Ituri et du Nord-Kivu, de telle sorte qu'il y a maintenant des bandits et des groupes armés qui commencent à s'infiltrer de l'Ituri ou du Nord-Kivu vers le Haut-Uélé, essentiellement du côté de Ndanda, de Lingbombi, Longno, en allant vers Tora. Et ces infiltrés mènent ent essentiellement des attaques dans les carrières d'or, pour piller l'or et des matériels et tendent des embuscades, si bien qu'ils ont même tué dernièrement des militaires FARDC, nos militaires, et kidnappé certaines personnes. Heureusement que les forces de l'ordre et de sécurité sont en train de faire des efforts pour les mettre hors d'état de nuire. On a même arrêté 14 assaillants qui sont tous curieusement originaires du Nord-Kivu et non des populations du Haut-Uélé ".

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