Afrique de l'Ouest: M. Robert Kotchani, nouveau Représentant Régional du HCDH - « En matière des droits de l'homme, il n'y a jamais d'élève parfait »

M. Robert Kotchani, Représentant Régional du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme pour l’Afrique de l’Ouest
7 Octobre 2022
interview

Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme a reçu les Organisations de la société civile (Osc) et acteurs des médias œuvrant dans le domaine de la protection et la promotion droits de l’homme. L’évaluation du Cadre de coopération du Système des Nations unies et du Gouvernement du Sénégal était à l’ordre du jour. En marge de l’ouverture des travaux, ce jeudi 6 octobre 2022 à Dakar, le nouveau Représentant Régional du HCDH, M. Robert Kotchani s’est entretenu avec allafrica.com sur les enjeux de la question des droits de l’homme au Sénégal et en Afrique de l’Ouest.

Quel est l'objet de la rencontre avec les OSC et l'importance de la prise en compte des Droits de l'Homme dans le prochain Cadre de Coopération UN-Gouvernement du Sénégal ?

Dans un souci de ne laisser personne pour compte, le système des Nations Unies sous l’égide du Coordinateur Résident du Système au Sénégal a décidé de mener des consultations avec différentes parties prenantes. Ainsi des consultations ont déjà eu lieu avec des organisations de femmes, ainsi que les organisations de personnes vivant avec un handicap.

Pour cette rencontre, c’est la société civile dans son ensemble qui est réunie afin de les consulter et de prendre en compte  leurs préoccupations en tant que partenaires du Système des Nations Unies sur les questions des Droits de l’Homme pour que leurs recommandations se reflètent dans la formulation du plan de coopération des Nations Unies avec le Sénégal couvrant la période 2024 à 2028. Le cadre précédent devant échoir en 2023.

C’est donc une démarche inclusive qui vise à s’assurer qu’on puisse recueillir les opinions de toutes les couches de la société afin que la réponse qui va être proposée et discutée avec le Gouvernement du Sénégal, prennent en compte les aspirations de tous les acteurs consultés.

Par exemple, lorsqu’on consulte les personnes vivant avec le handicap, elles peuvent souhaiter que conformément aux dispositions pertinentes de la Convention des Nations Unies relative aux Droits des Personnes Handicapées, des mesures particulières soient prises  pour leur permettre d’accéder aux édifices et services publics ou privés sans discrimination aucune.

Donc consulter ces différents partenaires revient à s’assurer qu’on prenne leurs points de vue en compte dans la rédaction du cadre qui va gouverner le travail des Nations-Unies d’une façon générale avec  le Gouvernement du Sénégal pour les cinq années à venir.

Qu’elles sont les grandes lignes du plan de coopération qui lie le Sénégal au Système des Nations Unies pour les droits de l’homme ?

Nous accompagnons le Sénégal  dans les domaines des droits de l’homme. Notre rôle c’est d’assurer une meilleure prise en charge de ces questions par tous les acteurs étatiques ou non, dans le pays.

Il s’agit de tout ce qui est ratification et mise en œuvre des traités aussi bien au niveau des Nations-Unies que de l’Union africaine. Il y a également la participation du Sénégal à l’examen périodique universel (EPU).

Les questions de genre, les droits des enfants, les droits de la femme, les droits de minorités, les personnes vivant avec handicap, ainsi que le monitoring des lieux de privation de liberté et des conditions de détention, sans oublier les progrès liés aux Objectifs de développement durable, sont autant de thématiques sur lesquelles nous accompagnons le  Sénégal.

Est-ce qu’on peut dire que le Sénégal est un pays qui respecte les droits humains dans toutes ces formes ?

En matière des droits de l’homme, il n’y a jamais d’élève parfait. Que ce soit en Afrique, en Amérique, en Asie ou en Europe. Il y a toujours la mention « peu mieux faire ». Le Sénégal est un pays qui a ratifié un nombre important de traités au niveau des Nations-Unies et de l’Union africaine.

La mise en œuvre peut toujours être améliorée. Nous pouvons féliciter le Sénégal mais nous sommes convaincus que le pays peut toujours faire mieux notamment en ce qui concerne la mise en œuvre de ces traités.

Notre rôle et celui des médias c’est d’accompagner le Gouvernement dans la mise en œuvre de ces traités en comprenant où sont les lacunes et comment on peut aider à les surmonter.

A l’origine, tout le monde doit être mis en contribution notamment les professionnels des médias qui ont une force de multiplication et de dissémination de l’information qu’on ne trouve nulle part ailleurs.

Notre travail auprès de la société civile dont les organisations des médias c’est de les sensibiliser afin qu’ils rapportent objectivement sur ce qui a été bien fait, sur ce qu’on peut mieux faire, pour que vous puissiez informer les populations pour que tout le monde se mobilise. Quand les droits de l’homme sont respectés, tout le monde est content.

En votre qualité de nouveau Représentant Régional, quels sont les questions et projet prioritaires du bureau dans la région ?

Ce bureau régional couvre tous les pays de l’Afrique de l’Ouest mais avec une priorisation pour les pays où il n’y a pas une présence significative d’institutions  des droits de l’homme des Nations Unies ou autres. Par exemple, nous avons la MUNISMA installée au Mali une division des droits de l’homme. Donc nous travaillons avec le Mali mais pas de la même chose qu’avec le Sénégal où nous sommes présents. Nous travaillons aussi à titre prioritaire avec le Ghana, le Bénin, la Côte d’Ivoire.

Donc les thématiques prioritaires sur lesquels nous allons mettre l’accent c’est d’abord la ratification des traités là où ce n’est pas encore fait. Là où c’est fait la mise en œuvre. Comment s’assurer que lorsque le Gouvernement veut promouvoir les droits de la femme, qu’on puisse le faire sur la base de la CEDEF, sur la base de la Déclaration universelle des droits de l’homme et tous les autres traités liés aux droits de la femme y compris le Protocole à la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples relatif aux Droits de la Femme en Afrique (Protocole de Maputo).

Il ne s’agit pas uniquement de critiquer ce qui n’est pas bien fait mais surtout de mettre l’accent sur comment on peut l’aider à mieux faire. Sur cette base et tenant compte du fait que nous allons nous focaliser sur les pays où nous ne sommes pas physiquement présents.

Nous allons faire du plaidoyer pour qu’il ait toujours un peu plus de promotion de protection des droits de l’homme ; là où il n’y a pas d’institution nationale des droits de l’homme (INDH) fonctionnelle, appuyer les Etats à mettre en œuvre et à opérationnaliser ce genre d’institutions nationales afin que toutes les INDH de la sous-régions soient au Statut ‘’A’’ qui est le plus élevé. En synergie avec les Gouvernements, les Nations Unies, les OSC et les autres acteurs de la sous-région, nous allons activement plaider pour le renforcement de tous les droits : civils, politiques, économiques, sociaux et culturels.

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