Ile Maurice: Petits et grands transfuges

Notre propos d'hier sur le phénomène de Money Politics, ou les Money Talks actuellement en cours, ayant fait assez fortement réagir les milieux politiques concernés, il convient de continuer notre questionnement sur le retournement de vestes : quel traitement devrait-on réserver aux transfuges ? A cette question centrale, d'autres viennent s'y rattacher. Par exemple, y a-t-il un profil du transfuge-type en 2022 alors que l'immobilisme reste ancré à la tête des principaux partis depuis des décennies ? Certes, le pouvoir, l'appareil d'Etat, les nominations et l'argent peuvent être des carottes qui font marcher les élus dans une direction ou dans une autre. On tend alors à en faire un usage abusif parce qu'il y a rien dans nos textes de loi qui stipule si un député devrait être astreint à siéger sous la bannière du parti ou du bloc pour lequel il a été élu durant toute la durée de son mandat.

Un élu qui n'aurait pas le droit de changer d'affiliation, donc d'idée ou de position, ne deviendrait-il pas trop dépendant du parti ? Ce qui pourrait alors nuire aux intérêts de ses électeurs. Mais les électeurs mauriciens élisent-ils une personne ou un parti, peu importe si celui-ci aligne des pié banane ?

Quant aux élus de la majorité, même s'ils redoutent l'usure du pouvoir ou l'accumulation des scandales, ils se sentent frustrés par l'arrivée des nouveaux, aux appétits neufs.

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Depuis quelques jours, certains députés nous disent "en off" qu'il leur faut conserver le pouvoir de changer de parti afin de "préserver l'indépendance nécessaire à l'accomplissement de leur mandat", même si moralement cela peut choquer. D'autres élus confient que la perspective de se présenter devant l'électorat "sous la bannière d'un gouvernement ou d'un chef impopulaire" peut provoquer un changement d'allégeance surtout quand leur voix n'est pas entendue, voire étouffée, à l'interne.

Quant aux élus de la majorité, même s'ils redoutent l'usure du pouvoir ou l'accumulation des scandales, ils se sentent frustrés par l'arrivée des nouveaux, aux appétits neufs. Mais, réalistes, ils songent aux "difficultés" qui se poseront quand il faudra effectivement renoncer aux fonds, souvent perdus, du parti au pouvoir.

A voir les gesticulations des uns, et à entendre les confidences des autres, et devant l'urgence politique de revoir le système électoral afin de le désethniciser (avant que Rezistans ek Alternativ ne retourne devant le Privy Council), il est manifeste qu'on ne devrait pas empêcher un député qui ne serait plus en phase avec son parti ou son Lider Maximo de changer d'écurie. Au nom de sa liberté de conscience et de mouvement, il devrait pouvoir briser ses chaînes et s'en aller pour siéger en indépendant durant le reste de la législature. Mais on ne devrait pas lui permettre de se joindre à un autre parti, en plein mandat, après marchandage. Car n'oublions pas, il y a les petits et les grands transfuges. Et les mandants savent distinguer les caméléons des braves. Les votants aussi.

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