Cote d'Ivoire: PDCI-RDA - Bédié pas encore sorti d'affaire

Henri Konan Bédié

On ne fait pas baisser la température en cassant le thermomètre. Henri Konan Bédié doit désormais le savoir. Le 29 septembre dernier, le président du parti doyen a réuni dans son fief de Daoukro un bureau politique élargi au comité des sages pour laver le linge sale en famille et espérer une accalmie au sein de sa formation politique qui est traversée depuis quelques mois, par des hostilités entre des clans.

Alors que les uns et les autres attendaient le grand déballage en vue d'amorcer un nouveau virage dans la perspective des élections locales de 2023 et de la présidentielle de 2025, les organisateurs ont dribblé tous les participants et fait lire une motion appelant à la candidature unique d'Henri Konan Bédié au 13ème bureau politique prévu dans les mois à venir.

Ce passage en force n'a été pas du goût de certains militants, dont Germain Kassi, coordonnateur général adjoint de la marée verte, une organisation de jeunes proches du PDCI-RDA. " En annonçant cela, on tue la démocratie plus ou moins en interne, on ne donne pas la possibilité à d'autres cadres qui peut-être ont des ambitions, des velléités d'être candidat de se présenter ", a-t-il protesté auprès de nos confrères de RFI.

De même, les quelques militants, qui ont pris la parole au cours de cette rencontre, n'ont pas usé de la langue de bois pour s'attaquer à l'entourage du président du PDCI qui cristallise tous les débats. Ange Dagaret, délégué de Cocody et Aby Raoul, député maire PDCI de Marcory, n'y sont pas allés avec le dos de la cuillère pour dénoncer la gestion de leur formation politique. Le premier a déploré l'apathie du président du PDCI dans la gestion de la chose commune. " Les délégués ne peuvent pas se battre et vous allez rester sans taper du poing sur la table ", a-t-il laissé entendre à l'endroit d'Henri Konan Bédié.

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En invitant le président de sa formation politique à se débarrasser de ceux qui n'ont pas le parti dans le cœur et qui augmentent chaque jour leur nombre autour du président du parti. Selon lui, c'est du jamais vu de voir des délégués se rassembler pour abattre d'autres délégués. Pour Ange Dagaret, le silence de Bédié s'apparente à une complicité.

" Monsieur le président, comme on le dit à Abidjan, vous êtes dans pain ", a-t-il martelé. Le député-maire de Marcory, lui, s'en est pris à l'entourage du président de sa formation politique. " On ne nous respecte pas et on nous demande des cotisations à tout bout de champ ", a-t-il dénoncé.

Désormais, l'élu veut un dialogue direct avec le patron du PDCI. Pour Aby Raoul, les choses doivent changer. Surtout qu'il croit savoir que l'entourage de Bédié choisit des candidats aux différentes élections par complaisance ou pour faire plaisir à quelqu'un. " Désormais, il faut éviter de vouloir tromper le chef. Il faut bien observer et choisir le candidat qui peut gagner ", a-t-il recommandé.

On le voit, avec ces différentes prises de position, Henri Konan Bédié n'est pas au bout de ses peines. Le PDCI est sorti plus divisé que jamais de son bureau politique. Les plaies n'ont pas été pansées comme il se devait.

Et demain la vie au sein du parti doyen pourrait être plus électrique qu'il ne l'est actuellement. Surtout qu'à la veille de ce bureau politique deux plaintes avaient été déposées contre X. Me Atabi Kouoto Honoré, avocat du Pr Maurice Kakou Guikahué, a déposé une plainte, le mardi 27 septembre 2022, contre X au Parquet d'Abidjan pour diffamation contre son client.

" Nous avons porté plainte, notamment, par le fait que des personnes allèguent que, lorsqu'il a été arrêté à la suite de la désobéissance civile, les gens ont trouvé 200 millions de FCFA à son domicile. Ce qui est archi-faux" indique son avocat.

Un autre clash en perspective en attendant des explications sur deux autres points très attendus des militants : le retrait du candidat du PDCI à la présidentielle de 2020 et la participation de son président à la création du Conseil national de transition, instrument mis en place par l'opposition pour déstabiliser le pays, sous le couvert du boycott actif et de la désobéissance civile, avec le secret espoir d'empêcher la tenue du scrutin présidentiel et d'instaurer une transition.

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