Guitariste, auteur-compositeur et poète, Pierre Akendengue a placé la culture africaine au cœur de ses priorités. Sa chanson " Negro " dénonce la domination de l'occident sur l'Afrique.
Paru en 1976 grâce au label " Saravah ", le titre " Negro " occupe la deuxième place de la face A du disque 33 tours référencé SH 10062. La chanson nous entraîne au cœur de l'histoire de l'Afrique marquée par plusieurs siècles d'esclavage et de colonialisme. Il est, en effet, clair que le corps de l'homme noir a toujours servi les intérêts de l'homme blanc, tant dans les plantations d'Amérique du Nord que dans celles des cannes à sucre des Antilles.
Cette œuvre s'ouvre par le son de l'orgue, soutenu par la guitare accoustique. Akendengue, à la manière d'un griot, se déchaîne. Il est ensuite accompagné par un chœur. La traduction de cette mélopée que nous avions récupérée sur la pochette du disque est " La générosité du nègre, c'est une des ces choses qu'aucun artisan ne peut faire, non aucun artisan ne le peut. Et que dire de sa gentillesse, quand un étranger arrive au village, on lui donne un siège, nous nègres avons les mêmes us et coutumes, le même souffle vital. Mais voilà le nègre pieds enchaînés, on se rit de lui, on lui vole ses terres, sans oublier ceux qui meurent à Inongwayile ".
Parlant de cette chanson, l'écrivain Sylvère Mbondobari souligne : " A la gentillesse et l'hospitalité de l'Afrique, Akendengue oppose l'égoïsme, la violence et la cruauté de l'Europe esclavagiste et colonisatrice ". Notons que dans ce disque, Jean- Marie Mennecier est à la basse, Jean -Pierre Nebauer à la contre basse, Jean Pierre Auffredo à la guitare et à la flûte, Patrice Cramer à la batterie, Fodé à la percussion, Dominique Brouth, François Ombanda, Françoise Ngwanga et Marianne Ndjongue exécutent le chœur. Pierre Akendengue est au chant et joue de la guitare acoustique.
Né le 25 avril 1943 à Awuta, au Gabon, Pierre Claver Akendengue est initié à la musique par ses oncles, joueurs de cithare et de guitare. Il a 14 ans lorsqu'il commence à composer. L'artiste part étudier la psychologie en France. Alors qu'il fait son entrée au petit conservatoire de la chanson, il fait la connaissance de Mireille Haeuch, une chanteuse, compositrice-interprète et animatrice de la télévision française qui le conseille d'écrire dans sa langue maternelle. En 1973, il rencontre le chanteur-poète Pierre Barouth, créateur du label Saravah. Il sera le premier artiste du continent africain à enregistrer pour ce label. En 1985, de retour au Gabon, il crée un espace de rencontre artistique. Dix ans plus tard, il collabore avec Hughes de Courson dans l'album " Lambarena : bach to africa ". de 1973 à 2018, l'artiste a signé vingt-six albums.
