Emmener la culture Bédik au centre de la musique électronique. C'est le principal défi de l'artiste Benoît Fader Keita, alias Beni Fadi.
Il l'a matérialisé à travers son album intitulé « FARKOKO » (« caméléon » en Ménik) qui vient de sortir, ce vendredi 7 octobre 2022. Un opium rendu public après une tournée par Dakar, Paris et Berlin. Cet album est constitué d'un mélange de musique électronique et de sonorités purement africaines.
Les services de communication de l'artiste renseignent que les titres de ce chef d'œuvre ont été produits au cœur du pays Bedik, à Bandafassi, près de la frontière sénégalaise avec le Mali, lorsque les collectifs RISE et ElectrAfrique ont uni leurs forces et sont venus rendre visite à Benoit et sa communauté.
Se prêtant aux questions de nos confrères de The Gardian, lit-on dans un document parvenu à la rédaction de allafrica.com, Beni Fadi confie qu'il ne veut pas assister à la mort de sa langue et de sa culture. « Ça me rendrait complice…», a-t-il lancé.
A leur croire, cette production présente trois manières différentes de faire entendre la langue Ménik. Il s'agit de "Kedoba" que Beni Fadi & Passa Beatz ont réalisé avec DJ Cortega qui, basé à Dakar, est cofondateur d'ElectrAfrique, un collectif qui promeut la musique électronique panafricaine depuis plus de dix ans.
La même source renseigne que ce dernier s'est associé à Passa Beatz, un producteur de musique sénégalaise connu comme le sensei du beatmaking.
Il est l'ingénieur du son du Deedo Dakar Studio et l'un des producteurs les plus polyvalents du pays. Avec les musiciens de Bedik, poursuit-elle, ils produisent un morceau qui mélange afro house et trap avec des sons traditionnels.
L'autre aspect inédit de « FARKOKO » est reflété par "Matcha-Matcha". Un tube que Beni Fadi a réalisé avec Ukai Ndame et Walter Griot qui est un DJ basé à Berlin avec des racines sénégalaises. Selon l'encadrement de Beni Fadi, cet inconditionnel est réputé comme étant un professionnel qui pousse le mouvement Afro House en Allemagne depuis plus d'une décennie.
Selon lui, il a grandi dans une famille traditionnelle de Griot et ce projet lui a donné l'opportunité d'explorer une nouvelle facette du Sénégal.
Avant d'ajouter qu'il a fait équipe avec Ukai, qui est né en Angola et a grandi en Afrique du Sud. Il est connu à Berlin pour ses mélanges élégants de musique et de mode.
"Kumang" (ne pas accepter) est également un autre tube qui sort du lot. Un produit réalisé avec le concours de Hyenah qui, visitant le Sénégal pour la première fois, a écrit cette chanson avec Beni Fadi quelque part entre le village de Bandafassi et le Deedo Dakar Studio, renseigne les services en charge de la communication de l'artiste.
Toujours selon lui, la majeure partie de la chanson a été faite pendant un trajet en van de 14 heures.
Agé de de 36 ans, Benoît Fader Keita alias Beni Fadi est issu de la minorité Bédik du sud-est du Sénégal. Le Ménik, sa langue maternelle, lit-on dans le même document, est parlé par moins de 4000 personnes.
La même source rappelle que l'Unesco la classe parmi les 2500 langues menacées dans le monde. Devant cet état de fait, l'artiste pense que sa musique pourrait être la clé pour sauver sa langue qu'il chérit, de l'extinction.
https://soundcloud.com/risebln/sets/beni-fadi-the-bedik-orchestra-farkoko-ep-rise013