Congo-Kinshasa: Uvira - Sortir des nasses socio-politiques

*La soumission aveugle aux hommes et femmes en position de force, le manque d'une vision commune pour le développement intégral, l'égoïsme moderne où chaque leader d'Uvira ville, universitaire et opérateur économique cherche à évoluer et réussir seul. Cela fait partie des causes profondes du non-développement urbain d'Uvira.

Car, en observant l'activisme desdits leaders et des aspirants Politiques de notre terroir, ils ont, en majorité, des programmes politiques et sociaux qui n'ont rien à avoir avec l'intérêt général d'Uvira, malgré quelques gestes de démonstration et surtout que ces actions sont souvent planifiées et réalisées dans la période pré-électorale, depuis plus de deux décennies.

Depuis 2006, en effet, ils réussissent à être des Députés nationaux et provinciaux, des agents et cadres dans l'administration publique congolaise oui, mais la question qui se pose à ce niveau, est que ces hommes et femmes combattent en faveur de qui et avec qui ? Et pourquoi ? Ce phénomène d'aveuglement socio-politique persiste à Uvira où la population et la jeunesse, en particulier, est prête à applaudir et soutenir régulièrement celui qui l'a paupérisé et l'a pillée sauvagement.

Nous rappelons aux jeunes que la ville d'Uvira n'est plus une collectivité réservée uniquement aux BAVIRA, aux BAFULIIRU et moins, une entité où les barbares politico-militaires imposent leurs règles pour gouverner.

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Ces vieilles philosophies Politiques, administratives et économiques n'ont plus de chance d'émerger dans une société de pluralité culturelle, où les congolais, venant dans les quatre coins de la RDC, sont tous dans une compétition d'actions urbaines dans tous les domaines possibles.

Nous devons nous souvenir que la ville d'Uvira est une entité qui lie la RDC avec trois pays dont le Burundi, la Tanzanie et la Zambie d'où la mentalité d'ouverture aux autres est une valeur.

Il est temps de changer le paradigme à Uvira ville pour entrer dans l'ère de grande réalisation économique, technologique et politique et s'imposer, petit à petit, dans ce Congo-RDC qui n'arrive pas à écouter les circonscriptions urbaines ayant des leaders politiquement infantiles et sans capacité de se mettre en réseaux pour assurer leurs responsabilités auprès de leur base.

Il est prudent d'accepter que l'urbanisation sociale, culturelle, politique et économique a ses impératifs.

D'où, la compétence professionnelle, technologique et scientifique est plus nécessaire dans un milieu urbain que de s'enfermer dans nos appartenances tribales dans le motif d'utiliser les trafics d'influence pour avoir un emploi bien rémunéré dans l'administration publique ou non gouvernementale ou soit pour être massivement élus aux élections législatives.

L'idéal pour nous tous est d'éduquer continuellement et solidement les générations montantes pour une société Uviroise d'interculturalité, en participant tous dans l'unité des idées politiques et à la cohésion sociale pour un vivre ensemble durable.

Dans nos gigantesques séismes, le tribalisme de gauche, l'attentisme économique, le népotisme socio-administratif sont nos pathologies chroniques.

En même temps, la conscience urbaine est épurée des naïvetés et d'insuffisances idéologiques et politiques renforçant ainsi l'ignorance et le fatalisme des citoyens ordinaires.

Nous observons une mentalité de suivisme aveugle des jeunes vis-à-vis des femmes et hommes politiques influents. Cela entraîne un retard de notre véritable révolution socio-politique au niveau local.

Nous devons redevenir à nous-mêmes car un savant qui ne produit plus de connaissances nouvelles et utiles n'est plus un scientifique, une culture qui ne répète que des vieilles habitudes cruelles et irrationnelles risque de disparaître.

C'est impérieux de critiquer, de penser l'impensable, de remettre tout en question, voilà l'approche pour nous libérer de ces imposteurs en veste qui ne cessent de nous surprendre.

Cesdits leaders ont réussi, curieusement, à corrompre la morale de la plupart de femmes d'Uvira avec des projets socialement vides. D'où, une grande majorité de la jeunesse ne joue que le rythme de la musique de celui qui le prend financièrement en charge.

Malheureusement, la plupart des organisations de la société civile à Uvira/ville sont dans un théâtre qui ne révèle pas son titre. Elles organisent, pourtant, des activités sans civilités et plusieurs de leurs démarches sont des manœuvres des membres du bureau sans une moindre consultation stratégique et objective de la base constituée essentiellement des hommes politiques et opérateurs économiques du terroir.

Tout est bien planifié pour se préparer aux nouvelles élections législatives, les médias de propagande sont financés pour chanter à la gloire de ces petits princes, leurs aînés les encouragent à continuer dans cette voie tant que la population n'arrivera à les sortir de leur nasse.

Quel désastre socio-politique ?

La population d'Uvira/ville manque aujourd'hui tout. Ni prophète, ni leader pour défendre véritablement a causes nobles alors que des marionnettes fabriquées par des partis politiques sans vision claire, ni perspective citoyenne, s'autoproclament "notables" d'Uvira et honorables.

Ils disent tout haut qu'ils sont là pour parler au nom du peuple mais ils n'arrivent pas à tenir compte de besoins ressentis de la population d'Uvira, aucune résolution durable à des problèmes collectifs de la population depuis des décennies, la majorité d'eux ont des statuts Politiques qui ne leur permettent pas d'influencer le parlement congolais.

Ils sont incapables de se mettre ensemble pour créer une force pour répondre à minimum des problèmes d'Uvira (absence des routes viables, manque d'un leadership organisationnel et transformationnel au niveau de la mairie, manque des marchés publics et des industries, chômage exagéré et chronique des jeunes, l'insécurité permanente, absence des instances judiciaires objectifs, manque des cadres sociaux, sanitaires et universitaires de qualité) dont la ville d'Uvira fait face.

Il est urgent de redéfinir notre mission sociale, économique et politique aujourd'hui et maintenant pour une nouvelle conscience en RDC et à Uvira/ville, en particulier.

Nous devons réaliser une rupture de la pensée pour une nouvelle manière de voir le monde et comprendre notre monde.

Le changement social dans un milieu urbain est une construction sociétale dans une démarche rationnelle. Cessons de croire au développement car cela ne pas du domaine de la croyance aveugle mais, c'est exactement une initiative intellectuelle, socio-politique, culturelle et économique soutenue.

Comme l'avait si bien souligné le Prof Joseph Ki-Zerbo, pas de développement endogène sans la recherche endogène. Le chercheur Mapenzi nous interpelle : "Pas de transformation sociale urbaine à Uvira, sans le changement positif et continuel des mentalités de la population d'Uvira/ville et de la jeunesse, en particulier".

Voilà les rôles des institutions sociales, les cadres universitaires, les Asbl et ONG, les médias, les centres sociaux et culturels pour travailler l'homme et la femme d'Uvira/ville en vue de construire une nouvelle société capable de changer l'imaginaire individuel et collectif pouvant propulser un progrès social et économique au niveau des quartiers et communes urbaines d'Uvira.

Que les formations, ateliers, sensibilisations et animations sociales soient organisés régulièrement par les ONGs, ASBL et médias, en collaboration avec le pouvoir étatique dans le but d'amener toute les couches sociales d'Uvira/ville à être proactives dans le domaine de la santé, de la protection de l'environnement, de l'aménagement urbain, de mobilité commerciale et économique, dans le domaine du respect concret des droits humains et du développement urbain.

*Chercheur, spécialiste en développement communautaire et expert consultant en planification et gestion des projets

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