À la veille de la disparition des quatorze cantons en 1963, pour céder la place à cinq arrondissements qui les regroupent, Gerald Donque de la faculté des Lettres et des Sciences humaines d'Antananarivo, fait un certain nombre de remarques qu'il publie en 1968.
D'abord, la dimension des cantons est inégale. Les plus petits se situent dans les parties hautes de la ville (Haute-ville, Ambatovinaky, Faravohitra), autrement dit dans la ville historique. Au contraire, les plus grands correspondent aux nouvelles zones d'extension d'Antananarivo et englobent de larges secteurs encore ruraux ou encore non bâtis, tels Isotry, Anosipatrana ou Mahazoarivo. Ensuite, de très grandes différences se voient dans les densités.
Ainsi, Gerald Donque distingue les cantons à très forte densité (100 habitants/hectare) : dans le centre des affaires, Analakely et Tsaralalàna qui forment le canton central ; sur les échines orientale et occidentale, première zone d'extension de la ville ; dans les quartiers du nord et de l'ouest encore proches des quartiers centraux et correspondant à la seconde phase de développement urbain : Ankadifotsy, Andravoahangy, Isoraka. Il y a également des cantons de forte densité (cinquante à cent habitants à l'hectare) constitués par la Haute-ville également, Ampandrana et Mahamasina, centre historique de la Cité et sa phase d'extension vers le Nord ou l'Ouest au début du XXe siècle.
Enfin, les cantons à faible densité comptent moins de cinquante habitants à l'hectare. Ce sont ceux du sud-est et de l'est, la ville s'étendant peu vers ces directions (zone de collines), et ceux de l'ouest (Isotry, Anosipatrana) qui, au contraire, " témoignent de la mainmise de l'agglomération dans les plaines marécageuses ou rizicoles, mais où l'urbanisation est encore incomplète et laisse subsister provisoirement de vastes secteurs ruraux".
D'après Gerald Donque, entre 1939 et 1960, tandis que l'ensemble de la ville voit croître sa population de 114%, dans les cantons du centre et de l'est, elle se développe de 65%, ce qui " témoigne de l'extension de la ville dans ces directions privilégiées ". Concernant les Français, comme lieux d'installation, les chiffres font apparaitre une localisation préférentielle dans la ville historique, les quartiers centraux d'affaires, mais aussi certains quartiers périphériques à vocation résidentielle comme Mahamasina, Mahazoarivo, Isoraka, Ampandrana. Gerald Donque souligne toutefois que même dans les cantons où les Français constituent de fortes minorités, aucune ségrégation dans l'habitat ne se voit : " Le Malgache a pour voisin le Vazaha, le riche côtoie le pauvre, le haut fonctionnaire peut loger à côté du ménage de son planton. "
À propos des autres étrangers, la concentration est moins manifeste, sauf pour les Karana groupés dans le canton central, en particulier à Tsaralalàna. Hors des limites urbaines officielles, mais toujours dans l'agglomération tananarivienne, de forts noyaux de peuplements se dégagent. À commencer par Ambohimanarina, " ex-6e arrondissement, mais érigé en commune indépendante en 1964 " (puis redevenu 6e arrondissement) et faisant partie de la préfecture de Tananarive-ville. La majorité de sa superficie est faite de rizières et l'essentiel de sa population s'agglutine sur la croupe qui domine la plaine rizicole.
Dans la préfecture d'Antananarivo-banlieue, aux portes même de la capitale, s'étirent des communes fortement peuplées. Au sud, on remarque Tanjombato. À l'ouest, il y a Anosizato, Ambaniala, Itaosy et Ambohi-drapeto. Toujours à l'ouest, mais sur la route d'Arivonimamo (RN1), se trouvent Fenoarivo et Ampitatafika. Enfin au nord, dépendant cette fois de la préfecture d'Ambohidratrimo, se situe Ivato, une " bourgade en voie d'accroissement rapide, stimulée par l'ouverture récente de l'aérodrome international ".