Le pays brûle. Que va-t-il rester du pays d'ici quelques années si le rythme des feux de brousse n'est pas jugulé. Depuis plusieurs années c'est la même rengaine à la même période.
Sauf qu'il y a quarante ans on brûlait les tanety à Ihorombe et à Tampoketsa où il n'y avait que des savanes à perte de vue. Durant la première République la conscientisation de la population se faisait par des litanies sloganesques inscrites sur un timbre-poste. Vrai ou faux, les feux de brousse étaient considérés comme un moyen d'expression des opposants au régime Tsiranana. Mais la fin de la première République n'était pas accompagnée de l'arrêt des feux de brousse.
Loin s'en faut. La déforestation et les feux de brousse ont pris des proportions énormes et leur avancée semble irrépressible. La création d'un ministère de l'Environnement sous Ratsiraka n'a pas eu d'effet palpable tout comme l'annonce faite par Ravalomanana de multiplier par cinq la superficie des aires protégées à la conférence de Durban en 2004.
Le département ministériel semble avoir été créé pour se faire bonne conscience et pour officialiser les intentions puisque on ne lui a jamais donné les moyens pour qu'il remplisse sa mission. Entre autres la lutte contre les feux de brousse. C'est triste de voir des villageois lutter contre le feu sur des centaines d'hectares à coups de bidons d'eau. Une mission impossible et irréelle. En plus de 60 ans, on n'a jamais pensé à s'équiper de matériel performant pour protéger les forêts et les aires protégées.
Est-ce vraiment impossible ? Peut-être quand on voit que la plupart des grandes villes ne disposent pas d'un service de sapeurs-pompiers. Maintenant on s'attaque aux aires protégées. Autant à Tampoketsa et à Ihorombe, les feux de brousse pourraient être provoqués par une forte chaleur comme c'est le cas en Australie ou aux États Unis, autant on ne peut pas croire que les aires protégées brûlent en même temps sans l'aide d'une main criminelle. Le pyromane a encore de beaux jours devant lui puisque cela fait plus d'un demi-siècle qu'on lui court derrière sans succès. À l'instar des trafiquants d'ossements, le criminel s'il existe ne préoccupe pas les forces de l'ordre. À quoi bon d'ailleurs.
Il est du viol comme il est de l'incendie criminel, les peines sont justes symboliques même si les auteurs se font attraper en flagrant délit alors que le pays est à feu et à sans. Il est plus que temps d'instaurer un couvre-feu.