Tunisie: Ces partis boycotteurs des prochaines législatives - Exclus ou démotivés ?

8 Octobre 2022

A l'époque, la majorité de ces partis ont subi un vote "sanction". S'en souviennent-ils encore ? Aujourd'hui, ils prétendent avoir un projet de société et se vantent d'être en mesure de réaliser la démocratie.

La course au Bardo est lancée, mais son rythme n'est pas aussi soutenu que celui des échéances précédentes. Et dans une large mesure, la participation politique aux législatives anticipées du 17 décembre prochain ne s'annonce pas de bon augure. Les boycotter, l'idée est dans l'air. Dès la publication, le 15 du mois écoulé, du nouveau décret présidentiel portant amendement de la loi électorale de 2014, les déclarations à son encontre fusaient ainsi de partout.

De ce fait, le parti islamiste Ennahdha, le PDL de Abir Moussi, l'Alliance nationale, Al Massar, le Front du salut national et ses ténors, la famille social-démocrate (Attakattol, Attayar..) et bien d'autres ont, d'ailleurs, affiché la couleur, jugeant "unilatéral" et "exclusif" un tel acte d'amendement électoral. Son contenu, si controversé soit-il, semble, selon eux, abusif et ne répond nullement aux règles du jeu démocratique. Ils se sentent quasiment exclus de la course. D'où il n'est plus encourageant d'y prendre part. Il n'y a plus d'émulation.

Car, pour eux, se présenter pour une pareille échéance n'est, en fait, qu'un fiasco politique, mais aussi une sorte de capitulation devant le fait accompli. Et puis, ce serait comme un chèque en blanc offert sur un plateau d'argent à Saïed, leur principal rival. Sans pour autant oublier ce qui s'est passé lors des échéances de 2019, dont le verdict n'a pas été prononcé en leur faveur. A l'époque, la majorité de ces partis ont subi un vote "sanction". S'en souviennent-ils encore ? Aujourd'hui, ils prétendent avoir un projet de société et se vantent d'être en mesure de réaliser la démocratie.

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Ceci étant, l'on assistera, d'ici décembre prochain, à une guerre de positions et de positionnement, quitte à verser dans l'anarchie. Et l'envolée épisodique des prix des produits alimentaires, sous l'effet du monopole et de la contrebande, ne serait-ce que pour jeter de l'huile sur le feu et faire monter la population contre son président. Surtout que ce dernier a beau mettre fin à la mafia de spéculation.

Et maintenant que les dés sont jetés et que le calendrier électoral révèle tous ses secrets, le camp des opposants a commencé à jouer les trouble-fête. Il devrait renverser la vapeur pour se venger. Dans leur communiqué, ces boycotteurs avaient justifié leur refus de se porter candidats aux prochaines élections par l'exclusion qu'énonce le texte de la nouvelle loi électorale. Et pour cause, ils s'estiment exclus, n'ayant pas le droit de participer à la course à la députation. Or, cela n'est, de l'avis de certains, qu'un alibi à peine voilé. Voire une fausse vérité !

L'équivoque est levée !

Pourquoi ? Tout simplement, parce que le Chef de l'Etat, mais aussi le président de l'Isie et ses lieutenants, ne manquent aucune occasion pour démentir de telles allégations.

Cela dit, rien, dans le décret présidentiel concerné, n'indique que les partis politiques seront exclus du prochain rendez-vous. Et Kaïs Saïed était on ne peut plus clair: "La loi n'exclut pas les partis politiques de prendre part aux élections législatives anticipées".

Ce qui fait qu'être pro ou anti-Saïed, tout candidat éligible a le droit de se présenter. Du reste, l'Isie vient d'annoncer, mercredi, dans un communiqué, que le dépôt des candidatures est fixé du 17 au 24 octobre, de 8h à 18h. Ces candidatures seront examinées avant la date butoir du 31 de ce mois, conformément au calendrier relatif aux législatives. La liste des candidats sera affichée au siège de l'Isie et publiée sur son site électronique au plus tard le 1er novembre prochain, ajoute le communiqué.

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