Tunisie: Ça n'arrive pas qu'aux autres...

9 Octobre 2022
analyse

Cela n'arrive pas qu'aux autres. Pour la première fois depuis le 14 janvier 2011, Ennahdha et ses hommes ne sont pas dans la sphère du pouvoir. Un destin, une réalité que ses dirigeants les plus influents n'ont certainement jamais imaginés. Mais tous ceux qui s'attellent à mémoriser l'histoire des partis politiques en Tunisie n'hésiteront pas à dire que celle du mouvement islamiste est fortement marquée par le cumul de tant d'années d'égarements, de dérèglements et même d'aveuglement et que tout cela a fini par avoir raison d'un parti et des hommes qui se croyaient intouchables, voire inattaquables.

L'on sait qu'il y a des hommes, mais aussi des partis politiques, qui n'hésitent pas, bon gré mal gré, à céder aux aléas d'un environnement aux exigences contraignantes et qui entraînent des obligations contre nature. L'on ne comprend pas pour autant les raisons qui empêchent des acteurs suffisamment expérimentés et fortement influents d'évoluer et de retenir les leçons du passé.

A travers les déclarations médiatiques de son président, Ennahdha donne de plus en plus l'impression de ne pas s'embarrasser, ou encore avoir le moindre scrupule, en lâchant ses fondamentaux, et même en reniant ses alliés.

Le mouvement islamiste commet encore et toujours l'énorme erreur de lier le destin du parti à l'impératif du maintien au pouvoir. Les différentes apparitions de ses principaux dirigeants ne font que nuire à l'image du parti. Elles ne reflètent en aucun cas des prises de position naturelles dans la mesure où elles résultent des effets conjugués d'inspirations, de modalités et de stratégies mal pensées.

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Sous l'effet de la désillusion, Ghannouchi regrette aujourd'hui le soutien de son parti à Kaïs Saïed lors de l'élection présidentielle de 2019. " Une erreur politique ". Il considère aussi que l'échec d'Ennahdha " provenait des dizaines de milliers de grèves tenues durant les dix dernières années et que celles-ci ont fragilisé le pays et rendu les syndicats encore plus forts ".

Entre Ennahdha d'hier et celui d'aujourd'hui, il y a tout un sujet de réflexion à faire. Le président du mouvement affirme d'ailleurs être prêt à abandonner la présidence du parti et à ne pas se représenter lors du prochain congrès. Au cas où cela se confirmerait, nous espérons que ceux qui prendront le relais réellement la page du passé et en ouvriront une vierge. Cela devrait représenter incontestablement un état de grâce susceptible de remettre chacun à sa place. Qui a dit que les solutions manquent et les alternatives font défaut au sein du mouvement islamiste ?

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