Tunisie: "Wahm" de Marwen Errouine - La grande illusion !

9 Octobre 2022

"Wahm" est une interrogation d'un état, d'une gestuelle, un propos formulé avec légèreté et fluidité...

Présentée mardi soir au Théâtre des jeunes créateurs, la première de "Wahm" de Marwen Errouine, avec les danseurs du Ballet de l'Opéra de Tunis, a drainé un public curieux d'amateurs et de professionnels.

L'entrée du public se fait avec les danseurs déjà sur scène, debout, de dos, les bras tendus, les corps oscillent sur un rythme lent, répétitif... Ils sont six, six entités qui trouvent dans le groupe une cohérence dans le mouvement dans les duos une complicité et dans les solos une individualité ou une singularité.

"Wahm" est une création qui interroge la gestuelle des interprètes en rapport avec leur propre conception de l'illusion, voire de la désillusion ou comment les pensées peuvent se répercuter sur le corps, son positionnement dans l'espace et dans le temps. Une pensée après l'autre, un rêve après l'autre, un pas devant l'autre ou un pas derrière l'autre dans un monde où le simple fait de vivre est un combat incessant". C'est ainsi que Marwen Errouine présente son travail actuel qui vient en point de rupture avec ses précédentes propositions chorégraphiques.

Lui qui a signé des œuvres narratives, avec cadre et espace définis, nous le retrouvons avec "Wahm" explorant de nouvelles pistes plus abstraites, plus subtiles et intensément intérieures. Réfléchir ou sentir l'illusion ou son autre versant l'illusion, dans une forme ludique, tantôt burlesque, tantôt sensuelle, comme un jeu d'enfant aérien qui prend appui dans le sol pour bondir avec des sauts légers transperçant l'air.

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Autour de ses six danseurs qui semblent porter, à des degrés différents, le propos du chorégraphe, l'écriture se fait par phrasés dansés portés par l'énergie des corps de Khouloud Ben Abdallah, Cyrine Kalai, Wafa Thebti, Bedis Hachech, Abdelmonam Khemiss, Zied Sellimi. Des duos, des trios, une mêlée, les figures se composent et se décomposent au gré d'un espace défini par les zones d'ombre et de lumière. La musique signée par Khelil Soufy donne une impulsion au mouvement, au geste, souligne les échanges de regards, les sourires posés sur les visages visiblement détendus. Ludiques, complices en harmonie ou en contre-point, les illusions de chacun se reflètent sur le partenaire... elle, qui lui tend la main, l'entraîne dans son mouvement, lui, qui suit ses pas pour créer des apartés.

L'idée, quoique abstraite, le chorégraphe a su la transmettre à un public attentif, sa formulation sur scène et en écriture chorégraphique reste une expression libre qui pourrait se définir selon la réceptivité de chaque danseur, leur intériorisation de la démarche et leur propre lecture. Les corps, qui portent une pensée et une réflexion partagée, s'expriment en symbiose, créant une partition commune.

Autant l'intention de Marwen Errouine était claire et lisible, la démarche soignée sans fioriture avec une certaine cohérence, autant la scène finale reste illisible. Hors propos, hors contexte comme une mention à la marge d'une page, un alinéa sans grand apport par rapport au corps de la pièce.

Dans quel intérêt, le chorégraphe ouvre-t-il cette parenthèse ? Et quelle lecture peut-on lui donner ? Aucune, à notre avis, outre le côté percutant d'une nudité hors contexte et sans portée.

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