"A travers "En-Vies", je veux semer de l'espoir auprès de toutes ces femmes qui mènent leur propre combat contre le cancer du sein, leur dire qu'il ne faut jamais perdre espoir et goût à la vie, mais aussi sensibiliser à son dépistage précoce, et c'est avec et à travers les couleurs que j'ai choisi de revenir sur ma propre expérience".

Elle a choisi de revenir sur un lourd chapitre de sa vie, de donner formes, couleurs et résonance à son ancien combat contre le cancer du sein. Et c'est plus que de circonstances, vu que c'est l'Octobre rose, le mois de sensibilisation contre ce fléau.

Elle, c'est Mariem Kallel, artiste autodidacte, elle partage avec le public, depuis le 1er octobre à la galerie Saladin, ses "En-Vies" en peinture.

Il y a 8 ans, Mariem apprenait qu'elle avait un cancer du sein à un stade avancé, une invasion maligne qu'elle aurait pu éviter si l'on avait, lors d'un contrôle précédent, effectué des examens complémentaires "Masse parlons-en en masse" est d'ailleurs le titre d'une de ses peintures qui veut sensibiliser sur l'importance de l'autopalpation mammaire, mais surtout sur l'importance de ne pas refouler ce que l'on peut déceler par crainte ou par déni et de s'empresser d'aller consulter.

C'est depuis octobre 2021 qu'a germé chez Mariem Kallel l'idée de cette exposition de sensibilisation. La peinture et la musique lui ont été, lors de son combat, d'un grand secours, lui permettant de transcender son état, elle s'était alors mise à la pratique de la peinture (il y a 5 ans) en essayant d'explorer différentes techniques, en touchant aussi à la calligraphie. "Durant cette période, mes envies me menaient partout, je voulais m'essayer à tout, en art je voulais explorer différents aspects et voir dans quel médium, je suis le plus à l'aise", nous dit Mariem.

"A travers En-Vies, je veux semer de l'espoir auprès de toutes ces femmes qui mènent leur propre combat contre le cancer du sein, leur dire qu'il ne faut jamais perdre espoir et goût à la vie, mais aussi sensibiliser à son dépistage précoce, et c'est avec et à travers les couleurs que j'ai choisi de revenir sur ma propre expérience", ajoute-t-elle.

Son récit va au-delà de la simple restitution de faits et est plutôt une reformulation de fragments de vie, de réminiscences et autres pensées. Il prend la forme d'une vingtaine d'huiles sur toile en différents formats, avec différents traitements (entre figuration et nouvelle figuration), mais presque la même palette, aux couleurs chaudes et sereines.

Le corps malade y vit différentes métamorphoses, il est chenille, chrysalide avant de prendre son envol. Il est constellé de pétales, il est résonances médico-musicales et épouse la forme d'un violoncelle sur lequel se jouent les notes d'une vie... Ses "mutilations", ses souffrances et autres cicatrices, vestiges d'une guerre que Mariem a fini par remporter et qu'elle représente avec fierté, sont présentes sur la toile, mais jamais d'une manière crue et violente, bien au contraire, elles épousent et se confondent avec d'autres éléments picturaux, revêtent même un aspect poétique et c'est, paradoxalement, des sensations de sérénité et de paix qui nous enveloppent à leur rencontre. C'est justement le parti pris de Mariem, car elle veut apporter des notes d'espoir, de la lumière, de parler de résilience, de maladie comme remède et de renaissance...

À Vivre Jusqu'au 16 Octobre 2022.