Madagascar: Un problème sanitaire et d'hygiène fondamental

L'habitude chez les couples malgaches, légitimes ou non, d'avoir beaucoup d'enfants se traduit par une très forte natalité. Et si, selon Gerald Donque de la faculté des Lettres et des Sciences humaines d'Antananarivo (1968), la présence d'une forte minorité européenne (21 pour 1000 de taux de natalité) dans la ville a pour conséquence d'affaiblir la moyenne, celui des Malgaches oscille autour de 48 pour 1000. En parallèle, le taux de mortalité baisse de 22,8 pour 1000 en 1941 à 12,89 pour 1000 en 1966.

Cette régression touche aussi la mortalité infantile. Cette chute du taux de mortalité tient en grande partie " à un incessant effet de prophylaxie de la part des services spécialisés, tels le Bureau municipal d'hygiène. Il faut dire que le problème sanitaire et d'hygiène est fondamental, notamment du fait de certaines conditions. Gerald Donque cite plusieurs points. Il y a, en premier lieu, l'absence d'un système d'égouts : il n'existe que 202 km de canalisations dont 75km à ciel ouvert. Elles charrient indistinctement eaux pluviales et eaux usées. L'ensemble se déverse en partie dans " deux charmantes pièces d'eau ainsi polluées ", le lac Anosy et le lac de Behoririka.

Il finit par se jeter dans l'Ikopa en amont d'Antananarivo, par le moyen de canaux qui servent à la fois à irriguer les rizières en saison sèche et à évacuer les eaux de pluie ou les eaux sales en toutes saisons. Il y a ensuite le " caractère dangereux du système d'évacuation des excreta " : l'immense majorité des maisons tananariviennes ne dispose que de fosses perdues, dont " les infiltrations et les suintements incontrôlés " présentent un réel danger. Mal abritées surtout, ces fosses sont fréquentées par de grosses mouches vertes- " Chrysomia putoria "- qui y pondent et dont les adultes vont, par la suite, butiner les fruits, les légumes et autres aliments ! Parallèlement, le ramassage des ordures étant défectueux, la nuit, chiens errants, rats et chiffonniers y farfouillent. En outre, les conditions d'hygiène dans lesquelles sont présentés et vendus les produits alimentaires sur les marchés, sont insuffisantes.

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La population manque de discipline et fréquemment, " elle souille de toutes les manières possibles la voie publique ". Les chiens errants se multiplient. Sans compter la tendance à ne pas déclarer spontanément les maladies contagieuses, ainsi que la répartition insuffisante de l'eau qui entraine à laver les vêtements à la rivière ou dans les canaux cités plus hauts... C'est pourquoi les services sanitaires ont fort à faire. Leur action porte en priorité sur quatre points. Primo, la lutte contre les différents vecteurs de maladie, poux, puces, moustiques, mouches et autres insectes, chiens errants, rats, etc. Deux fois par an, toutes les maisons de la capitale sont traitées par pulvérisation d'insecticides. Durant la saison sèche, des équipes spécialisées assainissent les zones urbaines susceptibles d'abriter les insectes dangereux (buissons, fourrés, marais), utilisent des anticoagulants contre les rats et abattent systématiquement au fusil les chiens errants. Secundo, la désinfection sanitaire des maisons est menée là où des maladies contagieuses ont été signalées.

Tertio, une action particulière est initiée pour protéger les denrées alimentaires de toutes sortes, surtout dans le domaine de l'eau potable. Une station d'épuration de l'eau puisée dans le lac de Mandroseza assure aux Tananariviens une eau biologiquement pure, " contrôlée journellement à la sortie de l'usine, dans les canalisations et chez les particuliers". En revanche, pour les autres produits alimentaires, l'insuffisance du personnel de contrôle " rend vaine toute législation protectrice bien au point ". Quarto, la vaccination obligatoire est menée dans les écoles et des campagnes d'information en matière d'hygiène et de médecine sont organisées pour toute la population. Cet ensemble de mesures préventives s'accompagne d'un grand effort d'équipement médical : deux grands hôpitaux publics- Befelatanana et Soavinandriana-, une clinique privée à Ankadifotsy et un gros complexe hospitalier érigé à Ampefiloha (HJRA). Des dispensaires de quartier, des hôpitaux secondaires plus ou moins spécialisés, des postes d'infirmerie, des instituts sanitaires, complètent l'ensemble.

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