Déjeuner dans un restaurant fréquenté à Bagatelle. Dans la salle sept serveurs. Ils sont tous des étrangers. Professionnellement, ils sont à la hauteur mais il y a un hiatus.

Un touriste cherche à se faire comprendre du serveur qui prend sa commande. En vain. Il passe au langage des signes. Le serveur comprend enfin. Les mimiques à deux doigts du touriste indiquent qu'il voudrait des baguettes chinoises. Le serveur est anglophone, le client est français.

Est-ce anecdotique ? Je crois que ce constat est révélateur du profond bouleversement que connait l'industrie touristique et qui menace d'altérer son image. Les études menées pour identifier ce qu'a fait la force de l'industrie hôtelière et touristique de Maurice, soulignent que les Mauriciens sont une grande force d'attraction et de fidélisation de la clientèle, en particulier des francophones.

Les raisons de la désertion des Mauriciens du secteur hôtelier et de la restauration doivent être examinées profondément. Elles sont sans doute multiples et complexes ; mais l'une d'entre elles est sûrement le faible niveau des salaires. Le salaire moyen est de moitié plus faible que tous les autres secteurs, sauf la manufacture. On peut arguer qu'il en est ainsi parce que le niveau d'éducation et de formation de la main d'oeuvre n'est pas le même. Sans doute. Mais il demeure qu'une valorisation parait impérative.