Madagascar: Un début d'exode rural pour une vie meilleure

L'ensemble de mesures préventives des maladies dans la capitale, s'accompagne d'un gros effort d'équipement médical (lire dernière Note). D'après Gerald Donque de la faculté des Lettres et des Sciences humaines d'Antananarivo, en 1968, " le résultat de tous ces efforts a été de faire disparaitre ou d'atténuer très fortement les infections contagieuses.

Le paludisme, " inconnu sur les Hautes-terres avant l'arrivée des Français ", disparait quasiment de la capitale où, du reste, les moustiques sont rares " en grande partie grâce à l'aspersion systématique de DDT et autres produits sur les grands marécages du nord et de l'ouest de la ville ". Néanmoins, la menace se maintient, à travers les cas d'importation en provenance des régions côtières. Ainsi, les cas de contamination ne sont pas rares à partir de ces cas importés.

Par ailleurs, la peste qui s'introduit à Madagascar en 1898, ne touche les Hautes-terres qu'en 1921. Elle y sévit surtout sous forme bubonique, mais se rencontre aussi sous des formes septicémiques et pulmonaires. En 1968, la peste disparait pratiquement, le dernier cas isolé remontant en 1963. Toutefois, la menace demeure permanente, car les rats pullulent et, selon l'Institut Pasteur, un fort pourcentage est atteint de cette maladie. De même, la rage est en régression.

Au contraire, la diphtérie semble représenter un danger encore sérieux avec cent quatre vingt dix-sept cas déclarés dont trente décès en 1957, trois cent quatre vingt-neuf en 1959 (quarante huit décès), quatre cent quarante en 1965 (trente-et-un décès), sept cent soixante cinq en 1966 (vingt-deux décès).

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La rougeole revêt également, chez les jeunes enfants, une gravité exceptionnelle : douze décès pour mille seize cas en 1963, cent quarante sept décès pour huit cent dix-sept cas en 1925, cent vingt-et-un décès pour trois cent quarante deux cas en 1966.

Les maladies vénériennes se caractérisent par une recrudescence de la blennorragie- près de deux mille sept cents cas traités au dispensaire municipal d'Antananarivo en 1966 (actuel Institut d'hygiène sociale)-, mais " là, le problème est directement lié à celui de la prostitution, florissante la nuit venue dans les artères de la ville, absolument non contrôlée pour l'instant ".

En revanche, les autres maladies contagieuses demeurent rares : trois cas de poliomyélite en 1959, mais un seul par an depuis cette date ; une dizaine de cas de typhoïde ou de paratyphoïde annuellement ; la toxicose qui affecte les nourrissons et les jeunes enfants, reste plus importante (deux cent vingt quatre cas en 1966). " Ainsi, compte tenu des conditions d'hygiène individuelles ou publiques encore peu satisfaisantes, l'action des pouvoirs publics jointe à la salubrité générale du climat, a abouti à des résultats intéressants, mais qui ne doivent cependant pas permettre un optimisme exagéré qui aurait pour effet de relâcher l'attention. "

Le double mouvement de baisse de la mortalité et d'augmentation des naissances crée un excédent de natalité de onze mille à douze mille habitants par an. Et tandis que le Merina quitte à regret sa ville- et uniquement lorsqu'il y est contraint par des obligations professionnelles ou familiales- au contraire, l'attrait qu'exerce la capitale dans tout le pays, se fait sentir chez tous les groupes ethniques. " Plus que la misère rurale, ce sont les satisfactions de tous ordres qu'il attend de son existence en ville, qui incitent le paysan à immigrer à Tananarive. " Il suffit pour cela de voir les quartiers périphériques du nord et de l'ouest pour s'en convaincre.

" Le souci de donner une instruction aux enfants et par là, de les voir mieux réussir à l'âge adulte, et aussi celui de trouver un emploi salarié pour faire vivre une famille nombreuse, à l'étroit sur des parcelles devenues trop exigües, poussent des ruraux récemment arrivés dans la capitale et encore imparfaitement adaptés à la vie citadine moderne à s'entasser à Anosipatrana, à Isotry, à Anosizato, à Manarintsoa (Isotry)... " Gerald Donque conclut que la majorité des immigrants sont toutefois originaires des Hautes-terres et, en fait, ce sont surtout les campagnes merina qui fournissent les plus forts contingents : environ 50% des Tananariviens sont nés hors de la capitale, autant d'hommes que de femmes.

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