Gabon: Mobilisation des Ressources dans le contexte de crises - Des pistes de solutions qui pourraient être exploitées... !

10 Octobre 2022

Les bouleversements internationaux actuels, avec les effets de la pandémie de Covid-19 et les conséquences de la guerre russo-ukrainienne requièrent une réaction au niveau macroéconomique des États africains.

À ce titre, les politiques fiscales devraient répondre par des réformes innovantes pour une mobilisation plus efficace des ressources internes, basée sur une bonne gouvernance.

C'est fort du constat souligné plus haut que notre rédaction s'est tournée vers Emmanuel Obakamba Ombana, Spécialiste des questions de Mobilisation des Ressources et Développement des Partenariats Certifié de l'Institut Privé Supérieur Théopolis du Dr Jean Delors Bi Ntougou et de l'Organisation des Nations-Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture FAO/SFC, qui nous donne son impression sur cette question de rareté des ressources, notamment des ressources financières dans cette première série au terme de sa spécialisation.

"La question de mobilisation des ressources financières au développement est un des plus grands défis auquel font face nos Etats africains. Ce défi bénéficie d'une attention soutenue de la Communauté internationale qui a mobilisé les pays et leurs décideurs pour y faire face au cours de ces deux dernières décennies.

Ainsi, sous la houlette des Nations-Unies, a été organisée par exemple la Conférence de Monterrey en 2002, déclencheur d'une série de réunions de haut niveau sur le financement du développement ou sur l'efficacité de l'aide au développement. Or, face aux recrudescences des ressentes crises (chute du prix du baril du pétrole, Covid-19 et guerre russo-ukrainienne), les recommandations issues de ces différentes conférences semblent peu tenir face aux épreuves que nous infligent ces crises. L'endettement semble être l'option la plus efficace.

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Selon Logan Wort ATAF, l'endettement constitue également un facteur problématique et seulement 70% des budgets des pays africains sont financés par des ressources internes, ce qui crée à terme, un endettement sur des générations. " Environ 22 pays africains sont actuellement en situation d'endettement ou de surendettement parce que la vulnérabilité aux chocs externes a des conséquences sur les ressources internes ".

Et le Gabon notre pays n'est pas épargné par les affres de ce contexte et pour tenter d'apporter plus ou moins des pistes de solutions à cette situation. Il va falloir envisager des réformes au niveau de nos administrations fiscales afin qu'elles s'adaptent, notamment par rapport à la numérisation des finances et à ce titre, il est important que le gouvernement soit un peu plus attentif aux évolutions de l'économie numérique. Car les États africains et le Gabon en particulier, ratent des niches fiscales avec des multinationales basées sur le numérique comme Google. Il faut élargir l'assiette fiscale et ne plus dépendre des mêmes contribuables.

L'autre défi également des économies africaines et du Gabon en particulier est constitué par les informalités avec un nombre élevé d'entreprises qui relèvent du secteur informel (83% des emplois sont informels). Les questions relatives à la formalisation des entreprises sont un des éléments clés de la mobilisation des ressources internes, car ayant une forte influence sur l'élargissement de la base taxable. Ce qui va nécessiter une meilleure organisation du secteur informel afin de mieux mobiliser les ressources.

La mobilisation des ressources ne sera efficace que dans un contexte de bonne gouvernance des ressources fiscales. Les réformes sont attendues notamment en matière de numérisation des administrations pour un meilleur contrôle et une plus grande efficacité des administrations fiscales. Mais il faudra également repenser les politiques fiscales pour capter effectivement le potentiel fiscal en rapport avec les activités des multinationales basées sur le numérique et le virtuel.

Par ailleurs, le secteur privé peut constituer également une source essentielle de mobilisation des ressources à l'échelle locale.

Certes, il est à noter que beaucoup d'efforts importants ont été faits par nos pays dans le financement du développement, mais pas encore suffisants pour assurer la couverture des besoins déjà énormes, amplifiés par la crise financière.

La priorité donnée d'ores et déjà, et ceci depuis une dizaine d'années au financement interne et les efforts d'amélioration des recouvrements de recettes ainsi que les efforts d'amélioration du climat des affaires pour attirer l'investissement ne sont pas suffisants".

Emmanuel OBAKAMBA OMBANA, Spécialiste des questions de Mobilisation des Ressources et Développement des Partenariats Certifié de l'Institut Privé Supérieur Théopolis du Dr Jean Delors Bi Ntougou et de l'Organisation des Nations-Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture FAO/SFC

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