Sénégal: Diplomatie préventive et maintien de la paix - Le Forum de Dakar engage l'Humanité à s'adapter

11 Octobre 2022

Le génocide des Tutsis au Rwanda fut un choc retentissant dans la mémoire humaine. Un échec de l'État et de l'Onu. Des Casques bleus obligés de respecter les consignes de leur mission furent incapables d'agir efficacement face à l'indicible.

Censés protéger les civils et leur mandat onusien, les vaillants Casques bleus sont devenus la cible d'une partie des populations qui réclament même leur départ ! Faut-il dès lors se contenter de la routine ou changer de paradigme. Le Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité va permettre de poser le débat.

" L'heure est venue de repenser sérieusement la doctrine du maintien de la paix du système des Nations unies ", rappelait le Président Macky Sall, lors de la 4ème édition du Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique. Ces propos ont retenti avec force, vendredi dernier, à l'occasion du déjeuner de travail du Ministère des Affaires étrangères avec des éditorialistes et représentants de médias sénégalais et près d'une vingtaine de leurs homologues venus de différents pays africains et de la Suisse. Cette rencontre a ainsi permis de réfléchir sur de nouvelles réponses à apporter aux insuffisances de la diplomatie préventive et du maintien de la paix dans la gestion des multiples foyers de tension qui gangrènent le continent africain.

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Les intervenants, l'Ambassadeur Abd el Fatau Musah, Commissaire Paix, Sécurité et Affaires Politiques de la Cedeao, El Ghassim Wane, chef de la Minusma, le Général Babacar Gaye, ancien Chef d'état-major général des Armées (Cemga), le modérateur, le Général Abdoulaye Fall, ancien Cemga et Ambassadeur du Sénégal en Chine, ont proposé des réflexions de très bonne qualité basées sur la géostratégie et leurs expériences personnelles le plus souvent acquises sur le terrain des opérations.

Aïssata Tall Sall, Ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l'extérieur et Dr Christiane Agboton du Centre des hautes études de défense et de sécurité (Cheds), facilitatrice, ont campé la thématique et donné le ton à cette rencontre qui aura duré plus de 6 heures. " Il est impératif de s'ouvrir à une réflexion stratégique, nourrie par une analyse des faits portée par la grande variété des acteurs qui contribuent à la paix, à la sécurité, à la stabilité et au développement ", a expliqué Dr Agboton.

Inadéquation des missions de maintien de la paix

Depuis le début des années 1990, plus d'une vingtaine de missions de maintien de la paix ont été déployées en Afrique. " Mis à part quelques succès, le tableau général des médiations régionales et sous-régionales combinées aux missions de paix onusiennes renvoie à l'image d'un mécanisme inadapté aux situations de crise et totalement déconnecté des attentes de leurs bénéficiaires ", constate le Forum de Dakar sur la Paix et la Sécurité dans un document.

Par ailleurs, au Mali, les 13.000 casques bleus déployés dans un environnement marqué par une menace asymétrique sont accusés de passivité par les autorités. En République démocratique du Congo (Rdc), les troupes onusiennes, en dépit de vingt ans d'efforts, peinent toujours à restaurer le climat de paix. Pourtant, malgré les défis liés à coordonner et à trouver toujours une cohésion avec une gouvernance onusienne tripolaire, le manque de moyens pour certaines missions, notamment en Afrique, Ghassim Wane et Babacar Gaye fins connaisseurs du système des Nations unies recommandent " de ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain ".

Même son de cloche chez Abd El Fatau Musah qui demande aux Africains de faire également valoir leurs traditions dans la prévention et le règlement des conflits.

Les conférenciers en répondant aux différentes questions de la presse nationale et internationale ont aussi insisté sur l'importance que la voix de l'Afrique soit mieux écoutée aux Nations unies.

Le déjeuner des éditorialistes et des membres de la presse annonce déjà le goût du Forum qui fera de Dakar la Capitale mondiale de la réflexion géostratégique et diplomatique, les 24 et 25 octobre, autour de la thématique " L'Afrique à l'épreuve des chocs exogènes : défis de stabilité et de souverainetés " en présence du Chef de l'État du Sénégal, à quelques mois de la fin de son mandat en tant Président de l'Union africaine.

Une occasion pour poser lucidement les questions suscitées par ces divers chocs dits exogènes et surtout de proposer des solutions à l'Afrique et au monde entier, car c'est la vocation du Forum international de Dakar sur la Paix et la Sécurité.

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