Congo-Kinshasa: Le plan de sortie de crise dans l'Est suscite indignation

Le leader de l'Union pour la nation congolaise (UNC), Vital Kamerhe, trouve difficilement d'adhérents à son plan de sortie de la crise de l'Est basée sur sa théorie de "l'œil du cyclone au centre d'un triangle".

Le landerneau de la politique congolaise, se dit indigné. D'aucuns se demandent ce qui a de nouveau dans cette recette alors que depuis Sun City, la RDC n'est jamais parvenue à brasser l'armée sur le modèle des armées républicaines souhaitées pars les experts militaires.

Déjà en 2008, va éclater la rébellion de Laurent Nkunda et l'Onu va désigner un médiateur pour le conflit à l'Est de la RDC en la personne de l'ancien président nigérian Olusegun Obasanjo. Il en sortira un accord militaro-politique entre Kinshasa et Kigali d'un côté, assorti d'une signature de cessez-le-feu entre les autorités de Kinshasa et le CNDP de l'autre côté. Laurent Nkunda est prétendument arrêté à Kigali. Kinshasa va remuer ciel et terre en vue de son extradition : échec et mat. Un accord politico-militaire entre Kinshasa et Kigali s'en suivra avec le médiateur de l'Onu désigné pour le conflit à l'Est de la RDC Olusegun Obasanjo à la fin des combats entre les troupes gouvernementales et les rebelles. Les dissidents de Laurent Kunda, déjà capturé, vont céder à la réinstallation de l'administration de l'Etat dans les zones qu'ils occupaient.

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Le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) va ouvrir des négociations avec le gouvernement de Kinshasa. Elles seront stoppées par le déclenchement de l'opération conjointe dans le Nord-Kivu entre les armées congolaise et rwandaise visant la traque des rebelles hutu rwandais.

Ce cycle des violences va se poursuivre jusqu'à la mutation du CNDP au M23 avec deux ailes, une soutenue par Kigali et l'autre par l'Ouganda. L'ombre du Nigérian Obasanjo plane à nouveau. Aux Nations Unies, le secrétaire général Guterres a commencé par vanter les armes sophistiquées du M23 alors la même institution internationale empêche la RDC de se procurer les armes comme son voisin rwandais. L'idée de négocier commence à germer dans la haute sphère de la communauté internationale alors que le gouvernement a mis en place à Nairobi des mécanismes en vue de cesser les hostilités.

Le M23 a choisi de se démarquer des autres en montant les enchères. Avec le soutien de Kigali et de Kampala, ce mouvement soutenu par le Rwanda, prend une partie du Nord-Kivu et occupe Bunagana pour obliger Kinshasa à négocier. En attendant, à New York, le président français Emmanuel a réuni en marge de la 77ème session ordinaire de l'assemblée générale de l'ONU, le Congolais et le Rwandais après l'intervention de Tshisekedi à la tribune des Nations Unies.

Kamerhe entre dans la scène

Après avoir échangé sur la question de l'insécurité, lors de sa tournée Amani avec plusieurs personnalités dont notamment la représentante du secrétaire général des Nations Unies, Bintou Keita, l'ancien président nigérian et diplomate Obasanjo, des diplomates accrédités en RDC, des leaders du Nord-Kivu, Sud-Kivu et Ituri, Vital Kamerhe recommande avant tout le dépôt des armes par le M23, partant du principe de bon voisinage et de la cohabitation pacifique entre la RDC et tous les états voisins, le respect de la souveraineté des États. L'ancien directeur de cabinet du chef de l'Etat martèle sur la nécessité d'un dialogue franc entre les pays impliqués notamment la RDC, le Rwanda et l'Ouganda. Ces pays, d'après lui, forment le triangle au centre duquel se retrouve le M23, l'oeil du cyclone. Ce plan prévoit également la cohabitation pacifique de toutes les communautés locales qui doivent être " soudées comme les 5 doigts de la main ", et bannir ainsi définitivement du vocabulaire congolais, la xénophobie et le tribalisme.

L'honorable Crispin Mbindule Mitono offusqué

Le député national Crispin Mbindule Mitono s'insurge en faux contre le plan de paix proposé par Vital Kamerhe au gouvernement pour la sortie de crise dans l'est du pays. A en croire l'élu de Butembo, le dialogue n'a jamais apporté une solution aux problèmes sécuritaires dans l'est entre la RDC et ses voisins.

"Jamais, ce dialogue n'a jamais résolu la question de la sécurité dans l'est du pays, donc je m'inscris en faux contre l'option d'un dialogue entre le Congo et Rwanda", a-t-il expliqué avant de poursuivre que cette démarche vise à faciliter l'infiltration de l'ennemi au sein des FARDC décriée chaque jour par les Congolais. "Quand on va dialoguer, ils vont demander qu'on intègre les rebelles du M23 dans notre armée. Ça sera ça. Et nous allons pleurnicher en disant que notre armée est infiltrée. En tout cas, nous Nord-kivuciens, nous ne sommes pas d'accord avec cette option", a-t-déclaré.

En lieu et place, il encourage l'option militaire pour ramener la paix à l'est de la RDC, à défaut, la population pourra se prendre en charge. Répondant directement à Vital Kamerhe, l'élu de Butembo, s'interroge de la suite sur les vaches offertes par ce dernier à James Kabarebe, ministre rwandais de la défense.

" Pour nous, il faut que notre armée se batte militairement pour chasser du territoire national ces rebelles rwandais. Nous disons que le jour où notre armée nous dira qu'elle n'est plus capable de se battre, nous nous battons, nous la population, contre ces agresseurs. Quid du leader politique qui avait amené les vaches chez James Kabarebe au Rwanda ? Mais, après ces vaches-là, nous avons été agressés ".

En réalité, ce plan de Kamerhe serait un plan concocté par la communauté internationale comme toutes les fois quand il s'agit de la situation à l'Est. La RDC en sort toujours affaiblie et noyautée dans tout son système sécuritaire ou économique. L'opinion nationale est désormais avisée. Elle ne veut pas entendre parler de négociations. L'idée est de doter l'armée des moyens conséquents en vue de déloger tous les mouvements armés qui empestent l'Est de la RDC.

L'officiel congolais semble pris au piège de ce sursaut de nationalisme qui n'entend rien négocier avec les groupes armés. A quelques mois des élections, le jeu se corse. Tshisekedi qui va solliciter le deuxième mandat pour un second quinquennat, doit savoir faire le jeu en dotant l'armée des moyens nécessaires.

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