Congo-Kinshasa: Le camp de Rumangabo, dans le Rutshuru, au bord de la crise humanitaire

Congo rebelles

En RDC, au Nord-Kivu, le mouvement rebelle M23 occupe la ville frontalière de Bunagana depuis le mois de juin 2022. Un retour de cette rébellion, défaite en 2013, qui a provoqué de nombreux déplacements de population. Plusieurs dizaines de milliers de déplacés ont trouvé refuge dans les villages voisins, comme à Rumangabo. Un petit village où la situation humanitaire est aujourd'hui critique.

Depuis quatre mois, Rumangabo ne reconnaît plus le centre de son village. Entre l'école et la route, sont désormais entassées des dizaines de tentes de déplacés. Près de 4 000 ménages ont trouvé refuge dans cette localité qui d'habitude accueille tout juste 1 500 familles.

Pour Justin Koyomayombi, le chef du groupement de Kisigari, le village est saturé : " Rumangabo, c'est un petit village et la population a presque augmenté de cinq fois avec tous les problèmes qui en découlent, les problèmes de latrines, d'eau, à tous les niveaux. "

Conditions de vie difficiles

Parmi ces déplacés, il y a Angèle. Elle a fui avec toute sa famille et depuis quatre mois, elle vit ici dans des conditions difficiles :

" Hier, on a reçu un peu de nourriture du gouvernement, mais c'est juste pour deux jours. On a très faim, maintenant, nous avons besoin de la paix pour pouvoir retourner chez nous, dans nos villages. "

Il y a aussi Jane qui a rejoint les déplacés de Rumangabo dernièrement. Elle nous raconte son long parcours commencé lors de la fuite de son village près de Bunagana pendant des combats entre l'armée et le M23. Dans un premier temps, elle dit avoir fui avec sa famille en Ouganda :

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" Nous sommes restés dans un camp de fortune avant que les autorités ougandaises ne nous demandent de rejoindre un autre site de réfugiés. Mais nous avons préféré rentrer en RDC pour aller à Rutshuru-centre ".

Ils ont alors rejoint le plus grand camp de déplacés de la région, celui de Rwasa.

Mais Jane explique que les conditions de vie y étaient trop difficiles. Elle et deux de ses enfants sont tombés malades et quand son fils est mort, elle a décidé de venir vers Rumangabo pour essayer de faire soigner sa fille.

" Cela nous désole "

Désormais, elle vit seule avec sa fille et partage une tente avec une autre famille qui était déjà sur place quand elle est arrivée. Elle pense à son mari et ses autres enfants restés à Rutshuru et ne sait pas quand elle pourra les revoir.

Cet afflux de personnes pèse forcément sur la population, même si Gentil Karabuka, de la société civile, l'assure : la solidarité est de mise.

" Tous les déplacés n'ont pas forcément pu trouver refuge dans les écoles ou dans les églises. Une partie de ces déplacés est donc hébergée dans des familles d'accueil. "

Une situation qui ne peut pas durer, pour Justin Koyomayombi : " La grande crainte que nous avons ici, c'est que si cette situation perdure, on se retrouve à enterrer des gens. Cela nous désole et fait vraiment pitié. "

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