Afrique de l'Ouest: "Aya", un paradis avikam menacé en Côte d'Ivoire

C'est l'histoire d'Aya, une fille de 14 ans sur une petite île perdue au large de la Côte d'Ivoire. À cause de la montée des eaux, son village, mais aussi sa culture avikam, sont voués à disparaître. Un merveilleux conte sur une jeunesse qui s'envole et un monde menacé par le changement climatique. Le premier long métrage du réalisateur Simon Coulibaly Gillard, grand amoureux des histoires humaines et de l'Afrique de l'Ouest, sort ce mercredi 12 octobre en salles en France.

Derrière la caméra, son fil conducteur est une extraordinaire empathie avec les hommes et femmes rencontrés lors de ses voyages et tournages. Lahou, cette île paradisiaque pas très loin d'Abidjan, il l'a découverte complètement au hasard. " J'étais en repérage en Côte d'Ivoire et mon véhicule est tombé en panne aux portes de cette île. Cela m'a donné la chance de rencontrer tous ces personnages de cette ethnie Avikam, leur beauté et leur problématique. Cela m'a donné envie de construire avec eux un film qui raconte leur quotidien. "

À l'image, Simon Coulibaly Gillard nous transporte vers ce lieu idyllique nommé Lahou, nous berce avec les vagues de la mer, les pirogues des pêcheurs, les chants des femmes et le rêve d'Aya. Face à la catastrophe annoncée - la montée des eaux qui a déjà englouti le cimetière et fait fuir la moitié de la population -, sa mère lui demande : " Où tu souhaiterais vivre? " Réponse stoïque de l'intéressée : " Ici. " Alors, nous restons avec elle sur ce bout de sable vierge où l'on s'éclaire à la bougie et où l'on entend le bruit de la mer en continu.

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" C'est un lieu sans électricité, il n'y a pas de routes, pas de véhicules, pas de moteurs... , nous explique le réalisateur. Tout est fait de sable, on pense vraiment à un paradis. Puis, on découvre les problématiques du lieu, le fait de devoir déménager l'intégralité du village, parce que la mer est en train de recouvrir cette île. "

À travers le personnage d'Aya, nous partageons la lutte des villageois pour leur survie et la survie de leur identité. Aya, incarnée par une Marie-Josée Kokora rayonnante et solaire, est certainement la première héroïne avikam au cinéma. Grâce au film, les spectateurs entendront pour la première fois cette langue avikam dont il reste aujourd'hui à peine 30 000 locuteurs. Car l'aspect poignant du film réside aussi dans son caractère documentaire, après six mois de tournage.

" La frontière entre documentaire et fiction est très poreuse. En tant qu'auteur, je travaille avec des outils de cinéma qui sont un peu les mêmes dans le documentaire et la fiction: on a besoin d'empathie, de compréhension, de personnages qui font véhiculer des émotions. Tout le film est écrit à plusieurs mains, avec les gens du village qui, en me racontant leurs anecdotes et leurs expériences de vie, m'ont permis de tisser une histoire autour d'un personnage unique. Et la fiction de ce film est d'avoir choisi une héroïne et de l'avoir choisie comme porte-parole de tous les problèmes de ce village. Finalement, tout ce qu'on voit dans le film est vrai. "

Son incroyable capacité à rendre visible notre destin commun, en se mettant parfaitement à la place des autres et à nous faire ressentir ce qu'ils ressentent, trouve probablement ses racines dans sa propre histoire. Né en Bulgarie, adopté en France, formé en Belgique, Simon Gillard parcourt depuis une dizaine d'années l'Afrique de l'Ouest. Avec sa petite caméra, il a partagé la vie des Peuls, le quotidien des ouvriers dans une mine d'or artisanal au Burkina Faso, accompagné des enfants au Mali : " Leur besoin d'exister aux yeux des autres me donne du courage de faire un film. " Pas étonnant que cet amoureux d'un cinéma au long cours a élargi son cercle familial aussi en rajoutant à son nom de famille Gillard le nom d'honneur et d'intégration " Coulibaly ". Avec Aya, son premier long métrage, Simon Coulibaly Gillard fait honneur au cinéma.

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