Sénégal: "La coexistence entre les religions se vit au quotidien"

Rome — " Nous travaillons pour promouvoir l'esprit de dialogue ", déclare à l'Agence Fides Mgr Paul Abel Mamba, évêque de Tambacounda et vice-président de la Conférence épiscopale du Sénégal, de la Mauritanie, du Cap-Vert et de la Guinée-Bissau, en visite ad limina à Rome. Dans l'interview accordée à l'Agence Fides, Mgr Mamba souligne l'importance des relations quotidiennes pour permettre aux personnes de différentes confessions de vivre ensemble pacifiquement.

"Le Sénégal est un pays à forte majorité islamique", souligne l'évêque. "Nous nous efforçons de promouvoir l'esprit de dialogue dans la vie quotidienne, que nous partageons avec nos frères de confession islamique. Il n'est pas rare de voir des familles dans lesquelles coexistent différentes confessions ; les membres qui adhèrent à la foi traditionnelle côtoient les musulmans et les chrétiens. Dans ce contexte, nous partageons la vie quotidienne, ainsi que les fêtes et les deuils".

Dans ce contexte, les confréries religieuses musulmanes, porteuses d'une vision de l'islam pacifique, revêtent une grande importance. Comme le dit Mgr Mamba, "la particularité de l'islam sénégalais est le rôle fondamental assumé par les confréries islamiques, ce qui a permis à la religion islamique de s'inculturer dans la tradition locale. Les chefs religieux musulmans, qui ont connu l'islam de l'extérieur, l'ont adapté à la réalité sénégalaise". Ceci, poursuit l'évêque, a permis de résister aux influences et aux interférences de nature fondamentaliste ou même djihadiste provenant de l'étranger. Les chefs religieux musulmans travaillent de concert avec l'État pour maintenir la cohésion entre les différentes confréries islamiques, afin d'éviter qu'elles ne soient influencées par des tendances extrêmes venues de l'extérieur du Sénégal, qui peuvent semer la division ou la violence".

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Cet engagement est d'autant plus urgent que, comme le souligne Mgr Mamba, "notre pays est frontalier du Mali où plusieurs groupes djihadistes sont actifs. Nous faisons tous très attention à ce que notre population ne soit pas contaminée par cet "esprit djihadiste et violent".

Avant d'être nommé évêque de Tambacounda, Mgr Mamba a été pendant 10 ans évêque de Ziguinchor, la capitale de la Casamance, où un conflit séparatiste mené par le Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) se poursuit depuis 1982.

"Le conflit en Casamance est en voie de résolution", affirme Mgr Mamba. "Il y a trois mois, l'État sénégalais et les séparatistes ont conclu un accord de paix. Nous sommes convaincus que ces accords tiendront, même s'ils ne font pas l'unanimité au sein du mouvement séparatiste. Au cours de mes 10 années en tant qu'évêque de Ziguinchor, j'ai travaillé dur pour la paix entre l'État et le mouvement et je crois que la paix est maintenant possible". L'accord auquel Mgr Mamba fait référence a été signé le 4 août à Bissau entre le gouvernement du Sénégal et le soi-disant "Comité provisoire des ailes politiques et combattantes du MfDC" (une faction du MFDC).

Toutefois, la crise économique provoquée par la pandémie, aggravée par la guerre en Ukraine qui a fait exploser les prix des produits de base, doit être considérée dans ce contexte positif. "L'État offre des subventions pour faire baisser les prix, mais malheureusement elles ne sont pas toujours suffisantes pour répondre aux besoins de la population", conclut l'évêque.

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